Des propositions cohérentes

Lionel Jospin

Intervention de Lionel Jospin lors d'une conférence de presse nationale du 14 mai 1997


 
Nous entrons dans la 4ème semaine de campagne.
La décision des Français n'est pas prise et la droite le ressent.
On nous dit que les Français se détermineront plutôt sur les propositions, sur les programmes... cela tombe bien car des propositions claires existent chez les socialistes, elles n'existent pas à droite.
Où est le programme UDF-RPR ?
La plateforme UDF/RPR -qui tient en cinq pages- a été présentée devant les parlementaires, il y a de cela 15 jours mais personne ne peut la voir et ne peut la lire pour juger sur pièce.

La droite, c'est en fait un bilan non assumé, pas de perspectives claires, pas de programme et pas de chef de campagne ; à moins que le chef de campagne, pour l'instant en Chine, vienne nous retrouver plus tard !
Quelle politique la droite veut-elle mener ?
Est-ce celle de Nicolas Sarkozy, qui veut réduire la dépense publique, assouplir les conditions des contrats à durée déterminée, supprimer les lois Aubry sur les plans sociaux ?
Est-ce celle d'Alain Madelin, qui veut redéfinir à la baisse le périmètre de l'État ?
Est-ce celle de René Monory qui, lui, propose de supprimer le SMIC ?
Est-ce celle de Philippe Séguin, qui tape sur les socialistes tout en enpruntant à notre programme un certain nombre de généralités sur l'Europe ou sur l'Éducation ?
Est-ce celle d'Alain Juppé, dont on ne connaît pas bien les perspectives ?

 " Où est le programme UDF-RPR ?
La plateforme UDF/RPR - qui tient en cinq pages - a été présentée devant les parlementaires, il y a de cela 15 jours mais personne ne peut la voir et ne peut la lire pour juger sur pièce. " 
Quelle coupe dans les services publics veulent-ils faire, puisqu'ils en menacent les Français ?
Quels sont les services publics auxquels ils veulent porter atteinte et où les coups seront-ils portés ? Dans l'Éducation nationale ? Dans la sécurité ? Dans le logement ? Dans la Justice ? Dans la protection sociale ?

Comment vont-ils financer leur programme ? On gèle des crédits budgétaires ; on prétend vouloir réduire la dépense publique et pourtant, chaque jour, Monsieur Juppé, sur un coin de table, improvise des propositions nouvelles.
Quant au chef de campagne, il semble que ce soit la première fois en France que, dans une élection législative, on nous dérobe à ce point celui qui est sensé mener la campagne.

De notre coté, nous avons des propositions tirées à 10 millions d'exemplaires que chaque Français peut se procurer et qu'ils peuvent examiner sur la base de leur propre jugement.
Il existe une volonté, des propositions et une équipe qui tire dans le même sens sur le terrain ou dans ses interventions.

Nous constatons que c'est autour de nos propositions que se fait le débat aujourd'hui. Et s'il n'y avait pas les propositions du Parti socialiste, on ne sait pas de quoi on parlerait !
Elles offrent des perspectives et il est intéressant de voir, dans un sondage publié par l'Agefi et le Figaro, à quel point -sur la question d'une croissance qui serait tirée par une progression maîtrisée du pouvoir d'achat ou sur la diminution du temps de travail- les Français sont intéressés par nos propositions... et à certains égards, y adhèrent.
 " De notre coté, nous avons une volonté, des propositions et une équipe qui tire dans le même sens sur le terrain ou dans ses interventions. " 
Nous proposons des orientations, nous définissons des moyens qui peuvent nous permettre de déboucher sur une croissance plus forte, sans toucher à un certain nombre de contraintes qui concernent le niveau de la dépense publique ou de prélèvements obligatoires.

Ces propositions sont cohérentes et s'appliquent dans le temps ; pas en 40 jours, pas en six mois mais sur la perspective d'une législature.
Il y a la volonté de créer des richesses, de produire pour une nouvelle croissance ; il faut donc pour cela respecter le marché tout en le régulant, le corrigeant.
Il faut une impulsion des pouvoirs publics accompagnée par un engagement des acteurs de la vie économique et sociale.
C'est pourquoi la loi, la négociation puis le contrat sont les méthodes par lesquelles nous voulons agir.
Politique de la demande, croissance concertée en Europe : dès le sommet d'Amsterdam, si nous avons une majorité nous pourrons poser ces questions devant nos partenaires européens.

Le tissu des petites et moyennes entreprises sera le tissu créateur d'emploi, à la fois sur les nouveaux produits et sur les nouveaux services.
Il faut une fiscalité favorable à l'investissement à risque, une mobilisation d'épargne vers les fonds propres des petites et moyennes entreprises, une simplification des formalités administratives, une politique de soutien au capital risque. C'est ainsi que nous voulons distribuer de façon plus équitable et créer la richesse.

En ce qui concerne la diminution du temps de travail, nous établirons une loi-cadre, des négociations branche par branche, entreprise par entreprise sur une perspective de 3 ans... nous sommes loin de la caricature donnée de nos propositions.

Notre programme prévoit pour les jeunes 350 000 emplois, objectif pour le public, et 350 000 espérés pour le privé (nous ne sommes pas là en responsabilité directe) : 35 milliards sur deux ans, nous pensons que ceci peut être financé.
Il y a donc une formation politique qui fait des propositions, ses grandes orientations vont dans le sens de ce que souhaitent les Français. Il reste donc à lutter contre le scepticisme général qui concerne toutes les formations politiques.

Ou l'on reste dans l'engourdissement actuel ou l'on offre des perspectives.
C'est ce choix qu'auront à faire les Français.

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