Présider autrement
Lille - Jeudi 7 mars 2002

 Discours de Martine Aubry prononcé lors du premier grand meeting de la campagne présidentielle, à Lille (Nord).

 

Cher Lionel,
Mes chers amis,
Mes chers camarades,

Quel bonheur de vous retrouvez aussi nombreux, comme à chaque fois, ici à Lille, à chaque grand rendez-vous politique - Pierre Mauroy le disait tout à l'heure - auprès de François Mitterrand en avril 1981, en avril 1988, déjà auprès de toi Lionel, le 20 avril 1995 et le 29 mai 1997. Vous êtes ce soir près de 15 000 autour de notre candidat Lionel Jospin.

Je salue chacun d'entre vous. Je salue tous mes anciens collègues ministres, qui sont là ce soir et cela nous fait grand plaisir. Je salue Marc Dolez et Serge Janquin, les premiers secrétaires de nos deux grandes fédérations du Nord et du Pas-de-Calais qui savent si bien militer ensemble et nous en sommes fiers. Je salue l'ensemble des élus et des parlementaires socialistes de nos deux départements que dirigent avec succès Bernard Derosier et Roland Huguet et, bien sûr, de notre région présidée par Daniel Percheron qui, vous l'avez vu, porte haut et fort les ambitions collectives du Nord-Pas-de-Calais. Je salue Elio di Rupo et tous les Belges - et ils sont nombreux qui sont avec nous ce soir - président du parti socialiste wallon, notre frère, qui construit avec un avenir commun.

Quel bonheur de voir, qu'encore une fois, les militants de toutes nos communes du Nord-Pas-de-Calais sont là et Lionel, tu sais, ils ne sont pas là par habitude. Ils sont là par conviction et par fidélité pour honorer le combat d'une vie, la leur, souvent celle de leurs parents.

N'oublions que le socialisme est né ici et ce n'est donc pas un hasard, Lionel, que tu as choisi Lille pour ton premier grand meeting de cette campagne présidentielle. Merci Lionel d'être ici.

Laisse moi te dire combien ton sens des responsabilités, ta détermination à servir nos valeurs et l'intérêt de notre pays, nous rendent tous fiers d'être socialistes, d'être de gauche et aujourd'hui fiers d'être à tes côtés dans cette campagne. Laisse moi te dire combien le Nord-Pas -de-Calais t'es particulièrement reconnaissant du bilan que tu laisses à la France après cinq années de gouvernement. Tu sais que le mouvement ouvrier de notre région à apporter grâce à ses luttes beaucoup des droits des travailleurs français ; alors je le dis, je suis fière en tant que militante du Nord d'avoir porter en ton nom et au nom de toute la gauche plurielle des réformes essentielles pour les Français et en particulier pour les plus modestes.

Et, bien entendu, d'abord les 35 heures. On nous disait et on nous dit encore que les 35 heures allaient vider notre économie : notre taux de croissance, n'est-ce pas Dominique (Strauss-Kahn), n'est-ce pas Laurent (Fabius), a caracolé en tête de l'Europe depuis cinq ans. On nous disait que les 35 heures allaient supprimer des emplois : elles en ont déjà créer 400 000, participant à la baisse sans précédent du chômage dans notre pays. On nous dit que les 35 heures procèdent d'une vision autoritaire du pouvoir : elles sont en fait le reflet d'un volontarisme politique qui a refusé la fatalité du chômage et elles ont entraîné, il faut le rappeler, le plus vaste mouvement de négociation avec 120 000 accords signés. Et que dire de l'amélioration de la condition de vie des 13 millions de Français qui en bénéficient déjà.

Alors que veut faire la droite sur les 35 heures ? Jacques Chirac est bien connu pour au moins une chose. Il a successivement été pour et contre toutes les politiques conduites en France depuis 25 ans. Et bien aujourd'hui il réussi un nouvel exploit : être à la fois pour et contre les 35 heures. Pour, quand il dit qu'il ne veut pas les remettre en cause parce qu'il sait les Français ne l'accepteraient pas. