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ors de la campagne pour les élections législatives du printemps 1997, nous avons fortement affirmé que nous nous opposions au cours libéral de la construction européenne, que nous voulions une vision politique et non technique de l'Europe, une approche dynamique et non comptable de l'Europe. Nous disions oui au passage à l'euro, mais à certaines conditions. Le gouvernement de Lionel Jospin a tenu les engagements que le Parti socialiste avait pris devant les électeurs.
Onze États membres, dont l'Italie et l'Espagne, font partie de la zone euro sur la base de critères de convergence appréciés en tendance, comme nous le souhaitions. Sur proposition française, des engagements concrets en faveur de l'emploi ont été pris et un Conseil de l'euro a été mis en place, qui devient peu à peu une enceinte privilégiée de coordination des politiques économiques. Dès son lancement, l'euro s'est affirmé comme une monnaie stable reflétant la compétitivité des économies des pays membres, inspirant confiance au reste du monde, et capable de contester la suprématie du dollar.
Mais ces résultats ne sont qu'une étape. Le succès de l'euro crée des obligations vis-à-vis du reste du monde comme à l'égard des peuples européens. Une nouvelle période s'ouvre pour la construction européenne. Les élections européennes constituent une occasion privilégiée de lutter pour l'Europe de l'emploi, de la création, des droits fondamentaux, du développement durable et de la culture ; de construire, en un mot, une Europe pour les peuples.
A) Après l'euro, pour une Europe économique et sociale
L'euro et le système monétaire international Au plan extérieur, l'Europe doit assumer ses responsabilités pour réduire l'instabilité du système monétaire et financier international. Les gouvernements français et allemand ont fait, tout récemment, des propositions communes visant, au sein du Conseil de l'euro, à surveiller l'évolution des taux de change, à appliquer des politiques cohérentes avec la position commune adoptée, à convaincre les Etats-Unis qu'il est de leur intérêt comme de celui du reste du monde de stabiliser les parités de l'euro, et du dollar et que la coopération vaut mieux que la confrontation, enfin à uvrer de concert à l'adoption de régimes de change avec les pays émergents d'Asie, d'Amérique latine et d'Europe centrale et orientale qui marient, à la fois, la flexibilité et la discipline nécessaires à leur développement.
De nouvelles priorités budgétaires L'Union européenne doit avoir les ressources suffisantes pour répondre aux espoirs que nous plaçons en elle et prendre en compte le soutien nécessaire à la croissance, à l'emploi, aux politiques structurelles et à l'élargissement.
La proportion actuelle de 1,27 % du Produit européen brut, qui n'est même pas atteinte actuellement, devra à terme être dépassée. Il faut mettre en uvre des ressources nouvelles pour financer l'investissement, notamment à travers des prêts accordés par la Banque européenne d'investissement, par le partenariat public-privé, par l'émission d'emprunts.
Pour l'emploi Le chômage a commencé à reculer dans nos pays, mais il reste plus de seize millions de femmes et d'hommes privés d'emploi et 55 millions de citoyens vivant dans des conditions précaires. Dans une approche qui doit être aussi ambitieuse qu'en matière monétaire, l'objectif majeur que l'Union européenne doit se fixer doit être une politique de retour au plein emploi attaquant le chômage par tous les moyens. Le pacte de stabilité était une condition dans la négociation du passage à l'euro. Il est une étape déjà dépassée. Les gouvernements doivent désormais privilégier un objectif d'évolution des dépenses tenant compte des différentes conjonctures économiques.
Il importe, en tout premier lieu, d'agir de concert avec nos partenaires pour promouvoir une stratégie de croissance durable qui s'appuie à la fois sur la consommation et l'investissement. En desserrant la contrainte de change, l'euro rend des marges de manuvre pour une politique monétaire active de soutien à la croissance. Dans un contexte d'inflation quasi nulle la Banque centrale européenne doit engager une baisse substantielle des taux d'intérêt. Une baisse ciblée des taux de la TVA doit également apporter une contribution à la croissance.
Dans ce nouveau contexte politique et économique, nombre de recommandations qui figuraient dans le Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l'emploi, présenté par Jacques Delors en 1993, peuvent être reprises. C'est le cas en particulier des grands travaux d'infrastructures de transport qui sont des éléments essentiels de la compétitivité de nos économies, et c'est également le cas des technologies innovantes de l'information et de la communication, et d'une politique de construction de logement social, ces secteurs étant des leviers importants de création d'emplois. Ces investissements, pour une large part, peuvent être financés par un emprunt européen ne pesant que de manière marginale sur les budgets nationaux.
