Muncipales 2001 à Paris
Campagne de désignation du candidat socialiste

Jack Lang

 Courrier de Jack Lang adressé aux militants socialistes parisiens



 

Paris, le 2 mars 2000

Mes chers camarades,

Ma décision de solliciter votre confiance est le fruit d'une réflexion collective.

La candidature espérée de Dominique Strauss-Kahn a suscité en chacun des espoirs de victoire. Après son retrait, de nombreux militants de tous les arrondissements de Paris m'ont alors interrogé sur mon éventuelle participation à la bataille municipale de la Capitale.

J'ai finalement estimé que mon devoir de socialiste était de ne pas me dérober, mais de m'engager avec vous et à vos côtés dans cette nouvelle ambition collective. Lyne Cohen-Solal, dont les combats parisiens sont connus de tous, fait partie de ceux qui m'ont encouragé à relever ce défi. Elle est naturellement devenue porte-parole de ma campagne.

Au confort d'une situation acquise à Blois que j'ai durablement arraché à la droite, j'ai préféré le risque d'une élection ardue mais vitale pour notre majorité plurielle. Dans ma vie militante, je n'ai connu ni les circonscriptions " quatre étoiles " ni les combats gagnés à l'avance. Partout où le Parti socialiste m'a demandé de me battre, je n'ai jamais fait perdre la gauche, même dans ses périodes les plus noires.

En 1996, Lionel Jospin a entrepris avec enthousiasme la rénovation de notre parti. A sa demande, j'ai élaboré le texte de notre Convention nationale Les acteurs de la démocratie. Nous avons beaucoup progressé, notre démocratie interne s'est approfondie. C'est l'honneur de notre parti.

Chacune et chacun d'entre vous sera donc appelé à choisir librement, en son âme et conscience, le meilleur candidat pour battre la droite et mobiliser l'enthousiasme du plus grand nombre autour d'un projet de vrai changement.

Les Parisiens vondront élire comme maire de leur ville un homme d'expérience qui aura concrètement prouvé ses capacités de gestion, d'innovation et d'imagination. La chance m'a été donnée d'assurer pendant dix ans des fonctions d'État à la tête de trois ministères - la Culture, la Communication et l'Éducation nationale -, puis de transformer profondément la vie quotidienne des habitants de la ville de Blois. A chacun d'entre vous d'appécier si, à travers ces actions, j'ai témoigné ou non d'une aptitude à construire, à animer des équipes, si j'ai réussi ou non à fédérer les énergies et les talents et à métamorphoser les institutions dont j'ai eu la charge.

Il est également important que le futur maire de Paris ait une connaissance vivante et concrète de la cité. J'aime Paris. J'y ai étudié, milité, travaillé, enseigné. J'y vis depuis l'âge de vingt ans. je me suis battu pour sa qualité de vie et, militant de l'environnement, j'ai lutté aux côtés des associations de sauvegarde contre la destruction des Halles, de la Gare d'Orsay, ou contre le tout-béton. Élu conseiller de Paris en 1977, cette action de terrain nous a permis de sauver le Carreau du Temple de la destruction, de bloquer de nombreuses opérations immobilières de bureaux ou de résidences de standing, et d'obtenir pour les jeunes et les enfants des terrains de sport, des espaces de jeux.

Il n'est pas un arrondissement de Paris où, comme ministre, je n'aie eu l'occasion, ç un moment ou à un autre, d'agir pour amènager un espace, construire un édifice, protéger ou classer des rues, des maisons, des monuments, des marchés ou pris des initiatives en faveur des associations. Ces réalisations pour Paris comportent naturellement leur part d'imperfection ou d'inachèvement mais elles me permettent maintenant de mieux appréhender les attentes et les espoirs de ses habitants.

Aujourd'hui s'impose le besoin d'un projet radicalement nouveau pour Paris, imaginatif et par-dessus tout solidaire. Il n'est plus tolérable qu'une ville aussi riche reste indifférente à celles et ceux qui peinent et souffrent de l'exclusion, des inégalités mais aussi des pollutions et de l'insécurité, de la pénurie de logements sociaux, du manque d'équipements de proximité, de l'invasion de l'automobile.

Nous devons aussi avoir l'ambition de rendre Paris à ses habitants et d'en finir avec un système préfectoral hérité du XIXème siècle qui prive les Parisiens du droit à la démocratie locale. Donnons un vrai pouvoir de décision aux mairies d'arrondissement. Créons des conseils consultatifs en faveur des résidents étrangers. Mettons en place des instances de dialogue avec les communes et départements limitrophes afin d'offrir de réelles perspectives d'amélioration du cadre de vie, de l'organisation des transports, de la localisation des entreprises, et de la création de logements.

Face aux autres métropoles mondiales - New York, Londres, Berlin -, nous aurons enfin à redonner à Paris toute sa puissance de capitale économique et intellectuelle.

De tous ces sujets, je suis impatient de discuter avec vous directement et personnellement, car notre projet, nous ne pouvons l'inventer que collectivement.

Militants, élus, responsables fédéraux : c'est vous qui avez initié depuis des années ce que nous allons essayer de rendre possible en mars 2001. Vous serez les premiers artisans de notre réussite. Je me réjouis de me retrouver devant vous très bientôt pour tenter de vous convaincre qu'ensemble nous pouvons gagner et changer Paris.

C'est une passion commune qui doit nous animer. C'est cette passion que je vous propose de partager.

Amitiés socialistes,

Jack Lang