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II – Agir à l'échelle de l'Europe et du monde
La mondialisation libérale lance aux socialistes deux grands défis : le premier est de mettre en œuvre le nouvel internationalisme. Il doit être fondé sur la régulation, le co-développement et l’impératif écologique. Le second est d’édifier cette " Europe puissance " sans laquelle nos pays pourraient devenir des enjeux et non plus des acteurs de l’Histoire.
1°/ Une Europe au service de la croissance et de l’emploi
L’Europe est à la fois un acteur et un terrain privilégié du combat pour de nouvelles régulations économiques. L’avènement de l’Euro traduit, de ce point de vue, un choix politique majeur. Le partage de la souveraineté monétaire ne couronne en effet pas simplement le processus d’intégration économique et financier initié par les pères fondateurs de l’Europe ; il met aussi fin aux attaques spéculatives des marchés contre les diverses monnaies européennes, il libère les gouvernements nationaux de l’obsession permanente des taux de change intra-européens. Naturellement, ces marges de manœuvre pour un " nouveau keynésiannisme " à l’échelle européenne resteront théoriques si la volonté politique de les utiliser fait défaut. Cet enjeu renvoie à la nécessité impérieuse d’une meilleure coordination des politiques économiques. Reprenant la proposition que nous avions formulée lors de la campagne des élections européennes de 1999, nous demandons que soient inscrits dans le statut de la Banque Centrale Européenne les objectifs de croissance et de création d’emplois, au même titre que la stabilité des prix. La BCE ne saurait être indépendante des besoins de l’économie et des peuples. C’est pourquoi, les socialistes français continueront de militer pour que l’Euro-groupe acquière un véritable statut dans le système institutionnel communautaire. Il pourrait prendre la forme d’une coopération renforcée –formule que la Conférence intergouvernementale en cours vise notamment à améliorer. Responsables du taux de change de l’Euro, les autorités politiques, issues du suffrage universel, doivent pouvoir donner également leur avis, au cours d’un échange constructif, sur la politique des taux d’intérêt menées par la BCE. Une politique économique et sociale européenne au service de la croissance, de l’emploi et du progrès social va naturellement au-delà d’une gestion macro-économique efficace et avisée de l’Union et de la " zone Euro ". Nous devons tout mettre en œuvre pour faire avancer un projet européen progressiste –économique, social, environnemental, culturel etc… notamment en soutenant les propositions suivantes : Décider, à l’échelle de l’Union, d’un plan d’harmonisation de la fiscalité sur les revenus du capital et les bénéfices des sociétés, éradiquer les paradis fiscaux de l’Union ;
Définir une véritable politique industrielle européenne, forger et faire reconnaître une conception européenne des services publics, à rebours de la tendance de la Commission européenne à s’enfermer dans la seule surveillance des règles de la concurrence ;
Fixer des critères de convergence pour l’emploi engageant les Etats, favoriser la négociation entre partenaires sociaux européens, en particulier en cas de restructurations et de fusions, et en vue de conventions collectives européennes ;
Négocier un traité social européen de même portée que les textes économiques et monétaires, qui comprenne des critères et un calendrier de convergence social, instaurer un salaire minimum européen, réduire la durée du travail en Europe ;
Renforcer la protection du consommateur, notamment en créant une agence européenne de l’alimentation.
C’est un combat que nous devrons mener pendant et après la Présidence française de l’Union européenne.