Les plans nationaux pour l'emploi soumis à l'examen du Conseil doivent déboucher sur un pacte européen pour l'emploi qui fixe des critères de diminution du chômage et donne une dimension européenne à la négociation contractuelle. Pour qu'il y ait un véritable équilibre entre le pacte de stabilité et le futur pacte européen pour l'emploi, il ne faut pas se payer de mots : un strict parallélisme est nécessaire. Il faut donner la force contraignante, qu'elles n'ont pas actuellement, aux lignes directrices pour l'emploi, initiées au Conseil européen du Luxembourg de novembre 1997.
Il s'agit de prévoir des pénalités financières à l'encontre des États qui, en l'absence de circonstances particulières pouvant le justifier, ne respecteraient pas les critères de convergence définis d'un commun accord en matière d'emploi. Ces objectifs seraient, par exemple : offrir un nouveau départ à tout jeune avant 6 mois de chômage, à tout chômeur avant un an, porter le pourcentage de chômeurs en formation au niveau de la moyenne des trois États membres les plus performants.
Un " socle social " européen L'histoire de la construction européenne est intrinsèquement liée à la promotion d'un niveau élevé de protection sociale. Cet engagement solennel figure dans les traités successifs qui ont jalonné les cinquante dernières années. Les conditions politiques n'ont jamais été aussi favorables pour donner un nouvel élan aux objectifs sociaux de l'Union européenne. Les politiques de redistribution sont de la compétence principale des États nationaux, mais les fortes interdépendances qui existent entre les économies européennes demandent un effort de convergence articulé à des critères exigeants. Nous devons travailler, au niveau communautaire, à la définition d'un socle de droits sociaux fondamentaux. Nous proposons :
la négociation d'un Traité social de même portée que les traités économiques et monétaires. Il contribuera puissamment à la prise de conscience, chez tous les Européens, de l'appartenance à une communauté de valeurs, à un modèle social. Il doit imposer des critères de convergence sociale inscrits dans un calendrier contraignant et contrôlé ;
un salaire minimum européen. Nous devons nous fixer des objectifs, des étapes et un échéancier. Dans un premier temps, chaque État membre aurait l'obligation de fixer un salaire minimum. Dans un second temps, un rapprochement des différents SMIC doit être mis en uvre pour des zones qui regrouperont plusieurs pays, pour, à terme, arriver à un salaire minimum commun dont une étape pourrait être de 1000 euros pour tous ;
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un mécanisme de convergence salariale européen. Sur le modèle des bandes de fluctuation entre monnaies en vigueur à l'époque du Système monétaire européen, nous préconisons la définition de marges de variation entre salaires moyens dans les différents États membres, de façon à prévenir les risques de dumping social ;
des conventions collectives européennes, et un droit du travail européen qui comprenne, notamment des normes minimales en matière de droit de grève, de droit syndical, de droit de licenciement ;
un processus de réduction du temps de travail à travers l'Union européenne. Les modalités peuvent en être diverses, " la négociation autant que possible, la loi autant que nécessaire ". Un objectif doit néanmoins être déterminé : la réduction de la durée légale du travail vers 35 heures entre 2002 et 2005. L'Europe s'est dotée d'une durée maximale hebdomadaire de travail de référence à 48 heures. Elle doit être d'abord partout respectée. Nous pouvons proposer un calendrier pour qu'elle baisse d'une heure par an, au moins, pendant cinq ans ;
une définition des principes d'une protection sociale minimale dans tous les États de l'Union.
une politique d'égalisation des chances envers ceux qui vivent des situations de handicap ou de précarité ;
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un combat contre toutes les formes de discrimination en assurant notamment aux femmes, un accès égal à l'emploi, à l'éducation et aux responsabilités dans l'entreprise et le secteur public.
Ces propositions doivent s'accompagner d'une relance du dialogue social européen. Pour rendre régulières de véritables négociations de branche, les syndicats de salariés doivent se structurer davantage au niveau communautaire. Cela relève évidemment de l'initiative des acteurs sociaux, mais les pouvoirs politiques peuvent apporter un soutien utile. Il faut, ainsi, inclure dans le traité que nous proposons de nouveaux droits d'association, de négociation et d'action au niveau communautaire, mais aussi dans les entreprises (obligation d'information et de consultation) ; créer ou renforcer, aux niveaux sectoriel et interprofessionnel, les instances qui peuvent servir de support à un dialogue permanent entre partenaires sociaux ; poser le principe de l'initiative du législateur européen en cas de carence du dialogue social ; assurer les règles de solidarité et de non-sélectivité des risques de l'assurance maladie, notamment dans l'assurance complémentaire ; créer un statut européen pour les associations. Des objectifs mobilisateurs comme la réduction du temps de travail ou une augmentation coordonnée des salaires, sont susceptibles de rassembler les syndicats européens. Seront ainsi définies les conditions d'un véritable contrat social européen.
