Pour un nouveau monde, un autre chemin |
Construire le rapport de forces | |
1- Depuis Porto Alegre, la nouvelle donneLe Forum Social Mondial s’est imposé, en peu de temps, comme un événement fondateur
dans la vie politique internationale. Sa réussite principale est d’avoir montré qu’un nombre
croissant d’hommes et de femmes contestaient le cours des choses et refusaient de se
résigner devant la fatalité libérale. « Un autre monde est possible » : il y a quelques années encore, cette affirmation aurait à peine provoqué un haussement d’épaules méprisant des maîtres de la planète. Aujourd’hui, la droite elle-même se sent obligée d’envoyer des représentants au Brésil où des milliers d’ateliers débattent du partage des fruits de la croissance, du commerce équitable, de la démocratie participative. Porto Alegre est riche d’avenir. Les travaux du forum dessinent, progressivement, les contours d’une utopie réaliste, un « monde nouveau » auquel les peuples aspirent, à l’opposé du monde brutal et impitoyable que génère le néo-libéralisme. Nous devons prendre acte de la vitalité politique de ce mouvement, cent fois plus fécond et dynamique que la machine enrayée qu’est devenue l’Internationale Socialiste. Porto Alegre a ringardisé Davos, perçu désormais comme un colloque fatigué réunissant un cercle étriqué d’élites inquiètes. Qu’il est loin le temps où les « modernes » de droite comme de gauche (on ne citera personne !) se précipitaient dans la station suisse ! La réussite de Porto Alegre a marqué le retour de la gauche sur la scène mondiale aux lendemains de la chute du mur de Berlin. Le mouvement socialiste en avait été incapable. Le Parti socialiste ne doit pas rester spectateur du mouvement alter-mondialiste. Il doit d’abord participer à son succès. Mais il doit aussi l’écouter. A ces conditions il pourra aussi s’y faire entendre et ouvrir le dialogue avec lui. Il ne s’agit pas de faire un petit tour devant les caméras et de repartir aussi vite. C’est dans la durée que les socialistes doivent s’investir. A la fois pour populariser nos idéaux et nos propositions, mais aussi pour nous inspirer des idées nouvelles qui émergent. Ne gâchons pas cette chance historique de construire, avec tous les mouvements et associations présents dans les forums sociaux, les fondements d’un internationalisme ressourcé. C’est pourquoi notre participation en tant que mouvement politique au prochain forum social européen et au prochain forum mondial doit faire l’objet d’une discussion collective et d’un plan d’action adopté en Conseil national du Parti. 2- Après la guerre : politiser l’Internationale Socialiste, démocratiser le PSENotre combat s’inscrit également dans les organes internationaux traditionnels de la social-démocratie.
L’Internationale Socialiste manque de cohérence politique et rassemble en son sein des cultures dorénavant si diverses qu’elles sont devenues souvent totalement contradictoires. La moindre prise de position claire à l’échelle internationale est devenue quasiment impossible. A quoi sert l’I.S. si elle n’est même pas capable de mobiliser l’opinion
contre la guerre en Irak ? Si elle est muette sur la taxe Tobin ? A quoi sert–elle si elle est
juste capable de rédiger des motions sur le respect des droits de l’Homme moins pugnaces
que celles de la commission de l’ONU ? C’est donc à nous de réintroduire au sein de cette
instance poussive les débats qui lui rendront un minimum d’existence politique. Nous
réclamons le droit à des regroupements transnationaux de militants autorisés a s’exprimer
comme tel et à faire des propositions collectives aux instances de l’internationale. De même, le Parti des socialistes européens reste un simple lieu d’échange et de rencontre, une sorte de conférence inter parti ou toute prise de position claire est quasiment impossible. Le président y est désigné par acclamation et les militants sont totalement absents des instances de débat, totalement écartés des cercles de décision. Nous ne pouvons plus laisser durer une telle situation. Dans le moment que nous vivons, il est impossible de construire notre Europe sans que le principal outil politique des socialistes européens s’organise sur des bases claires et démocratiques. Il est insupportable que certains dirigeants socialistes européens signent des textes avec les dirigeants les plus réactionnaires d’Europe comme Aznar ou Berlusconi, et que la direction du PSE n’y trouve rien à redire. Nous ne pouvons pas de manière crédible demander la démocratisation de l’Union européenne