2°/ Une Europe politique
Les socialistes n’ont pas ménagé leurs efforts pour favoriser la mise en place d’une Europe plus sociale, plus solidaire, plus proche des besoins des peuples. Aujourd’hui, la création de l'Euro constitue un tournant historique. Tout en couronnant quatre décennies d'intégration économique et monétaire, il permet d'envisager la conduite de nouvelles politiques de croissance en Europe. Dans le même temps, la perspective, désormais incontournable, de l'élargissement impose une réforme des institutions. A tous égards, le temps de l'Europe politique est donc clairement venu. Au moment où s'ouvre notre Congrès, la France préside aux destinées de l'Union. Les priorités de la présidence française s'inscrivent précisément dans le droit chemin de cet engagement pour une Europe plus politique, une Europe plus démocratique et citoyenne, avec la volonté de mener à bien la réforme des institutions pour éviter la paralysie qui menace déjà et risque d'être aggravée avec l'élargissement. Dans l'immédiat, un fonctionnement plus efficace et plus démocratique des institutions européennes passe par une généralisation du vote à la majorité qualifiée et du processus de co-décision associant pleinement le Parlement européen, par une nouvelle pondération des voix au sein du conseil tenant mieux compte du poids démographique de chaque Etat, par une Commission plus resserrée, avec un président appartenant à la majorité politique issue des élections européennes, ou encore par le développement des coopérations renforcées permettant aux Etats qui le souhaitent d'aller plus vite et plus loin. Il passe aussi par l'adoption d'une Charte des droits fondamentaux dotée d'une portée à la fois politique et juridique, s'intégrant en préambule dans les traités. La perspective d'une Europe à 25 ou à 30 oblige à trouver de nouvelles voies pour approfondir l'intégration politique. Nous nous reconnaissons, de ce point de vue, dans la notion " d'avant-garde " de nature fédérale, regroupant les pays prêts à mettre en commun dès aujourd'hui de nouveaux champs de compétence. Respectueuse de l'identité de l'Union comme du processus d'élargissement, cette solution serait la plus soucieuse des intérêts des Etats membres qui ne veulent ou ne peuvent tous avancer au même rythme. L'idée de " fédération d'Etats-nation ", défendue par le Parti socialiste, demeure de ce point de vue particulièrement pertinente dans le débat actuel sur l'avenir de l'Europe politique. Elle constitue une réponse équilibrée, à la fois ambitieuse et réaliste, au défi qui nous est aujourd'hui posé. Refusant les impasses d'un souverainisme nostalgique, le projet de " fédération d'Etats-nation " assume clairement la part importante de fédéralisme à introduire aujourd'hui dans la construction européenne, à travers la mise en commun de nouvelles compétences, l'extension du vote à la majorité qualifiée, l'approfondissement de la démocratie européenne. Il n'ignore pas pour autant la légitimité des vieilles nations, espaces toujours vivants de démocratie et de solidarités, supports d'une précieuse diversité culturelle, qui interdit d'envisager sérieusement l'instauration prématurée d'une sorte d'Etat-nation européen, reproduisant à l'identique les institutions qui existent dans chacun de nos pays. Cela ne doit cependant pas nous empêcher de mettre en œuvre un espace européen qui protège l’ensemble des citoyens, leur garantit leurs libertés et permet une lutte efficace contre la délinquance financière. La construction d’un espace judiciaire européen est l’un des chantiers majeurs des années à venir. Loin d'opposer citoyenneté européenne et citoyenneté nationale, nous proposons ainsi au contraire d'assurer leur complémentarité dans une vision dynamique de la construction européenne. Dans le respect de l'identité de chacun, nous devons aujourd'hui travailler au renforcement d'un " vouloir vivre ensemble " qui offre à l'Europe la possibilité de porter ses valeurs communes et son modèle social à l'échelle du monde.