L'harmonisation fiscale L'intégration économique et monétaire ne peut se satisfaire de pratiques de dumping fiscal ni de législations nationales qui, du fait de la libre circulation des mouvements de capitaux, pénalisent le travail au profit du capital et de la rente. Sous l'impulsion de la France, et en dépit de la règle de l'unanimité, la situation commence à changer. Les quinze pays de l'Union ont adopté un code de conduite sur la fiscalité des entreprises. La Commission a présenté une proposition de directive sur la taxation des revenus de l'épargne des non-résidents qui est actuellement en débat au Parlement européen. Nous proposons d'aller plus loin par :
la définition d'un taux minimum de taxation des revenus de l'épargne, applicable à tous les épargnants. Il convient d'étendre cette obligation aux territoires dépendants des États membres (îles anglo-normandes etc.) et de rechercher des accords comparables avec les pays tiers de l'Union, en particulier des pays proches, pour éviter l'évasion fiscale (Suisse, Monaco etc.).
une harmonisation de l'impôt sur les bénéfices des sociétés. Il s'agit pour les États de l'Union de trouver un accord sur une directive qui harmoniserait le mode de calcul de l'assiette de cet impôt et fixerait un taux minimal.
une taxation de la consommation d'énergie polluante, qui pourrait alimenter le budget de l'Union européenne.
Il est évident que, pour cette fiscalité, le Conseil doit pouvoir prendre les décisions nécessaires à la majorité qualifiée. Il n'est plus acceptable que l'Union continue à héberger des " paradis fiscaux " du fait d'un droit de veto de certains États. Cet effort d'harmonisation doit s'accompagner d'une plus grande coopération entre services fiscaux, pour éviter, notamment le blanchiment de l'argent sale.
Les services publics Le traité d'Amsterdam érige les " services d'intérêt général " au rang des valeurs communes de l'Union, en reconnaissant leur rôle dans la promotion de sa cohésion territoriale et sociale. Il importe maintenant de lui donner une réalité concrète dans la pratique des institutions communautaires et d'inscrire le développement des services publics comme un objectif pour les pays de l'Union européenne. Les services publics non seulement ne sont pas contradictoires avec la construction européenne, mais ils contribuent à définir le modèle de civilisation que nous voulons. Nous devons continuer et prolonger le combat en faveur de la notion de service publie et de l'interprétation exigeante que nous en faisons.
Il s'agit de forger une conception européenne des services d'intérêt général pour promouvoir la cohésion sociale et territoriale au niveau de l'Union, développer les réseaux transeuropéens, élargir des moyens d'intervention pour tenir compte des bouleversements technologiques.
Pour construire une conception européenne des services publics, il faut partir non des mots ou des concepts différents employés dans les différents pays, mais des objectifs, missions, principes, obligations, droits et formes
de régulation publique. Il s'agit de rééquilibrer la logique dominante de concurrence par celle de l'intérêt général. Toute nouvelle transposition de directives soumettant un service public à la concurrence fera dans cet esprit l'objet d'un examen vigilant, comme il a été fait récemment pour la directive électricité. Cela suppose une stratégie d'alliance au plan européen, en particulier au sein du PSE, pour faire converger tous les acteurs -collectivités publiques, organisations syndicales, associations diverses- pour qu'ils fassent entendre leurs voix. Il faut amener l'Union européenne, dans le nouveau traité social, à préciser davantage ses responsabilités en matière d'organisation, de régulation et d'évaluation des services publics, tout en laissant une large part aux États et aux collectivités territoriales pour leur mise en uvre.
B) Pour les citoyens, un espace de liberté, de sécurité et de justice
L'espace judiciaire européen recouvre les sujets qui touchent à la fois aux grands principes fondamentaux, à l'éthique et à la vie quotidienne des citoyens.
