MONSIEUR LE PRÉSIDENT, MESDAMES ET MESSIEURS LES DÉPUTÉS,
Les Français se sont saisis lucidement du débat électoral ouvert à l'improviste: vous en avez été les acteurs.
Ils ont entendu, en pleine connaissance de cause, trancher ce débat:
vous en êtes les interprètes. Notre démocratie, souvent
taraudée par le doute, a su à cette occasion retrouver sa
vitalité: vous en serez les garants.
Assurément, les Français ont tenu à rejeter sans ambiguïté une pratique dépassée du pouvoir. Ils ont aussi exprimé un choix, porteur d'espoir, mais pétri d'exigences.
Exigence de respect, à commencer par celui de la parole donnée. Les engagements pris devant le peuple français durant la campagne seront honorés.
Exigence d'efficacité. Progressive, maîtrisée, inscrite dans la durée, la méthode de travail que j'ai assignée à mon gouvernement est à mes yeux essentielle, parce qu'elle conditionne l'efficacité de son action.
Exigence de compréhension. Notre attitude à l'égard
des Françaises et des Français doit être celle du dialogue
continu, de l'attention scrupuleuse, de la disponibilité constante.
Exigence de changement, enfin. La nouvelle majorité a été
choisie par les Français parce qu'elle leur paraissait la mieux
à même d'incarner non "le changement" en général,
mais un changement précis, dont il importe de tracer le mouvement.
L'histoire de notre pays a vu se succéder des phases de confiance
et des moments de doute. Le chemin suivi fut incertain, douloureux parfois,
exaltant souvent. Chacun sent qu'aujourd'hui nous traversons une période
de difficultés. Il nous faut les surmonter. J'entends à cette
fin me saisir pleinement du mandat que les Français nous ont confié.
Redonner à notre pays une chose précieuse entre toutes et
qui, pourtant, lui a progressivement échappé: un sens. Un
sens, c'est-à-dire à la fois une signification - la France
doit conforter son identité, mise à mal - et une direction - notre pays demande un projet.
Aux Françaises et aux Français que vous représentez
ici et qui, au-delà de cette enceinte, nous écoutent, je
veux dire ceci: faisons un pacte. Un pacte républicain.
Un pacte de développement et de solidarité.
Il sera fondé: sur le retour aux sources de notre République, sur la modernisation de notre Démocratie.
LE MODÈLE RÉPUBLICAIN
La France, ce n'est pas seulement le bonheur des paysages, une langue
enrichie des uvres de l'esprit ; c'est d'abord une histoire. Une histoire
où s'est forgé le " modèle républicain ". Ce
modèle, qui doit tant à la gauche, à l'exigence de
progrès et de justice, semble s'effriter sous nos yeux, se déliter,
et le sentiment de cette incertitude provoque chez beaucoup le désarroi.
Aujourd'hui, tirant les enseignements de notre expérience du pouvoir, je veux vous indiquer les références qui me semblent essentielles et les évolutions qui sont nécessaires.
Il convient de faire retour à l'esprit républicain.
Avant même de s'inscrire dans des institutions, la République, c'est un état d'esprit.
Cet état d'esprit, il nous faut le conforter, partout, et d'abord chez les femmes et les hommes qui servent la République. Plus que
jamais, alors que la vie publique pâtit de l'individualisme et du règne de l'argent, il est indispensable de rétablir les règles de l'éthique républicaine.
De la base au sommet de l'État, du fonctionnaire au ministre, une seule façon d'être et d'agir, une seule façon de
décider doit prévaloir: celle du service de la Nation. Nous sommes des citoyens responsables de l'État au service des citoyens ; nous leur devons compte, nous leur rendrons compte.
C'est ainsi que l'Etat peut être véritablement l'expression de la Nation.
La Nation est non seulement la réalité vivante à laquelle nous sommes tous attachés, mais surtout le lieu où bat le cur de la démocratie, l'ensemble où se nouent les solidarités les plus profondes. Elle reste le cadre naturel des réformes essentielles dont notre pays a besoin.
Voilà pourquoi nous ne voulons plus de ce " jeu de défausse "
qui a trop souvent consisté à se décharger sur l'Europe de tâches qui auraient dû être assumées dans le cadre national, à imputer à l'Union européenne des
défaillances qui procédaient souvent de nos propres insuffisances.
Pour moi, l'Europe doit être un espace supplémentaire de démocratie,
doit ouvrir des perspectives nouvelles pour la citoyenneté. Elle
ne saurait se substituer à la Nation, mais la prolonger, l'amplifier.
Dans la Nation, faire retour à la République, c'est d'abord se confier à l'école.
L'école est le berceau de la République. Outre sa mission d'instruction, elle doit assurer l'apprentissage du civisme. Dès l'enfance, il faut faire naître et vivre durablement un profond sentiment
d'attachement aux valeurs républicaines au premier rang desquelles
la laïcité, le respect de la chose publique, l'adhésion
à une citoyenneté active et responsable, ensemble indissociable
de droits et de devoirs. Je demande au ministre de l'Éducation nationale
de prendre des mesures pour que soient enseignées et pratiquées
non seulement l'instruction civi-que mais aussi la morale civique.
Cette Nation, nous la voulons forte et soudée ; nous la voulons aussi vivante et ouverte.
La France, vieux pays d'intégration républicaine, s'est construite par sédimentations, creuset donnant naissance à
un alliage d'autant plus fort que ses composants étaient divers
et nombreux. C'est pourquoi le droit du sol est consubstantiel à
la Nation française. Nous le rétablirons. Rien n'est plus
étranger à la France que le discours xénophobe et
raciste. La France doit définir une politique d'immigration ferme
et digne, sans renier ses valeurs, sans compromettre son équilibre
social.
L'immigration est une réalité économique, sociale
et humaine qu'il faut organiser, contrôler et maîtriser au
mieux, en affirmant les intérêts de la Nation et en respectant
les droits de la personne.
Une politique d'intégration républicaine, déterminée
et généreuse, propre à recueillir l'assentiment de
nos concitoyens, sera mise en uvre. La République accueille ses
hôtes selon ses lois, qui doivent être claires et précises.
L'immigration irrégulière et le travail clandestin - dont
je sais qu'il n'est pas le seul fait des étrangers - seront combattus
sans défaillance parce que l'un et l'autre compromettent l'intégration
et parce qu'ils sont contraires à la dignité des immigrés.
La politique de coopération avec les Etats d'émigration
prendra en compte l'objectif de la maîtrise des flux migratoires.
La législation sur la nationalité, le droit des étrangers
et l'immigration, rendue complexe et parfois incohérente par trop
de modifications successives, fera l'objet d'un réexamen d'ensemble.
Une mission interministérielle, réunissant autour de M. Patrick
Weil des représentants des ministères de l'Intérieur,
de l'Emploi et de la Solidarité, et de la Justice, présentera
ses conclusions d'ici deux mois. Un projet de loi sera présenté
à la prochaine session du Parlement.
Sans attendre, le gouvernement a décidé de mettre fin
à certaines situations intolérables et inextricables, qui
résultent des contradictions de la législation en vigueur.
Des instructions seront données aux préfets, dans les prochains
jours, pour qu'ils procèdent, sur le fondement de critères
précis, à un examen attentif et personnel de ces situations.
Dans la Nation, faire vivre la République, c'est s'assurer d'un
État qui inspire le respect, qui redevienne impartial, qui se conforme
au droit.
Les responsabilités de l'Etat doivent être assumées
sans défaillance.
Au premier rang de celles-ci, il y a la Justice.
Le respect du droit est fondamental pour la République et la
Démocratie. Sans lui, le lien social se dissout et les institutions
sont discréditées. Aussi la Justice doit-elle être
indépendante et impartiale.
C'est pourquoi je réaffirme aujourd'hui que le Conseil supérieur
de la Magistrature doit assurer à la carrière des magistrats
du Parquet les mêmes garanties qu'à celle des juges du Siège.
Le gouvernement a l'espoir que les travaux de la commission présidée
par M. Truche permettront d'enrichir sa réflexion et d'éclairer
ses décisions, notamment quant au rôle du Garde des Sceaux
dans la détermination des orientations générales de
la politique pénale.
Toutefois, sans attendre, j'annonce solennellement que, dès aujourd'hui,
plus aucune instruction concernant des affaires individuelles, de nature
à dévier le cours de la justice, ne sera donnée par
le Garde des Sceaux et que les projets de nomination de magistrats du Parquet
qui recueilleraient un avis défavorable du Conseil supérieur
de la Magistrature ne seront pas maintenus par le gouvernement.
La responsabilité d'un exercice équitable et non partisan
de l'action publique se trouve ainsi remise aux procureurs généraux
et procureurs qui en seront comptables devant les citoyens.
Je m'engage également à prendre des mesures per-mettant
aux autorités judiciaires d'exercer effectivement le contrôle
et l'évaluation de l'activité des services chargés
de la police judiciaire.
Assurer la sécurité est un autre devoir primordial de l'État.
La sécurité, garante de la liberté, est un droit
fondamental de la personne humaine.
L'insécurité menace d'abord les plus faibles - notamment les personnes âgées - et les plus démunis d'entre nous.
Nous devons tout particulièrement la sécurité à
nos enfants, notamment dans les établissements scolaires où
la situation s'est dégradée de manière inacceptable
ces dernières années. Un plan spécial contre la violence
sera mis en uvre dès la rentrée scolaire prochaine.
Toute personne vivant sur le territoire de la République a droit
à la sécurité. On ne peut accepter une société
dans laquelle il y aurait d'un côté des quartiers protégés
et de l'autre des zones de non-droit.
Dans des conditions souvent difficiles et parfois dangereuses, les policiers
et les gendarmes assurent la protection des personnes et des biens avec
un dévouement auquel je rends hommage.
Il faut leur donner les moyens de mieux faire face à leurs missions:
la police nationale recevra le renfort de 35 000 emplois de proximité.
Des effectifs seront redéployés sur la voie publique.
Le gouvernement proposera aux communes l'élaboration de contrats
locaux de sécurité pour mettre en uvre les objectifs de
sécurité publique.
Dans un État républicain, il est aussi indispensable de
garantir le respect par la force publique d'une déontologie. Je
proposerai au Parlement un projet de loi portant création d'une
instance indépendante chargée de contrôler le respect
des règles déontologiques par les services responsables de
la sécurité publique.
L'action des services de sécurité intérieure exclura
désormais tout renseignement sur la vie politique démocratique.
Dans la République, il n'y a pas de place pour une police politique.
La mise en uvre de la loi de 1991 permettant le contrôle des
interceptions de sécurité des télécommunications
ne doit pas être compromise par une utilisation abusive du "secret-défense".
Je proposerai qu'une autorité indépendante puisse être
saisie et se prononcer dans ces situations.
La sécurité, c'est aussi - et on l'a trop longtemps oublié - la sécurité sanitaire, la santé publique.
Avant la fin de l'année, sera mise en place l'Agence de sécurité
sanitaire dont notre pays a besoin.
Pour assurer ses missions, l'État doit savoir se réformer.
L'évolution du monde et de notre société, les nouvelles
technologies rendent nécessaires aujourd'hui une adaptation de l'État
et un vaste effort de rénovation du service public.
Ces réformes doivent impliquer l'adhésion des fonctionnaires.
La qualité de la fonction publique, le sens de la responsabilité
des agents publics sont les meilleurs gages de la réussite de la
réforme de l'État. Nous mettrons fin à la politique
de suppression des emplois de la fonction publique.
Mais la réforme de l'État n'est pas seulement l'affaire
de l'administration. Les collectivités territoriales, les organisations
professionnelles et sociales, les associations, les usagers doivent y concourir.
L'État doit être impartial.
Cet impératif s'appliquera aux nominations individuelles qui
seront décidées, mais, au-delà, il inspirera l'ensemble
des comportements individuels et collectifs des responsables publics.
L'État doit être plus proche des citoyens, plus accessible,
plus efficace.
L'État de droit ne doit pas souffrir d'exception.
En Corse - comme partout ailleurs sur le territoire national - le gouvernement
veillera au respect de la loi républicaine auquel la population
aspire et sans lequel il n'y a pas d'essor possible. Parallèlement,
il fera en sorte que la solidarité nationale s'exerce pour rattraper
le retard de développement dû à l'insularité.
Le Gouvernement encouragera l'affirmation de l'identité culturelle
de la Corse et l'enseignement de sa langue.
Revenir aux sources de notre République doit nous faire saisir
à quel point notre pays souffre d'un retard démocratique.
La modernisation de notre démocratie ne suppose pas seulement des
réformes institutionnelles ; elle nécessite de profonds changements
culturels.
LA MODERNISATION DE NOTRE DÉMOCRATIE Il faut d'abord permettre aux Françaises de s'engager sans entraves dans la vie publique. Dans ce domaine, le progrès passe d'abord par l'évolution des mentalités et le changement des comportements.
Les socialistes et la majorité ont montré l'exemple, tracé
le chemin. Il faut aller plus loin. une révision de la Constitution,
afin d'y inscrire l'objectif de la parité entre les femmes et les
hommes, sera proposée.
Faire participer les jeunes, en particulier les "jeunes des quartiers",
à la vie démocratique représente un enjeu d'une particulière
importance. L'inscription de chaque citoyen sur les listes électorales
sera rendue automatique l'année de sa majorité.
Nos concitoyens veulent que leurs représentants se consacrent entièrement
à leur mandat. Ils ont besoin de retrouver confiance dans la vie
politique et en particulier en ceux qui l'animent. Limiter strictement
le cumul des mandats est ainsi devenu une priorité. J'ai demandé
aux membres du gouvernement d'appliquer, dès leur nomination, ce
principe pour eux-mêmes. La législation sur le cumul des mandats
et sur les incompatibilités sera renforcée, notamment en
ce qui concerne les fonctions exécutives locales.
Comme je m'y suis engagé, je proposerai que les mandats électifs
soient harmonisés sur une base de cinq ans.
Incarnation de la souveraineté nationale, le Parlement doit pleinement
exercer son rôle éminent au sein de nos institutions. Associer
étroitement la majorité à la conception de la politique
suivie, respecter les droits de l'opposition, impliquer davantage le Parlement
dans la construction européenne sont les trois objectifs que mon
gouvernement poursuivra.
Le Parlement doit être un lieu essentiel de la communication gouvernementale.
Dans cet esprit, je demande au ministre de l'Économie, des Finances
et de l'Industrie, et au secrétaire d'État au Budget de prendre
contact avec les commissions des finances de l'Assemblée nationale
et du Sénat afin de présenter, la semaine prochaine, les
premières orientations de la politique économique et financière
du gouvernement.
Ils s'attacheront également à associer les parlementaires
à la préparation du projet de loi de finances pour 1998,
les élections législatives n'ayant pu rendre possible l'organisation
d'un débat d'orientation budgétaire.