3°/ Réguler les mouvements de capitaux au plan international
Une meilleure régulation passe d’abord par une plus grande transparence des marchés des changes et des marchés financiers. Elle doit s’imposer à l’ensemble des institutions financières, qu’elles soient publiques ou privées, et se placer dans le cadre d’un important renforcement du pouvoir politique et des processus de décisions au sein du FMI. Les entrées et les sorties massives de capitaux peuvent avoir des conséquences désastreuses, notamment pour un pays émergent. Lorsqu’ils entrent trop vite, ils conduisent à un surendettement des agents nationaux, et se portent sur des projets peu rentables ou très risqués. En se retirant hâtivement, ils précipitent la chute de certains pays et la misère de la population. Il s’agit donc d’exercer une influence sur les mouvements des capitaux de court terme. Le mérite de la taxe Tobin est d’avoir ouvert le débat, son taux (0,05 %) est bien inférieur aux variations journalières des cours et surtout aux frais obligatoires perçus par les places financières. Chacun le sait pourtant, un tel outil - dont les objectifs sont éminemment justes - sera difficile à mettre en œuvre s’il ne bénéficie pas d’un large accord international, en particulier au sein de l’OCDE. A nous de mener fermement le débat dans l’Union Européenne et dans l’Internationale socialiste pour arriver à une décision appliquée au moins par les pays de l’OCDE. Dans le cas des pays émergents, l’objectif est d’agir en amont, pour empêcher les entrées massives de capitaux courts, donc en période d’euphorie et non de crise. Les dispositifs expérimentés au Chili et en Malaisie - un dépôt obligatoire à la Banque centrale d’un certain pourcentage du montant des investissements - ont fait leurs preuves. La proportion prise par les menaces d’effondrement du système financier qu’a fait peser la crise des pays émergents, puis celle d’importants fonds spéculatifs, ne laisse pas aussi de poser la question de l’institutionnalisation d’un prêteur en dernier ressort. Pour maîtriser les crises et prévenir les effets en chaîne, celui-ci - FMI ou club de banques centrales, BCE au sein de l’Union - doit pouvoir injecter les liquidités nécessaires, c’est-à-dire émettre une monnaie internationale sans les restrictions drastiques qui s’imposent actuellement aux Droits de Tirages Spéciaux du FMI. Cette préoccupation justifie également la création d’un Conseil de sécurité économique mondial, chargé de veiller à la cohérence des grandes négociations internationales, qu’elles concernent la monnaie, le commerce, l’environnement ou les normes sociales. Enfin, une action internationale résolue doit permettre de résorber ces " trous noirs " de la finance internationale qui sont les paradis bancaires et fiscaux. Leur opacité leur confère un rôle déterminant dans le fonctionnement de l’économie mondiale du crime, mais aussi dans le développement de la spéculation financière. Il revient à l’Union Européenne de militer dans les instances internationales en faveur de l’édiction de normes minimales de taxation et d’information, partout dans le monde, mais aussi, pour que cet impératif ne demeure à l’état de vœu pieux, de prendre l’initiative, en tant que grande puissance financière, de soumettre à un contrôle rigoureux et une imposition forfaitaire les mouvements de capitaux - directs ou indirects - avec ceux des pays en cause qui refusent de coopérer.
4°/ Organiser la solidarité à l’échelle du globe
Toutes les institutions internationales le constatent : les inégalités s’accentuent à l’échelle planétaire. 1,2 milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour. L’Afrique est asphyxiée par la dette et le manque d’investissements. Le sida frappe sévèrement ce continent. Des conflits meurtriers le déchirent faisant oublier des avancées démocratiques engagées au début des années 90. Un double défi doit être relevé : améliorer les conditions de vie de ces populations tout en aidant au respect des droits de l’Homme et des libertés démocratiques. La France a une responsabilité particulière. Elle doit la faire partager par ses partenaires européens. La qualité des relations avec les pays du Sud peut être un atout dans les grandes négociations mondiales, en particulier celles de l’OMC. Nous récusons les thèses libérales qui visent essentiellement le développement du seul accroissement des échanges. Nous défendons des mécanismes de régulation et des aides financières qui doivent contribuer à des transformations structurelles. Depuis 1997, le gouvernement de Lionel Jospin a marqué des inflexions importantes de la politique française en Afrique : une volonté d’ouverture à l’ensemble du continent, la fin d’un interventionnisme direct, de nouvelles initiatives spécifiques sur la dette, l’engagement d’une réforme de la coopération, dessinent un partenariat nouveau. Il faut maintenant aller plus avant en matière de relations Nord – Sud. Plusieurs propositions peuvent être faites : Annuler la dette publique des " pays pauvres " du Sud. Des engagements ont été pris, mais ils connaissent des difficultés d’application. L’Internationale Socialiste a fait de l’annulation de la dette un thème d’action que notre Parti entend porter aujourd’hui. Cette résolution du problème de la dette a pour objectif de donner aux pays pauvres endettés, les capacités d’un développement durable.