La création d'un espace de liberté, de sécurité et de justice vient aujourd'hui au premier rang des priorités européennes. Il s'agit de permettre aux citoyens de délibérer sur les questions qui les préoccupent.
l'argent sale, le produit de la criminalité organisée, qui provient des trafics de drogues d'armes, d'êtres humains, et de profits de la grande délinquance financière, représente, selon les estimations d'Interpol, près de 500 milliards de dollars par an, soit l'équivalent du commerce pétrolier dans le monde. L'argent sale risque, en achetant des entreprises saines, de miner nos économies.
L'Europe doit être un espace de liberté, où les intérêts économiques ne doivent pas primer sur l'impératif de la protection des données personnelles, où les nouvelles technologies de l'information doivent être favorisées, mais accompagnées de régulations européennes. Un espace où la liberté de circulation des personnes -liberté fondamentale de l'Europe des citoyens- appelle cependant des encadrements et une approche convergente sur l'entrée et le séjour des étrangers, sur les règles de l'extradition ou sur celles de l'asile, dans le respect des engagements internationaux.
L'Union européenne doit enfin trouver des réponses aux problèmes concrets de la vie quotidienne. Un conflit familial, un divorce, quand il concerne un couple franco-allemand par exemple, place aujourd'hui des enfants dans des situations inextricables et douloureuses : on ne sait pas quel est le droit applicable, quel est le tribunal compétent.
À terme, une telle orientation implique le choix d'une souveraineté partagée, dans des domaines relevant traditionnellement dans chaque État membre, des fonctions régaliennes.
Mais dès à présent -le traité d'Amsterdam le permet- elle nécessite l'émergence d'une détermination pour mettre en uvre des actions communes.
Il s'agit de mesurer, d'abord, l'étendue des intérêts communs entre les différents pays et d'entreprendre, ensuite, des coopérations concrètes créant les instruments nécessaires à un rapprochement progressif des législations des États membres.
COMMENT AGIR ?
Des efforts ont été faits dans le domaine de la coopération policière avec Europol, mais il faut un développement parallèle de la coopération judiciaire.
Les systèmes judiciaires nationaux demeureront le niveau privilégié de la lutte contre la criminalité organisée. Aussi, la priorité est de développer les coopérations de juge à juge, de faciliter l'entraide judiciaire, en somme de considérer que la justice de nos voisins est de même qualité que la nôtre.
Il importe de définir des champs précis pour élaborer des règles communes. Il faut aussi se donner les moyens de traiter des problèmes transnationaux. Par exemple, mettre rapidement en uvre la convention de Bruxelles Il qui établit la compétence d'un seul tribunal pour éviter des jugements contradictoires entre deux pays sur un problème de garde d'enfant d'un couple binational qui divorce.
Le traité d'Amsterdam autorise une politique commune de la coopération judiciaire civile, c'est-à-dire un droit d'initiative de la Commission beaucoup plus étendu, le contrôle de la Cour de justice des Communautés européennes, et après la période probatoire de cinq ans, des décisions votées à la majorité par le Conseil et soumises au Parlement européen. Le Conseil Justice-Affaires intérieures doit ouvrir rapidement un débat avec le Parlement européen afin de permettre une discussion et des décisions.
L'Europe doit donc être un pôle de régulation par le droit comme elle l'est en matière économique avec la création de l'euro.
C) Pour une réforme des politiques communes
L'industrie, l'innovation et le développement technologique
L'industrie, l'innovation et le développement technologique ont beaucoup à gagner de l'Europe.
Dans le contexte d'une concurrence exacerbée, les entreprises européennes doivent souvent former des alliances, voire fusionner entre elles, pour atteindre la taille critique que leur impose leur nouvel environnement. Nous avons besoin d'une politique industrielle européenne ambitieuse, fondée sur une vision stratégique, déterminant les enjeux de long terme, arrêtant des choix et fixant des priorités. Cela implique la redéfinition de la politique de concurrence menée par la Commission de Bruxelles, marquée par un interventionnisme devenu excessif, et une conception par trop idéologique du rôle et des règles du marché. Le droit à la concurrence ne doit pas être, de fait, le seul vecteur de l'intégration européenne. La mise en place d'un statut de la Société européenne est à ce titre tout à fait cruciale pour faciliter la coopération entre les entreprises européennes et leur donner une base statutaire unique.
Ce qui a été fait pour l'aéronautique, avec Airbus, et l'espace avec l'Agence spatiale européenne, doit s'étendre à d'autres domaines nouveaux, comme, par exemple, le génie génétique, les technologies de l'information et de la communication, le commerce électronique, les transports non polluants. Cela nécessite des moyens financiers au niveau communautaire sous le contrôle d'agences d'évaluation.