Le dépôt d'un projet de loi de finances rectificative aurait
nécessité une session extraordinaire s'achevant vers la mi-août.
Il aurait anticipé les résultats de l'évaluation des
comptes publics qui ne seront disponibles que pour la mi-juillet. C'est
pourquoi je ne propose pas maintenant un collectif budgétaire.
Les mesures financières que le gouvernement sera amené
à prendre seront, bien entendu, soumises au Parlement lors du collectif
budgétaire de l'automne.
Afin que le gouvernement consacre l'été à la préparation
de ses projets essentiels, je ne demanderai pas au président de
la République la tenue d'une session extraordinaire. En revanche,
l'importance du travail législatif qui nous attend nécessitera
sans doute, malgré la session unique, une rentrée anticipée
du Parlement, à la mi-septembre.
La démocratie ne peut vivre sans pluralisme
Agir pour le pluralisme de la presse implique d'adapter le régime
des aides publiques en faveur de la presse d'information, la plus fragilisée
par la dispersion de la publicité sur d'autres supports.
A la télévision, favoriser le pluralisme, c'est encourager
et soutenir un service public fort et de qualité, ce qui impose
de rééquilibrer le partage actuel entre les ressources publiques
et les recettes publicitaires.
L'impératif d'indépendance est le corollaire de la liberté
de communication. L'indépendance, ce sont au premier chef les garanties
données aux journalistes pour l'exercice de leur profession, et
notamment aux rédactions par rapport aux actionnaires.
Il est nécessaire d'adapter notre législation: renforcement
des pouvoirs du Conseil supérieur de l'audiovisuel pour lui permettre
de faire face à la multiplication des offres de programme, mécanismes
anti-concentration, indépendance des producteurs, sans oublier le
régime des nouveaux supports de communication ni le pôle audiovisuel
extérieur de la France.
La culture est l'âme de la Démocratie. Les oeuvres de l'esprit,
les fruits de la création ne peuvent être assimilés
à des marchandises ou à des produits comme les autres. Porteurs
de valeurs universelles, ils sont aussi l'expression de notre singularité
nationale et européenne. Le gouvernement sera donc particulièrement
vigilant dans la défense de l'exception culturelle.
Entre 1993 et 1997, le budget de la culture, à structures constantes,
est passé très en dessous de 1 %. L'objectif du gouvernement
est d'inverser résolument la tendance et de parvenir progressivement
à consacrer réellement 1 % du budget de l'Etat à la
culture.
La démocratie ne peut souffrir la confiscation du pouvoir de décider.
La décision doit être préparée avec les personnes
qu'elle concerne. Cet impératif est particulièrement net
s'agissant des implantations de grands équipements aux retombées
économiques, écologiques et humaines considérables.
Une révision de la procédure de déclaration d'utilité
publique sera engagée. Ainsi sera évitée la mise en
chantier d'équipements lourds, dont les nuisances et les coûts
sont disproportionnés par rapport aux avantages que peut en retirer
la collectivité: tel est le cas du projet de canal à grand
gabarit Rhin-Rhône dont le gouvernement décide l'arrêt.
Dans les domaines de haute technologie, qui comportent parfois des risques
importants, je souhaite que les fonctions de contrôle ne soient pas
confondues avec celles qui relèvent de l'exploitation.
Si l'industrie nucléaire est un atout important pour notre pays,
elle ne doit pas pour autant s'exempter des règles démocratiques,
ni poursuivre des projets dont le coût est excessif et la réussite
très aléatoire: c'est pourquoi le surgénérateur
qu'on appelle "Superphénix" sera abandonné.
La démocratie doit s'exercer pleinement dans la vie locale. Les
collectivités territoriales de la République exercent aujourd'hui
des responsabilités essentielles en matière économique
et sociale. Par la qualité de leur engagement public, les élus
locaux font honneur à notre pays. La contrepartie de ces responsabilités
accrues doit être trouvée dans un contrôle mieux assuré,
une transparence plus grande des décisions, une évaluation
réelle des politiques menées.
Enfin, la modernisation que je vous propose serait inachevée si
la démocratie s'arrêtait aux portes de l'entreprise.
Dès mon arrivée, j'ai été confronté
aux conséquences du conflit de l'usine de Vilvoorde. Je souhaite
que cette situation ne se reproduise pas. Le plan social ne doit être
qu'une solution de dernier recours, envisagée au terme d'une véritable
négociation.
C'est pourquoi j'ai demandé au ministre de l'Emploi et de la
Solidarité de réexaminer la législation en matière
de licenciement économique, afin que celle-ci ne puisse conjuguer
précarité pour les salariés et incertitude juridique
pour les entreprises. Sur la base de son rapport, le gouvernement présentera
un projet de loi à l'approbation du Parlement.
Quant au mouvement en faveur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, il sera repris.
Avec vous, je veux aussi faire vivre la République et la Démocratie. Je vous ai dit comment. Mais nous n'y parviendrons vraiment que si nous
savons faire reculer le chômage, la pauvreté, la précarité, les inégalités.
Il y a dans notre société quelque chose d'aussi absurde
qu'injuste. Nous n'avons globalement jamais été aussi riches,
et pourtant des milliers de personnes dorment dans la rue, renoncent à
se soigner faute d'argent, des enfants ne peuvent même plus fréquenter
les cantines scolaires.
La crainte de l'avenir se fait toujours plus forte. C'est cette spirale
qu'il faut briser. C'est ce changement-là que les Français
attendent. C'est à cette aspiration que nous voulons répondre.
Là encore, l'action du gouvernement s'inscrira dans la durée:
- dans le sens du développement et de la croissance, d'une part,
- dans le sens de la solidarité et de l'égalité, d'autre part.
DÉVELOPPEMENT ET CROISSANCE
Trouver sa place dans la société, c'est d'abord avoir un emploi. Je l'ai dit pendant la campagne, je le répète aujourd'hui : l'emploi est notre priorité. Pour faire reculer le chômage,
nous devons retrouver une croissance durable et imaginer ensemble un modèle de développement plus solidaire et plus riche en emplois.
Certes la croissance ne se décrète pas ; elle se prépare, elle se gagne. Nous n'y parviendrons pas seuls. L'atonie de la croissance
est un problème posé à l'Europe tout entière.
La réponse doit par conséquent être commune. C'est
dans cette perspective que nous réaffirmons notre volonté
de réaliser l'union économique et monétaire aux échéances
prévues par le Traité. Mais on ne partage pas une monnaie
sans créer des solidarités économiques. Quant à
l'indépendance d'une banque centrale, elle ne signifie pas le vide politique. Tel est le sens des propositions que nous avons faites au sommet d'Amsterdam.
Dans un délai très court, nous avons pu obtenir de tous nos
partenaires, d'une part, l'acceptation d'une résolution sur la croissance
et l'emploi venant compléter et équilibrer le pacte de stabilité
et, d'autre part, la tenue d'un sommet exceptionnel consacré à l'emploi.
Ces réorientations sont le résultat d'une négociation difficile, engagée dans des conditions a priori peu favorables, puisque, à son entrée en fonction, le gouvernement a trouvé
une situation qui semblait totalement figée. La parole de la France avait été donnée sur le pacte de stabilité.
L'engagement que j'ai pris n'est évidemment pas épuisé
avec ce premier résultat. Il nous faut poursuivre dans cette voie
avec persévérance. La politique que j'entends conduire en
matière européenne, dans le cadre des compétences
qui sont les miennes, ira dans le sens d'un renforcement de l'Union, à
condition que celle-ci soit d'abord au service des peuples qui la composent.
Nous irons vers une Europe plus sociale, garante de progrès,
de paix et d'indépendance.
Dans notre pays même, nous devons réunir les conditions d'une
croissance plus vigoureuse.
Pour engager cette politique, il faut d'abord connaître l'état
réel de nos comptes publics. Nous procédons à leur
évaluation pour l'année 1997; son résultat me sera
remis dans le courant du mois de juillet. Les premières indications
qui me sont données laissent penser que la situation des finances
publiques est sérieuse.
J'ai déjà dit mon attachement à la stabilisation
des prélèvements obligatoires, qui ont fortement augmenté
au cours des trois dernières années. Si la croissance le
permet, mon objectif est à terme de les diminuer.
Pour favoriser l'emploi et la justice sociale, il faut moins taxer les
revenus du travail et supprimer les privilèges indus dont bénéficient
d'autres catégories de revenus. Nous transférerons progressivement
les cotisations salariales d'assurance maladie sur une contribution sociale
élargie à l'ensemble des revenus, y compris financiers. Pour
soutenir la croissance, il faut une fiscalité plus favorable à
la consommation. Je demande au ministre de l'Économie, des Finances
et de l'Industrie d'examiner les perspectives d'une baisse de la TVA.
Notre voie est étroite. J'en ai conscience. Désormais,
toutes les marges disponibles seront consacrées à encourager
les créateurs d'emplois et d'activités, à renforcer
la solidarité nationale et à soutenir les plus fragiles.
J'engage ce mouvement sons délai d'ans
trois directions.
Un programme exceptionnel de réhabilitation d'un million de logements
sera réalisé avant la fin de la législature. Dès
cette année, les crédits nécessaires à la réhabilitation
de 100.000 logements supplémentaires - dont 50.000 HLM - seront
mobilisés. Au 1er juillet, le barème de l'aide personnalisée
au logement sera actualisé et revalorisé - il ne l'avait
pas été depuis 1994. La taxation du surloyer dit de solidarité
sera réexaminée.
Dès le mois de septembre, l'allocation de rentrée scolaire
- inscrite au budget par le précédent gouvernement pour 420
F - sera portée à 1.600 F. L'État assumera toutes
ses responsabilités pour qu'aucun enfant ne soit plus - pour des
raisons financières - exclu de cantine scolaire. Afin de rendre
plus juste et plus efficace notre système d'aide aux familles et
d'en réserver le bénéfice à celles qui en ont
effectivement besoin, les allocations familiales seront placées
sous conditions de ressources inférieures à 25.000 F par
foyer.
Dans les établissements scolaires, il faut donner plus de moyens
lorsque la tâche est plus difficile, encadrer davantage lorsque la
contrainte sociale est plus grande. L'égalité, oui, mais
qui respecte la diversité. Je demande donc que des moyens supplémentaires
soient mobilisés, dès la prochaine rentrée scolaire,
pour les zones d'éducation prioritaire. De même et bien que
le dispositif soit à cette date de l'année largement arrêté,
je donne les instructions nécessaires pour que l'on réexamine,
dès cette rentrée, les situations les plus difficiles créées
par les fermetures de classes.
Enfin, le gouvernement proposera à la Commission nationale de la
négociation collective une hausse du SMIC de 4%. Compte tenu de
la hausse des prix nettement inférieure à 1 %, ceci représente
la plus forte progression du pouvoir d'achat depuis quinze ans.
LA CRÉATION D'EMPLOIS
La priorité est de créer des emplois, beaucoup d'emplois.
C'est la raison d'être de toute l'action gouvernementale. C'est à
la fois une exigence immédiate et une uvre de longue haleine.
Tout salarié ou chômeur ayant cotisé 40 ans devrait
pouvoir cesser son activité dans des conditions satisfaisantes.
Très vite, l'État ouvrira une négociation avec les
organisations syndicales et patronales pour élargir les possibilités
existantes.
L'emploi doit surtout bénéficier aux jeunes. Quel avenir
se donne une société lorsque ses enfants ne peuvent s'insérer
dans la vie professionnelle après leur scolarité !
Le programme connu sous le nom de " 700 000 jeunes " répond à
cette priorité absolue. Dès les prochains jours, le ministre
de l'Emploi et de la solidarité, en liaison avec les autres ministères
intéressés, recensera les activités concernées
et les emplois à développer. J'entends que ce dispositif
- à travers les premiers contrats signés - commence à
porter ses fruits dès cet automne. Tous les acteurs publics et privés,
sous l'impulsion et avec l'aide de l'État, seront mobilisés
pour que les engagements pris soient tenus.
La réduction du temps de travail |
Il faut, dans le même temps, entamer une réduction négociée
de la durée du travail privilégiant l'emploi. Réduire
le temps de travail, sans perte de salaire, représente à
la fois un progrès économique - susceptible de créer
de nombreux emplois - et un progrès social.
C'est pourquoi, en accord avec les partenaires sociaux, le passage de
la durée légale du travail de 39 à 35 heures sera
engagé. Ce sera la mission de la Conférence nationale sur
les salaires, l'emploi et le temps de travail que d'établir un cadre
général et de débattre de tous les aspects de ce processus.
Celle-ci s'ouvrira en septembre. Pour assurer son succès, un travail
préparatoire approfondi doit, en effet, être conduit cet été
avec les partenaires sociaux.
Une loi-cadre ramenant la durée légale du travail à
35 heures avant la fin de la législature, limitant les recours abusifs
aux heures supplémentaires et favorisant le temps partiel choisi
sera présentée à l'issue de cette Conférence.
C'est sur cette base que des négociations seront ensuite conduites
branche par branche et dans les entreprises.
L'Etat apportera son appui, notamment financier, aux entreprises qui
concluent des accords innovants, ainsi qu'aux entreprises de main-d'uvre,
de sorte que leur compétitivité ne soit pas compromise.
Dans ce combat pour l'emploi, nous avons la chance de disposer de grands
services publics, d'entreprises performantes, actives sur la scène
internationale.
I 'économie en France s'est toujours appuyée sur une volonté
publique forte. Il ne faut pas rompre avec notre tradition. Il convient
de distinguer les services publics et le secteur public. Les services publics
relèvent d'une conception fondamentale de la société
à laquelle nous tenons par dessus tout. ils sont au cur du lien
social. Ils garantissent à tous les citoyens l'égalité
d'accès et de traitement, dans les régions ou à Paris,
dans les villes ou les campagnes. Certains contribuent à notre indépendance
énergétique. C 'est pour cela que nous refusons leur transformation
en objet de profit.
Je constate que le secteur public, lui, qu'il concerne les télécommunications,
l'électronique, l'aéronautique ou d'autres secteurs, est
devenu aujourd'hui un enjeu de propriété. En l'absence de
justification tirée de l'intérêt national, nous ne
sommes pas favorables à la privatisation de ce patrimoine commun
que sont les grandes entreprises publiques en situation de concurrence.
Pour autant, nous savons que des adaptations seront nécessaires
pour garder notre rang parmi les nations les plus développées
du monde et se rapprocher d'autres partenaires européens.
Un autre atout essentiel est notre agriculture.
Au cours des trois dernières décennies, les agriculteurs et les entreprises agro-alimentaires ont largement contribué par leur dynamisme au développement de notre économie ainsi qu'à notre excédent commercial.
En concertation avec les organisations agricoles, le gouvernement conduira
les travaux nécessaires à l'élaboration d'une loi
d'orientation. Dans le même esprit, une modulation des aides sera
recherchée en vue d'une plus grande équité dans leur
répartition. Le gouvernement poursuivra avec détermination
la politique d'installation des jeunes agriculteurs.
La compétition économique de demain sera une bataille de
la création, de l'invention. C'est pourquoi l'éducation,
la formation, la recherche, la technologie d'aujourd'hui sont les investissements
et les emplois de demain.
C'est à cette fin que j'ai créé un grand ministère
de l'Éducation nationale, de la recherche et de la Technologie,
qui, pour la première fois, regroupe et coordonne des hommes et
des moyens qui sont à l'avant-garde de cette bataille de l'intelligence.
Les petites et moyennes entreprises assurent le meilleur relais de l'innovation industrielle.
Dès aujourd'hui et plus encore demain, la majorité des emplois créés le seront dans de petites entreprises, pour des services nouveaux.
Nous créerons des conditions propices au développement de ces entreprises, par une fiscalité favorable à l'investissement,
par la mobilisation de l'épargne pour le renforcement des fonds propres des PME, par la simplification des procédures administratives, par une politique active de " capital risque ". C'est là, je le sais
bien, que se situe le principal gisement d'emplois du tournant du siècle.
L'ÉGALITE ET LA SOLIDARITÉ
Pour nous, le développement et la croissance doivent être au service de la solidarité et de l'égalité.
La solidarité s'exerce d'abord entre générations.
La montée du chômage, l'évolution de la démographie
fragilisent nos systèmes de retraite par répartition. Nous
devons les consolider en concertation avec l'ensemble des partenaires sociaux.
Les dispositions récemment adoptées en faveur des fonds de
pension qui peuvent porter atteinte aux régimes par répartition
seront remises en cause.
La solidarité doit s'exercer au bénéfice de tous
sans exception. Une loi contre les exclusions sociales sera à cette fin présentée au Parlement.
L'égalité d'accès à
la santé, au savoir et à la justice doit être garantie.
Tout d'abord l'égalité devant les soins.
Que des citoyens ne puissent se soigner correctement est inacceptable.
Un meilleur remboursement des soins, d'abord pour les personnes en difficulté,
doit être recherché. L'assurance-maladie universelle sera
mise en place. La maîtrise des dépenses de santé est
indispensable. Mais pour l'avenir, il faudra faire évoluer le cadre
actuel. Les États généraux de la santé - qui
se tiendront au début de l'année prochaine - permet-tront
de redéfinir les objectifs et les moyens permettant à tous
les acteurs du système de santé de mieux remplir leurs missions.
L'égalité devant l'accès au savoir est elle aussi
déterminante.
Le retour de la priorité à l'éducation, abandonnée
depuis 4 ans, est une obligation nationale.
A l'Université, c'est la mise en place d'un plan social étudiant
qui permettra à tous de travailler dans des conditions matérielles
convenables.
L'égalité entre citoyens doit également être assurée devant la justice.
Adapter la carte et l'organisation judiciaires en favorisant la proximité, facilite l'accès des citoyens à la justice et leur accueil dans les tribunaux ; rechercher la simplification et l'accélération des procédures suppose de nouveaux moyens. Ils seront dégagés.
L'égalité se mesure enfin dans l'espace national.
Le ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire
proposera une révision de la loi d'orientation sur l'aménagement
du territoire afin que toutes les dimensions - écologiques, culturelles
et économiques - du développement soient prises en compte
dans les régions.
Outre-Mer, l'attente de plus de justice et de solidarité vient
de s'exprimer avec force. La formation et l'emploi des jeunes, l'approfondissement
de la décentralisation et le respect des identités, la préservation
des intérêts de l'Outre-Mer dans l'Union européenne
et l'encouragement à la coopération régionale seront
les priorités du gouvernement. En Nouvelle-Calédonie, dans
la voie ouverte par les Accords de Matignon, les partenaires calédoniens
ont engagé des discussions pour préparer l'avenir institutionnel
du territoire, à l'échéance de 1998, en recherchant
ensemble une solution négociée. Le gouvernement est déterminé
à tout mettre en uvre pour qu'elle aboutisse.
L'AVENIR DU MONDE
Au-delà de notre espace national, changer notre avenir, c'est aussi prendre part à l'avenir du monde.
Il nous faut partout agir en faveur des droits de l'homme et de la démocratie.
La France se doit d'être la voix de ceux qui en sont privés.
Rappelons avec force la valeur universelle des droits fondamentaux de
la personne humaine au moment où nous nous préparons à
célébrer le 50e anniversaire de la Déclaration universelle
des droits de l'homme adoptée par les Nations-Unies à l'initiative
de René Cassin.
Le gouvernement procédera à un réexamen attentif
de tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme auxquels
la France n'est pas partie prenante, en vue d'y adhérer.
Notre deuxième message est celui de la paix.
Maintien ou rétablissement de la paix, prévention des crises, ingérence humanitaire: la France a marqué de son
empreinte ces champs d'action depuis 1988.
Je confirme l'engagement de notre pays à poursuivre dans cette voie.