sans d’abord démocratiser notre propre structure politique. Un parti démocratique, c’est un parti de militants : un parti où les militants peuvent peser sur l’orientation politique, un parti où les militants peuvent porter des revendications communes en menant des campagnes européennes, un parti où les militants peuvent donner une légitimité à leurs dirigeants en les désignant par un vote. Des courants d’idées transnationaux doivent être reconnus au sein du PSE et avoir le droit de déposer des textes aux congrès. C’est dans cet esprit que nous avons créé, avec d’autres, le club de la République sociale européenne qui regroupe ceux qui, dans les partis membres du PSE, militent pour une orientation plus conforme à l’idéal socialiste. Enfin, le secrétariat national doit mettre en oeuvre une politique ambitieuse de jumelage entre les sections, voire les fédérations de notre parti et celles des partis frères du PSE. 3- L’Union des gauches : la stratégie gagnante1) L'union absolumentA chacune des étapes de son histoire, la gauche s’est trouvée confrontée à la question
majeure de son unité. La division c’est toujours l’impuissance pour la gauche. C’est seulement lorsqu’elle est unie que la Gauche est en mesure de mobiliser la société autour d’un projet alternatif et d’accéder au pouvoir. Or l’union de la gauche est une question politique que l’on ne peut pas résoudre par des accords d’appareils à la veille d’une élection. D’abord parce que la gauche a besoin d’un projet partagé pour se rassembler, un projet qui fasse culture commune. De ce point de vue les débats de notre Congrès auront des conséquences décisives pour l’avenir : il n’y a pas, à l’évidence, d’union possible de la gauche autour d’une ligne sociale-libérale. Ni les Verts ni les Communistes ni la gauche des mouvements ne s’engageront avec nous si notre projet ne marque pas un certain nombre de ruptures avec la logique marchande responsable du creusement des inégalités et du désastre environnemental. Ensuite parce que l’union de la gauche se construit dès maintenant : les forces qui la composent sont engagées dans une réflexion profonde sur leur identité et leur stratégie et l’urgence est à l’action commune contre la politique de la droite. C’est maintenant qu’il faut empêcher le piège mortel pour la gauche qui se met en place : son éclatement entre un pôle de radicalité confiné dans le registre de la contestation et un pôle de centre gauche confiné dans celui de la gestion. Dans notre propre parti c’est déjà le scénario que certains veulent imposer ! Accepter un tel partage des rôles entérinerait le retour de toute la gauche dans la division qui a permis la domination de la droite sur notre pays pendant 23 ans. On connaît la suite : faute d’accord à gauche, on lorgnerait vite, comme dans d’autres pays, vers le centre. C’est à dire vers la droite. 2) L'union clairementLes arrangements électoraux de dernière minute, sans programme commun, sans
engagements partagés, n’entraînent pas de dynamique. La gauche plurielle a ainsi souffert
lourdement de l’absence de contrat de gouvernement. Combien de villes nous ont déjà
coûté, lors des dernières municipales, les mauvais reports de voix et l’affaiblissement de la
discipline républicaine et de la culture unitaire, malgré les consignes des états-majors ? La nouvelle union de la gauche devra se réaliser sur une ligne claire et avec un vrai contrat de gouvernement. Il n’y aura pas de reconquête si nous ne disons pas clairement ce que nous voulons faire et avec qui nous voulons le faire. 3) L'union globalementNotre stratégie doit être le rassemblement de tous ceux qui souhaitent une rupture avec le
néolibéralisme. Il s’agit non seulement de construire une alliance électorale, mais plus encore
de l’articuler avec une stratégie de mobilisation de la société et d’implication citoyenne. Il
s’agit certes de réaliser l'union des partis de gauche, mais surtout de le faire en lien avec la
dynamique des mouvements sociaux. L’orientation actuelle de notre Parti Socialiste nous a
éloignés, voire coupés d’un grand nombre de forces dynamiques de la gauche, en particulier
du mouvement ascendant de contestation de la mondialisation libérale. Or pour nous, le
combat commun de la gauche politique et de la gauche sociale est une condition de la
reconquête politique et de la transformation sociale. Les socialistes doivent donc agir
pour rendre possible le rassemblement dans un projet et une pratique commune
de tous ceux qui agissent contre la mondialisation libérale.