La politique agricole commune, les fonds structurels, l'Europe des villes
La mise en uvre d'une stratégie de croissance durable au niveau européen doit être compatible avec les politiques communes, au premier chef la politique agricole commune et la politique de cohésion économique et sociale à travers les fonds structurels.
La PAC est indispensable dans un secteur soumis à de nombreux aléas, aux implications sensibles tant sur l'équilibre de nos territoires que sur le respect de l'environnement et des exigences de santé publique. L'agriculture nécessite toujours de la part des pouvoirs publics une forte régulation.
La Commission européenne a soumis des propositions de réforme de la PAC qui visent à approfondir la réforme de 1992 dans le sens d'une plus grande ouverture aux marchés mondiaux. Les socialistes savent la nécessité d'une réforme, mais entendent l'infléchir sérieusement et concilier les différentes missions de l'agriculture. La nouvelle réforme de la PAC doit traduire un modèle européen d'agriculture fondé sur des exploitations nombreuses, multi-fonctionnelles, bien réparties sur les territoires et orientées vers des productions de qualité dans le respect de l'environnement. Les soutiens publics affectés à l'agriculture doivent être orientés dans ce sens, et leur répartition entre les agriculteurs doit devenir plus équitable, en s'appuyant sur la complémentarité des dispositifs européens et des Contrats territoriaux d'exploitation mis en place dans la Loi d'Orientation agricole.
Les fonds structurels ont pour mission de compenser les disparités régionales au sein de l'Union européenne. Ils sont dans nos régions, la première manifestation de l'existence de l'Europe. Beaucoup a été fait, notamment sous l'impulsion de Jacques Delors, pour revaloriser les dotations budgétaires et concentrer les crédits sur les régions en retard de développement. La Commission a soumis des propositions d'adaptation de ces fonds structurels dans le cadre de l'Agenda 2000. Nous considérons qu'une réforme de la politique structurelle européenne est indispensable, vu la complexité du dispositif actuel et la nécessité de l'adapter aux conditions de la zone euro et d'une Europe élargie et donc plus solidaire. Nous militerons en faveur de la poursuite d'un soutien communautaire actif à la politique régionale de la France, de la simplification des procédures d'octroi des crédits et de la concentration géographique des interventions qui prennent pleinement en compte la réalité urbaine de l'Europe.
En 1994, le programme URBAN a permis à plus de cent quartiers de villes européennes de bénéficier d'un soutien de fonds structurels. Ce mouvement doit être amplifié et renouvelé pour rendre les interventions européennes plus perceptibles dans la vie quotidienne, pour créer des forums urbains qui échangent leurs pratiques et leurs initiatives, pour mettre en uvre un développement durable des villes, reposant sur la recherche d'un équilibre des fonctions urbaines et de la mixité sociale. Créer une Europe des villes doit être une composante importante d'une Europe sociale.
L'Europe et l'Outre-mer
Les départements d'outre-mer attendent de l'Europe qu'elle les aide à rattraper leur retard en matière de développement, non seulement à travers les dotations des fonds structurels ou le programme POSEIDOM, mais aussi en défendant la préférence communautaire pour leurs productions traditionnelles, comme la banane et le sucre, y compris contre les visées hégémoniques et libérales des États-Unis, et en favorisant des échanges plus équilibrés avec les pays de leur environnement, signataires de la convention de Lomé.
Hier, certains tentaient de faire de l'Europe un épouvantail, le " grand méchant loup " qui allait faire disparaître l'économie et la culture traditionnelle de l'Outre-mer. Aujourd'hui chacun comprend mieux que L'Europe, en reconnaissant encore davantage les difficultés spécifiques des régions " ultrapériphériques ", comme le prévoit le traité d'Amsterdam, peut être un atout pour le développement et la solidarité.
La renégociation de la convention d'association avec les PTOM (territoires et collectivités d'outre-mer qui n'appartiennent pas à l'espace économique européen) devra prendre en compte les évolutions institutionnelles décidées par la Nouvelle-Calédonie, ou envisagées pour la Polynésie et Mayotte. Pour Mayotte, les socialistes revendiquent un programme analogue à celui mis en uvre pour les Canaries, qui s'inspire des mécanismes des fonds structurels.