Mieux contribuer à l’établissement ou au renforcement des Etats démocratiques. C’est un objectif difficile. Il faut éviter l’ingérence. Nous pensons conforter l’exemple des commissions mixtes organisées régulièrement par les Etats d’Afrique qui établissent de véritables contrats sur la demande des Etats partenaires incluant un engagement démocratique. Il faut également faciliter l’émergence de sociétés civiles mieux structurées. Il faut parallèlement isoler les régimes dictatoriaux. Ces objectifs supposent que l’octroi des aides budgétaires soit véritablement conditionné aux progrès démocratiques.
Traduire par des accords nouveaux les problèmes de sécurité sur le continent africain. Notre approche est de renforcer les capacités africaines de maintien de la paix. Il faut privilégier des accords régionaux de sécurité qui peuvent être des cadres adaptés pour préparer des dispositifs régionaux de prévention et de gestion des conflits.
Consacrer d’ici à cinq ans 0,7 % du PIB à l’aide au développement. Il faut l’accompagner de règles contractuelles plus exigeantes entre partenaires. Il faut privilégier des projets régionaux exigeants en investissements : infrastructures lourdes de communication et de télécommunications, accès généralisé à l’eau potable et à l’énergie, préservation de l’environnement. S’il revient aux Etats d’assurer en priorité leurs fonctions de base, dans le domaine de la santé, l’Union Européenne doit s’engager de manière coordonnée dans un plan d’urgence contre le sida et le paludisme.
Promouvoir la francophonie. C’est un élément de notre politique extérieure. Mais la francophonie que si elle sait se marier à ses différents interlocuteurs et se fonder sur un bilinguisme variant au gré des espaces. Cette coopération, qui utilise les canaux universitaires et scientifiques, doit nous conduire à améliorer enfin notre politique des visas en mettant fin aux tracasseries excessives.
Engager un grand plan sanitaire pour lutter contre les grands fléaux (Sida, malaria…) notamment en Afrique.
Ces propositions visent à transformer un processus de mondialisation qui peut être un progrès mais qui exclut aujourd’hui des pays entiers du monde du partage des richesses.
5°/ Protéger la planète
Les dangers des atteintes à l’environnement pour la santé et le bien-être des hommes et pour l’avenir de la planète sont mieux connus : changements climatiques, réduction de la biodiversité, pollutions de l’air et de l’eau. Notre objectif est de concilier le développement économique, la cohésion sociale et la lutte contre les pollutions, les nuisances, la dégradation des ressources naturelles. Le développement durable est une question majeure de solidarité vis-à-vis des pays du sud, des générations futures et plus généralement des plus démunis, qui sont les plus touchés par les nuisances. C’est pourquoi, il est nécessaire de prévoir la création de nouveaux modes de régulation internationaux pour l’environnement. Nous sommes résolument favorables à la création d’une autorité mondiale de l’environnement, capable de fixer des règles cohérentes et de les faire respecter, qui peut permettre de lutter efficacement contre des phénomènes qui sont, eux aussi, planétaires. Il est, de la même façon, essentiel que la communauté internationale se donne les moyens de faire respecter les engagements pris à Kyoto en matière d’effet de serre. Les pays les plus pollueurs, en particulier les Etats-Unis, ne doivent plus pouvoir en rester à un laisser-aller qui constitue un véritable dumping environnemental. Les pays du Sud doivent avoir les moyens d’accélérer leur développement sur la base de technologies propres. La prochaine conférence de La Haye doit être l’occasion de faire une avancée importante sur ces sujets.
