Je ne suis pas le bon Arabe de service

Kader Arif

Entretien avec Kader Arif, premier secrétaire fédéral en Haute-Garonne, publié dans le quotidien La Depêche du Midi daté du 20 avril 2004
Propos recueillis par René Grando


 

Quelles ont été vos impressions lorsque vous avez appris que le PS vous désignait comme tête de liste aux européennes ?
Je ressens cela comme un grand honneur qui me touche profondément, au travers de ma propre histoire. Je regrette que ma mère ne soit plus là pour partager avec moi ces moments. Elle serait heureuse et fière, comme je suis fier pour mon père, âgé de 80 ans. Ils se sont battus toute leur vie. Aujourd'hui je pense à l'éducation qu'ils m'ont donnée, à tout ce qu'ils ont fait pour moi.

Le fait que vous soyez fils d'immigrés maghrébins a-t-il joué en votre faveur pour votre désignation par le Parti socialiste ?
Cette désignation a une valeur symbolique forte. Elle répond à la volonté exprimée par François Hollande au congrès de Dijon. Mais je suis contre le communautarisme ; je ne suis pas le « bon Arabe » de service ! Je suis un vrai Tarnais, un vrai Toulousain. Cette désignation est avant tout l'aboutissement d'un long travail militant au sein de la fédération socialiste et des bons résultats de la gauche dans notre région. Si j'avais pensé qu'il s'agissait d'une promotion au faciès, je n'aurais pas été candidat.

Vous parliez tout de même de symbole...
Bien sûr. C'est un moyen de dire aussi aux jeunes de l'immigration que rien n'est facile, mais qu'à condition de bosser, ils ont toute leur place dans la société française. Un fils d'immigré candidat aux européennes, c'est aussi le produit du système républicain qui, quoi qu'on en dise, continue à intégrer et à promouvoir. La France est diverse, ça ne date pas d'aujourd'hui. L'espoir existe pour tous et si ma candidature incite des jeunes à aller voter, les message sera passé.

Sur quels thèmes allez-vous faire campagne ?
Je dirai aux citoyens que l'Europe n'est pas celle des diplomates et des technocrates. Elle concerne leur vie quotidienne : 60 % des lois votées en France sont la déclinaison de lois européennes. Je dirai aussi que droite et gauche, ce n'est pas la même chose. Avec la gauche, je vais me battre pour intégrer un traité social à la Constitution européenne.

Êtes-vous pour ou contre la future entrée de la Turquie dans l'Union européenne ?
De Gaulle et Adenauer s'y étaient engagés, Jacques Chirac aussi. Moyennant la confirmation et le respect de fortes exigences démocratiques, je suis favorable à l'adhésion de la Turquie.

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