L'environnement
Les pollutions ne connaissent pas de frontière ; certaines, comme les gaz à effet de serre, menacent l'avenir de la planète. Le développement durable correspond aux exigences de nos concitoyens pour un cadre de vie de qualité. Environnement et développement sont de plus en plus étroitement liés.
L'acquis communautaire est important en matière de normes (qualité de l'eau, déchets, ...) mais les actions sont beaucoup plus modestes dès qu'il s'agit d'investir de l'argent public, et les résultats concrets restent nettement insuffisants.
Nous proposons donc que le développement durable inspire plus nettement l'ensemble des politiques communautaires, en matière d'agriculture, d'aménagement du territoire, d'environnement urbain, de transports, de grands travaux. Nous souhaitons un plan volontariste de l'Union européenne pour réduire les gaz à effet de serre. Nous voulons enfin que, sur la chasse, un compromis soit trouvé entre les gens raisonnables des deux bords, permettant de préciser les modalités d'application des textes protégeant les oiseaux migrateurs.
D) Pour une Europe de l'éducation, de la recherche, de la culture et de la jeunesse
La liberté de circulation des hommes et des idées a été un souci originel et constant de l'Europe communautaire.
En matière de connaissance et de culture, plus qu'en tout autre domaine, nous devons concilier l'unité et la diversité. La France n'a pas à craindre une dilution dam l'espace européen. Elle est à la pointe du combat contre la standardisation culturelle et le modèle que tendent à imposer les États-Unis. Elle peut grandement contribuer au rayonnement d'une Europe des savoirs et des cultures.
La jeunesse et l'Europe
Les jeunes Européens incarnent l'avenir de l'Union. Plus encore que les générations qui les ont précédés, ils doivent être sensibilisés aux enjeux de la construction de l'Union et de leur qualité de citoyens européens, et apprendre à vivre dans un espace civique, économique et social européen, ce qui implique naturellement une grande ouverture aux autres. Il convient de défendre le principe de l'apprentissage obligatoire dans tous les pays de deux langues vivantes dans l'enseignement secondaire, et d'une " initiation à l'Europe ", dans ses dimensions tant culturelles qu'économiques et civiques. Dans l'enseignement supérieur, il s'agit de promouvoir la reconnaissance mutuelle des diplômes et de faciliter l'interpénétration des cursus, ce qui suppose le rapprochement de leur durée, tout en s'appuyant sur l'autonomie des universités, élément essentiel du " modèle éducatif européen ", notamment en favorisant les projets de coopération entre elles.
Dans le domaine de la recherche également, la coopération entre organismes européens est un facteur d'efficacité : cela passe, tout d'abord, par la multiplication des échanges entre écoles, universités, laboratoires de recherche. Cela passe, aussi, par une volonté politique clairement affichée des États européens de promouvoir la recherche dans tel ou tel domaine, les différents organismes nationaux de recherche-développement travaillant de concert, se répartissant les tâches, confrontant leurs analyses.
Il convient enfin, de créer des instruments permettant à la jeunesse européenne de s'engager dans cette aventure humaine à la mesure de leur idéal, en particulier au moment où nous voulons réaffirmer la visée principalement sociale de la construction communautaire. Par exemple, le service volontaire européen pour la jeunesse leur donne les moyens d'accomplir à l'étranger des tâches d'intérêt général, au service de la cohésion sociale, de la protection de l'environnement de la préservation et de la restauration du patrimoine culturel et historique européen, de la prévention de la délinquance, qui sont des objectifs partagés par tous les peuples européens.
L'Europe et la culture
En Europe, par-delà la diversité nationale, existe une longue histoire d'échanges culturels qui, par le passé, ont enrichi nos pays. Aujourd'hui, il faut travailler collectivement à l'épanouissement de ces échanges et pour cela, aller au-delà des programmes communautaires existants. La promotion sur une base transnationale de la création et la diffusion, en particulier audiovisuelle, appelle un renforcement de la coordination des politiques culturelles nationales, ainsi que la mise en commun d'une partie des moyens qui y sont consacrés. Un programme-cadre européen doit être proposé. Un changement d'échelle pour les ressources financières est nécessaire : pourquoi pas 1 % du budget communautaire consacré à la culture ? Il faut des actions symboliques fortes et un souci constant de la défense de la diversité et du pluralisme, qui peut passer, le cas échéant par des mesures rigoureuses ou vigoureuses limitant la concentration dans les médias et affermissant la place qu'ils font à la création européenne. Au sein de la Commission européenne, un pôle unifié et fort doit être constitué pour regrouper l'éducation, la recherche, la culture et la communication.
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