III – Un Parti socialiste vivant et uni
Trois ans après notre victoire de 1997, le Parti socialiste a su préserver son influence dans l'opinion publique; mais il demeure lui-même victime de l’image négative de la politique dans notre pays. Du point de vue de son fonctionnement interne, le PS a su démocratiser son organisation et s’ouvrir vers l’extérieur. Ainsi, la consultation de tous les militants est devenue plus fréquente avec la désignation, au suffrage universel des adhérents, de tous nos responsables et de tous nos candidats et avec la procédure des Conventions Nationales qui permettent de débattre collectivement, au moins une fois par an, en dehors de nos rendez-vous de Congrès. Mais, des insatisfactions demeurent : lourdeur des textes soumis au vote, inadaptation de nos règles pour l’intervention militante, disparité dans le fonctionnement des sections. De même, nous parvenons mal à renouveler les générations et à accueillir les nouveaux adhérents.
1°/ Militer autrement
Nous devons nous interroger sur nos formes de militantisme pour mieux prendre en compte la diversité des parcours, les types d’engagements souhaités et particulièrement les rythmes de vie de celles et ceux qui nous rejoignent : c’est encore trop souvent le temps des élus qui sert de référence à la vie militante alors que celle-ci est de nature bénévole. Et si nous devons continuer à élaborer et défendre un projet global, il faut l’articuler avec des actions plus concrètes, plus ciblées et plus quotidiennes.
- La parité dans les faits
Des progrès significatifs ont été accomplis dans la désignation des candidates lors des élections législatives de 1997, aux élections régionales de 1998 puis dans la loi sur la parité. Pourtant, nous sommes encore loin du compte. En l’absence de volontarisme, chacun sait que les déséquilibres ne se corrigeront pas spontanément. Ainsi, le PS doit-il poser comme principe pour les élections législatives de 2002 la présence d’au moins 40 % de candidates (contre 30 % en 1997). Les prochaines municipales donneront à de nombreuses femmes l’occasion d’une première expérience élective et aux fédérations les forces sur lesquelles s’appuyer pour présenter des candidatures de femmes aux scrutins majoritaires, et notamment aux élections cantonales.
- La diversité est une richesse
Il est de notre responsabilité de mieux représenter la diversité de notre électorat. C’est ainsi que le PS a vocation à élargir sa représentation, afin qu’elle traduise la diversité de la société. Il doit, pour ce faire, renouveler ses méthodes de communication, renforcer ses réseaux de sympathisants (pouvant participer aux débats), lever les contraintes ou les pesanteurs à l’adhésion. Les jeunes doivent aussi trouver plus naturellement leur place. Les Français d’origine étrangère, les citoyens communautaires, doivent être encouragés à la prise de responsabilité. Nos listes électorales doivent s’ouvrir pour mieux assurer la proximité avec nos concitoyens.
- Un nouveau rôle pour le secteur " entreprises "
Les " Groupes Sections Entreprises " (GSE) doivent être rénovés pour offrir aux militants un cadre où ils puissent mieux conjuguer défense de nos idées et action de terrain. Le secteur " entreprises " a, au cours de son histoire, représenté un apport constant à la réflexion et aux programmes électoraux de notre parti. Il faut aujourd’hui lui donner un rôle nouveau. Pour permettre de redéfinir et dynamiser notre secteur " entreprises ", une convention nationale " être socialiste dans le monde de l’entreprise " pourra être organisée.De la même manière, le Parti socialiste doit développer ses liens avec l’ensemble des secteurs associatif, mutualiste et coopératif, par la valorisation de la présence des militants dans ces organisations et en développant avec elles des relations étroites au niveau fédéral comme au niveau national. Le Conseil Economique Social et Culturel, constitué après le Congrès de Brest, a déjà permis de fructueuses confrontations et pourra appuyer cette ambition d’être plus présent dans tous les secteurs de la société.
- Militer sur des thèmes
Pour certains sympathisants, l’adhésion géographique n’a pas la même force que pour les militants qui vivent au rythme de leur commune ou de leur département. Pour ceux-là, nous devrions réfléchir à la création de sections thématiques susceptibles d’emporter leurs réticences et offrant un cadre à de nouvelles formes de militantisme. Ces sections, placées sous la responsabilité d’un secrétaire national et des secrétaires fédéraux au niveau départemental, pourraient contribuer à irriguer le parti de propositions nouvelles.