4) L’union autrementL’union au sommet, telle qu’elle se pratique souvent, exclut les militants des partis et les
citoyens qui se reconnaissent dans les valeurs de la gauche sans être adhérents d’un parti
politique. La dynamique de l’union, certes nourrie par les initiatives au sommet, doit
s’appuyer en même temps sur l’initiative et la pratique participative à la base. C’est aussi localement, dans les villes et les cantons de France, qu’elle doit se réaliser, non seulement en périodes électorales mais peut-être davantage en dehors d’elles, au quotidien. Les sections ou fédérations socialistes qui prennent des initiatives en ce sens (assemblées
unitaires de circonscription, rencontres de toutes les forces de gauche au niveau local,
initiatives communes) rencontrent un succès révélateur. N’en doutons pas : il existe une
forte disponibilité militante chez une partie du peuple de gauche, qui ne s’investit pas
aujourd’hui, faute de démarche unitaire et ouverte. Mais pour promouvoir cette stratégie unitaire, pour la faire vivre, il faut un parti qui renoue avec les pratiques militantes, un parti d’actions politiques tourné vers les mobilisations citoyennes. 4- Un parti socialiste pour l’action1) Tirer les leçons des années 1997-2002Le Parti socialiste est un parti de gouvernement et d’élus, mais ce n’est pas un parti de
masse. Il ne peut se prévaloir ni du nombre de ses militants (faible), ni de ses liens
(distants) avec le mouvement social, et en particulier avec les syndicats. De ces faiblesses
structurelles découle une certaine pratique du pouvoir : il n’existe, quand le parti est au
gouvernement, aucun contre-pouvoir militant, aucune capacité d’initiative autonome. De
plus, la conversion de la majorité des dirigeants socialistes aux institutions de la Vème
République (l’inversion du calendrier électoral en témoigne, s’il en était besoin) a renforcé la
tendance naturelle à l’alignement pur et simple de la direction du parti et des élus sur les
positions du gouvernement. Ce fonctionnement a l’apparence de l’efficacité. Mais il contribue
au décrochage entre la sphère dirigeante et la société. On ne peut ainsi que constater
l’incapacité du parti à déchiffrer les « signaux d’alarme ». Ils se sont pourtant accumulés
pendant la législature de gauche ! Le PS au gouvernement, de 1997 à 2002, a reproduit, une fois de plus et en pire, les travers dont il avait juré de se défaire après 1993. Parti discret, groupe parlementaire au garde à vous, éloignement des gouvernants, absence de recul critique, croyance aveugle dans les sondages. A aucun moment en cinq ans la direction du Parti n’a consulté les militants sur quelque sujet de fond que ce soit. Jamais elle n’a proposé la moindre mobilisation autonome pour faire avancer une idée nouvelle dans la société. Quand au groupe parlementaire, il a subi la loi d’airain des cabinets ministériels plus technicisés que jamais. Cela s’est payé cher à l’heure des urnes ! Exemple : la proposition de donner le droit de partir à la retraite avant soixante ans pour ceux qui ont cotisé pendant 40 ans. La mesure concernait 850 000 personnes. Aujourd’hui les dirigeants socialistes qui s’y opposaient hier s’en réclament. Adoptée quand elle a été proposée (à l’automne 2001 !) elle aurait peut-être pesé sur le vote de quelques-uns des 180 000 électeurs qui nous ont manqué le 21 avril… Pouvons nous faire mieux la prochaine fois, si nous sommes capables de convaincre de nouveau une majorité de français de voter à gauche ? Alors pensons y maintenant. 2) La consultation régulière des militants sur les grandes orientations gouvernementalesCe serait un progrès civique important. On nous objectera que ce n’est pas au Parti de
« dicter » sa politique au gouvernement. Ce vocabulaire est inadmissible ! Il est légitime que
le collectif de ceux qui font les programmes du parti, les mobilisations qui produisent les
victoires, et l’action de soutien au gouvernement exprime son avis. Cette expression
complète la démocratie, elle ne la spolie pas ! Les votes indicatifs du parti sur des grandes
réformes motiveraient l’action de soutien ensuite. Mais ils seraient aussi un système d’alerte