Je voudrais ici rendre hommage à tous ceux qui, militaires, diplomates, médecins ou simples volontaires de l'action humanitaire, contribuent - comme encore tout récemment au Congo - à la protection de nos ressortissants et à la sauvegarde des droits de la personne.
La coopération pour le développement |
J'en viens maintenant au troisième grand objectif de notre action
internationale: la coopération pour le développement.
Notre coopération a vocation à répondre au besoin
de solidarité de l'ensemble du monde en développement; elle
s'appuiera aussi pour ce faire sur les mécanismes européens,
notamment la Convention qui lie l'Union européenne aux pays d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique.
Mais la France conservera une priorité marquée en faveur
de l'Afrique, à laquelle nous unissent des liens anciens, profonds
et confiants, tout en définissant avec les États concernés
les conditions d'un nouveau partenariat.
La France engagera l'indispensable réforme de son dispositif
de coopération que cette nouvelle ambition appelle. Plus que jamais
il est nécessaire que soient maintenus des niveaux substantiels
d'aide au développement.
Le gouvernement s'attachera enfin au développement d'une francophonie
vivante et attractive.
Pour tenir sa place dans le monde, la France a besoin d'une défense
moderne.
La sécurité, la protection de notre communauté
et de nos intérêts nationaux constituent l'ambition première
de notre défense. Nos armées sont un pilier essentiel de
l'édifice républicain dans l'exercice de cette mission, mais
aussi en raison des nombreuses actions d'intérêt général
qui leur sont confiées.
Depuis le début des années 90, la transformation de notre
outil de défense est engagée. Le gouvernement, comme je l'avais
annoncé, ne reviendra pas sur le processus de professionnalisation
des armées décidé en 1996. Le calendrier de mise en
place sera maintenu.
La suppression du service militaire implique une nouvelle articulation
antre les armées professionnelles et tous ceux, volontaires et réservistes,
qui, dans l'avenir, leur apporteront un indispensable concours. La relation
solidaire qui unira chaque citoyen à la défense du pays doit
être mieux définie. Le gouvernement recherchera avec le Parlement
l'assentiment le plus large possible sur le dispositif qu'il conviendra
de retenir.
L'Europe est importante pour notre défense. Le gouvernement souhaite
donc imprimer un nouveau dynamisme à la coopération qui sera
développée dans ce cadre.
Il est à cet égard urgent de mettre en place une politique
plus cohérente pour les industries de défense. Nos entreprises
doivent impérativement se concentrer, restaurer et accroître
leur compétitivité afin de trouver toute leur place dans
les futures coopérations en Europe.
Mesdames et Messieurs les Députés,
En m'adressant à vous, je mesure le poids de ma responsabilité
personnelle et de celle de mon gouvernement. Cette responsabilité,
je l'accepte, je la revendique même, car elle est au cur de la relation
démocratique et citoyenne que j'ai voulu nouer avec les Français.
Mais je tiens à en préciser les termes.
J'entends dire ici ou là que, selon une expression convenue,
"nous n'avons pas le droit à l'erreur". Telle n'est pas ma conception,
ni mon langage. Les Français le savent. Nous serons confrontés
à des problèmes et à des situations très difficiles,
dont l'appréciation et la résolution comporteront des risques
et des incertitudes. Ce qu'ils attendent de nous, ce n'est pas le discours
artificiel et lénifiant de la certitude: c'est la conscience de
nos engagements, c'est la fidélité à nos objectifs,
c'est l'authenticité de notre parole, c'est l'explication sans faux-fuyants
de nos actes.
Nous sommes un peuple adulte, mûri par les épreuves, désireux
d'entendre, de comprendre le langage de la vérité.
Le gouvernement sera toujours prêt au dialogue, toujours attentif
aux critiques d'où qu'elles viennent, pourvu qu'elles soient inspirées
par l'intérêt national. Il négociera sa route mais
il ne se laissera pas dévier de son but.
Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation.
Le Premier ministre dirige l'action du gouvernement. Telles sont les prescriptions
claires et précises de la Constitution. Elles seront mises en uvre.
De sa majorité, le gouvernement attend un soutien lucide et attentif.
A la Nation il dit: rien ne peut être fait sans son concours actif,
sans l'adhésion individuelle et collective des citoyens qui la composent.
Les efforts seront justement répartis. La réussite sera l'uvre
de tous. ses fruits doivent être partagés.
Cette réussite nécessite du temps et de la persévérance.
Elle s'inscrira dans la durée, celle du mandat de législature
que le peuple nous a confié. Il n'y aura ni pause, ni recul, ni
reniement.
Je le dis aux Français, ce pacte républicain, ce pacte
de développement et de croissance, ce ne sont pas des promesses
octroyées, mais une parole donnée pour qu'ensemble, tous
ensemble, nous donnions à la France le ressort et la force d'affronter
son avenir.
Mesdames et Messieurs les députés, je le dis avec gravité
et avec résolution: je vous demande votre confiance parce qu'en
conscience et en vérité, pour notre pays, j'ai confiance.
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