- Approfondir la démocratie militante grâce aux nouvelles technologies
Nous pouvons utiliser les nouvelles technologies au sein de notre Parti pour rapprocher le " National " et les fédérations. Un espace Internet commun à tous les socialistes : La formule la plus simple serait l’ouverture d’un espace qui pourrait prendre la forme d’un portail " parti socialiste " qui " porte " l’ensemble des sections et fédérations.
Ceci favoriserait une meilleure lisibilité de l’activité des socialistes à travers une adresse unique (parti socialiste) et favoriserait les échanges (notamment par la création de liens) entre les sites.
D’autres pratiques peuvent illustrer les changements qualitatifs que pourrait produire le net : La création d’une liste de diffusion permettant le débat permanent entre les secrétaires fédéraux et le national ;
Des rendez-vous réguliers avec le premier secrétaire ou les secrétaires nationaux via le net pourraient être organisés (message télévisé via une web cam) pour permettre à ces derniers de répondre en direct à tous les messages des militants ou sympathisants ;
Une meilleure diffusion de nos idées et de notre histoire : Internet peut permettre de rassembler les sources d’information et d’archives aujourd’hui disséminées et pas ou peu utilisées.
Les nouvelles formes de dialogue avec nos concitoyens : Le web va devenir plus rapidement qu’on ne le croit un instrument politique de première importance. Le parti, lors de la refonte de son site, devra adopter une position offensive et afficher tout à la fois sa force, sa diversité, sa réactivité, sa proximité avec les problèmes concrets des Français et sa capacité à engager de nouvelles formes de dialogues par le biais des nouvelles technologies (bulletin électronique, forums thématiques, questions - réponses en direct entre responsables politiques et internautes…).
- Changer le Parti Socialiste Européen
C’est aujourd’hui un cartel de chefs de parti et de gouvernement. Il doit devenir une véritable organisation avec une démocratie militante et des votes sur ses orientations. Dans le même temps, des échanges doivent être développés entre les partis du PSE au niveau des fédérations et des sections.
2°/ Un parti de débat : le nouveau rôle du Conseil national
Dans une position institutionnelle de parti majoritaire que l'on sait difficile à tenir sous la Vème République, et encore davantage en cohabitation, le PS a depuis trois ans et demi -tout en soutenant loyalement l'action du Gouvernement- continué à faire des propositions concrètes dans le cadre de ses conventions et pris toute sa part en amont des débats gouvernementaux. Certes, le Parti n’a pu - à chaque fois et sur tous les arbitrages - faire prévaloir son point de vue. Mais il a pu affirmer ses priorités et être associé aux principaux choix gouvernementaux. Pour l’essentiel d’ailleurs, notre programme de 1997 a été presque intégralement appliqué. Nous entrerons, à partir de 2001, dans une période nouvelle liée à la préparation des échéances majeures de 2002. Le rôle du Parti va s’en trouver encore renforcé. Au-delà de la désignation de nos candidats, il s’agira de préparer notre programme d’abord par un débat entre socialistes puis par une négociation avec nos partenaires de la Gauche plurielle. Entre le Congrès de Grenoble et la fin de la législature, il appartiendra au parti socialiste de définir, dans le cadre des orientations adoptées pendant le Congrès, les propositions qui seront ensuite soumises à approbation de nos concitoyens lors des élections législatives de 2002. Le temps nous est d’ores et déjà compté. Ainsi le Conseil national doit être transformé dans son fonctionnement pour devenir un véritable lieu d’élaboration collective de notre projet. Dans les prochains mois seront créées des commissions thématiques, chargées de réfléchir à nos orientations dans des secteurs déterminés et de préparer les débats de conseils nationaux. Elles devront s’appuyer sur les contributions des militants et des fédérations. A cet effet, des conférences départementales des militants et sympathisants devront se tenir pour faire de notre programme pour 2002 le fruit de la mobilisation de notre intelligence collective. A l’automne 2001, une convention nationale extraordinaire synthétisera l’ensemble de ces propositions et les soumettra au vote des militants. Alors pourra commencer le dialogue avec le pays, sur la base du contrat que nous espérons conclure avec lui pour les prochaines années.