et de veille efficace pour éclairer les actions gouvernementales. La consultation des
adhérents sur la baisse de l’impôt sur le revenu ou sur l’ouverture du capital des
entreprises publiques aurait sûrement permis de constater le scepticisme
généralisé de la base à l’égard de ces mesures. Les certitudes de quelques uns auraient
sans doute été ébranlées… De manière plus générale, il faut que les militants soient associés à l’exercice du pouvoir à tous les échelons. La consultation des adhérents sur le budget communal ou départemental est aujourd’hui l’exception. Faisons-en une règle. Il ne s’agit évidemment pas de se substituer aux électeurs. Mais que les élus issus de nos rangs défendent et expliquent leur action à leurs camarades constitue une action de préparation collective au moins aussi précieuse que les réunions publiques institutionnelles que les élus socialistes, à juste titre, ont le plus souvent à cœur d’organiser. 3) Un parti plus démocratiqueColloques, conventions, congrès : en apparence, les occasions de débattre ne manquent pas
au PS. Reste que, sur bien des points, des améliorations sont souhaitables pour renforcer la
démocratie dans le parti. Débats et bla-bla ne doivent pas être confondus ! Le droit plein et entier à l'amendement Donner la parole aux militants : chacun répète à l’envi que c’est là son objectif. Concrètement, cela passe par la capacité donnée aux adhérents de participer vraiment à l’élaboration des textes de notre parti. L’expérience de ces dernières années a montré que ce n’était pas le cas. Ainsi, à l’occasion des dernières conventions du Parti, le droit à l’amendement a été sévèrement restreint. La direction a avancé l’idée selon laquelle un amendement devait être « compatible » avec le texte auquel il se rapporte. Elle s’est autoproclamée seule juge de cette « compatibilité » ! Pour justifier cette décision, certains arguent de l’immaturité supposée du militant de base, prompt à voter n’importe quel texte « maximaliste ». Il faut rompre avec cette pratique scandaleuse, méprisante pour les socialistes du terrain, véritable dévoiement de la pratique démocratique. Au congrès de Dijon, il faut réaffirmer dans nos statuts le respect du droit plein et entier à l’amendement. Du débat à la décision Il ne suffit pas de débattre et d’échanger des points de vue. Il importe que des décisions collectives claires soient prises, et que leur application fasse l’objet d’un contrôle régulier. Toutes les structures du parti devraient prévoir des plans d’action et de développement. Toutes devraient apprécier par un débat sérieux et un vote les rapports d’activité desdites structures. Cela vaut notamment pour le Conseil national. Nous avons pu le vérifier pendant la législature : le parlement du Parti est à l’image de l’Assemblée de la Vème République ! Au mieux, une tribune pour les leaders des différentes sensibilités. Au pire, une chambre d’enregistrement. Le tout dure 3 heures… Il est temps de redonner une place centrale aux travaux de notre conseil national, véritable instance de décision de notre parti. Nous pouvons notamment instituer des commissions permanentes de travail du CN. Ces commissions, qui siègent indépendamment des réunions du CN préparent les débats et décisions du CN dans leur champ de compétences. Tous les membres du CN doivent siéger dans une commission de travail. Le conseil national tranche par des votes les orientations. Le maintien de la proportionnelle du Parti À rebours des tenants du centralisme démocratique, nous avons fait du respect de la diversité et de l’expression de la pluralité des opinions une règle de fonctionnement de notre parti. C’est la raison pour laquelle nous récusons les propositions visant, au nom de la « démocratie militante », à élargir le principe du vote à la majorité. Le vote à la proportionnelle est en effet seul à même de représenter les militants du Parti dans leur diversité, et de concentrer le débat sur les orientations politiques. Car avant d’habiter Brest ou Marseille, un militant socialiste s’engage d’abord autour d’un certain