3°/ Un parti moteur de la Gauche plurielle
Si la Droite est empoisonnée par ses contradictions, la Gauche vit comme une chance sa diversité. Nos concitoyens apprécient la pluralité au Gouvernement et dans la majorité, parce qu’ils la considèrent comme un gage d’équilibre, d’échanges et de démocratie. Au Gouvernement, le Premier ministre a su imposer un mode de délibérations différent, plus collectif et respectueux des apports de chacun pour aboutir à des décisions collégiales sur des sujets importants. C’est aussi ce qui se fait au sein du Parlement entre les différents groupes de la Gauche plurielle. Il doit en être de même dans les relations entre nos partis. Bien sûr, les difficultés, voire les divergences, ne manquent pas. Mais pourquoi ne pas voir dans ces spécificités un atout, à la condition d’aboutir à des prises de position communes ? Pourquoi nier les identités, les caricaturer au lieu d’en faire une force dans la complémentarité ? Aucun des partis qui fonde la gauche ne peut prétendre diriger seul le pays. De cette évidence électorale et de cette complémentarité, naît la nécessité du travail collectif.
Le choix de 1997 est un choix majoritaire. La Gauche plurielle se préfère utile au gouvernement plutôt qu’incantatoire dans l’opposition. Il n’est pas toujours facile de faire place à nos partenaires. Mais comment ne pas comprendre que c’est à nous, socialistes, qu’il incombe de veiller à l’équilibre et à l’harmonie de la Gauche plurielle. C’est l’intérêt de tous, et bien sûr le nôtre, et - au bout du compte - celui des Français que nous voulons représenter. La majorité plurielle n’est pas une tactique opportune sur fond de dissolution, elle est une stratégie qui doit être entretenue avec méthode : Parce qu’il est naturel et sain que les acteurs de la Gauche plurielle dialoguent de formation à formation et entre tous les partenaires rassemblés, il faut mettre en œuvre un sommet de la Gauche plurielle chaque fois que cela semble nécessaire ;
Parce que la Gauche plurielle n’est pas la seule affaire des " états majors " nationaux, ces rencontres doivent prendre la forme d’assises décentralisées ;
Parce que la Gauche plurielle a expérimenté avec succès la présentation de candidatures communes aux élections législatives de 1997 et aux régionales de 1998, nous devons nous présenter, devant les Français, unis et rassemblés sur notre bilan et sur un programme pour les élections municipales de 2001 et les législatives de 2002.
ConclusionLe Congrès de Grenoble se tient plus de trois ans après notre victoire de 1997. Dans cette période, le Gouvernement de Lionel Jospin a engagé de grandes réformes et obtenu des résultats considérables, notamment dans la lutte contre le chômage. Le Parti socialiste a été un des acteurs principaux de cette transformation du pays.
Aujourd’hui, notre tâche c’est de consolider la croissance et d’assurer la répartition de ses fruits, c’est de créer toujours plus d’emplois et de poursuivre la réduction des inégalités. Bref de changer le présent.
Mais, l’enjeu majeur de notre Congrès c’est d’engager la préparation de notre projet. Celui qui nous permettra de convaincre les Français, au-delà de l’appréciation de notre bilan, de nous accorder à nouveau leur confiance pour construire l’avenir.
Notre rendez-vous de Grenoble doit être un moment utile : pour les socialistes d’abord, qui ne doivent pas s’arrêter aux commentaires de l’actualité mais s’attacher à fixer clairement leurs priorités et leur identité ; pour la Gauche plurielle ensuite, qui doit trouver dans nos propositions la trame du contrat que nous présenterons ensemble en 2002 ; pour les Français enfin, qui doivent retrouver -dans notre conception de la politique- les éléments d’une confiance renouvelée dans la Démocratie.
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