nombre de convictions, de propositions et d’analyses qu’il souhaite voir entendue dans son parti. Une nouvelle représentation des militants dans les instances nationales, censée mieux prendre en compte la réalité des fédérations, n’aboutirait en fait qu’à étouffer un peu plus les diverses cultures socialistes et le débat sur les idées. Cette proposition repose par ailleurs sur une erreur d’analyse. Ce n’est pas l’existence des courants qui limite la démocratie dans le parti, mais plutôt leur fonctionnement, lorsqu’ils vivent sur un principe de cooptation par le haut alors que nos statuts prévoient clairement que les responsables du PS, au sein de chaque motion, doivent être désignés par la base. Ce sont ces deux exigences qu’il faut concilier en faisant élire les membres du CN au niveau du département ou des régions par les membres des motions. Rompre avec la personnalisation des responsabilités La logique de la Vème République, on l’a dit, a largement pénétré les esprits socialistes. En témoignent les règles de désignation des premiers secrétaires (national, fédéraux, dans les sections) au suffrage universel, sans référence à l’orientation politique à laquelle ils se rapportent. Poussé à l’absurde, le système aboutit au maintien des mêmes responsables pour assumer des orientations différentes. La dépolitisation est le pire ennemi de la gauche. Nous ne répondrons donc pas aux difficultés du PS en aggravant ce phénomène en son sein. Il faut remettre au contraire de la politique dans un système qui en manque cruellement. 4) Un parti militantDans l’opposition comme au pouvoir, il faut réaffirmer le rôle irremplaçable des militants socialistes. Encore faut-il se donner les moyens de construire durablement un parti militant. Un parti militant est un mouvement d’éducation populaire Le parti doit transmettre sa mémoire, son expérience et donner à ses adhérents la formation obligatoire sans laquelle ceux-ci ne peuvent ni intervenir ni agir librement dans le parti et dans la société pour le service de leurs idées. Dès lors, nous devons mettre en œuvre une politique ambitieuse de formation des militants. Elle doit être méthodiquement organisée. Actuellement, aucune action sérieuse n'est prévue pour faire connaître et assimiler l'histoire de notre mouvement, les principaux textes qui le régissent, les conclusions des analyses de nos conventions et textes de congrès et, par exemple, notre critique des caractéristiques du capitalisme de notre époque. Un parti militant est un parti d’action et de mobilisation La discussion interne et les campagnes électorales ne peuvent être l’horizon indépassable de l’activité de parti. L’action, la mobilisation sur des objectifs politiques et civiques entre deux élections, la participation argumentée aux mobilisations du mouvement social, élargissent l’audience de nos idées et de nos valeurs, mais aussi notre éducation et notre expérience politique. Notre présence dans ces mobilisations doit faire l’objet d’un travail sérieux. Il ne suffit pas de signer un appel ou d’improviser un cortège en dernière minute pour que les socialistes prennent toute leur place au sein du mouvement social. Un parti militant est un parti ancré dans la société Ce qui fonde le socialisme, c'est aussi le refus de séparer le politique, l'économique et le social. N'ayons donc pas peur de renforcer les relations entre Parti et syndicats ! De même, le mouvement associatif, très vivant et dans lequel beaucoup de nos militants sont engagés, tend à s'éloigner de plus en plus de la politique. On peut comprendre les raisons de cette méfiance. On ne doit pas pour autant renoncer à combler ce fossé entre le Parti et le mouvement associatif. Le PS ne peut ignorer les revendications qu'il relaie. Elles sont aussi celles du peuple de gauche. Dans cet esprit, outre la revalorisation nécessaire du secteur entreprises, il serait bon de retenir à nouveau la formule du " quart sociétal " qui siégeait avant le congrès de Brest au Conseil national du Parti, avec plein pouvoir de vote sur toutes les questions d'orientation politique, et qui réunissait des membres issus du mouvement syndical et associatif choisis ès qualité. A l’issue de ce congrès, il serait indispensable que le parti se dote d’un vrai programme d’action pour les trois ans à venir comme cela se fait déjà dans nombre de fédérations. L’article 6.7 de nos statuts qui prévoit que « la convention nationale du Parti est réunie deux fois l’an sur un thème de discussion, fixé par le Conseil national ». Il doit être réellement utilisé pour permettre à tous les militants de débattre et de voter sur les sujets qui sont au coeur de notre orientation et, le moment venu, de notre projet. Par exemple, nous souhaitons que le programme politique que nous proposerons aux citoyens lors des élections au Parlement européen en juin 2004 fasse dés septembre-octobre 2003 l’objet d’une convention thématique. Cela nous permettra d’élaborer collectivement notre programme électoral et de peser ainsi dans les débats sur la plateforme du PSE. D’autres thèmes peuvent être soumis à la réflexion des militants : le développement durable, la lutte contre les inégalités, la sécurité dans la vie, l’éducation. Dès le mois de juin 2003, nous proposons que le CN du parti se réunisse pour débattre et voter sur les travaux de la Convention sur les institutions européennes. Notons qu’une telle session du CN aurait dû avoir lieu en janvier 2002, avant le début des travaux de la Convention : le parti aurait ainsi pu élaborer la « feuille de route » des socialistes qui y siégeaient. En septembre 2003, nous proposons enfin que le CN mette à l’ordre du jour la préparation du Forum Social Européen de Paris Saint-Denis, dans lequel le parti doit s’investir réellement. |
Un autre chemin | |
Chacun le ressent : le congrès de mai prochain ne sera pas un congrès comme les autres. Après le 21 avril, l’heure n’est ni aux petits arrangements ni aux synthèses bancales. Pour regagner la confiance de nos électeurs comme pour s’opposer efficacement à la droite, il faut un congrès de clarification politique. Cette conviction motive la création et la démarche de Nouveau Monde depuis l’ouverture du débat militant. Ce qui se joue à Dijon, c’est d’abord une certaine idée de la gauche. A l’heure où les peuples se réveillent, où la contestation de la mondialisation libérale s’amplifier, la gauche ne peut se contenter d’être une « spectatrice engagée ». Le mouvement socialiste, et singulièrement le PS français, doit être partie prenante de cette mobilisation pour le dépassement du capitalisme et la construction d’un autre monde, sur des bases clairement anti-libérales, avec un réformisme radical dynamique. Ce qui se joue à Dijon, c’est aussi une certaine idée du Parti et de son rôle dans la société. La majorité sortante, au-delà des déclarations de congrès qui n’abusent personne, entend faire du PS le parti de l’alternance tranquille, vouée à la gestion de court terme et au réformisme d’accompagnement qui n’est le plus souvent que l’adaptation aux exigences du néo-libéralisme. Nous contestons ce choix. Nous proposons au contraire de reconstruire, avec tous ceux qui le souhaitent, un véritable projet alternatif autour des valeurs qui sont les nôtres, impliquant une véritable transformation sociale et susceptible de rassembler toute la gauche. Aux indécis ou aux résignés à qui l’on explique que tout est joué d’avance, nous disons qu’il n’y a pas de fatalité. Il n’y a ni majorité de droit divin, ni résignation obligatoire, ni déclin insurmontable, ni condamnation au social-libéralisme d’accompagnement. Mais il y a bien deux lignes : celle d’un socialisme renouvelé capable de répondre aux défis de l’avenir et celle du social-libéralisme d’accompagnement qui a déjà été lourdement sanctionné par nos concitoyens. Les champions de la continuité dans la continuité n’ont pas pris la mesure de notre double défaite du printemps dernier. Bien que « touchés-coulés », ils proposent de garder le même cap et le même équipage. Ce serait une grave erreur. C’est pourquoi, pour le parti et ses militants, pour le peuple de gauche, nous proposons un autre chemin. |
[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens] | ||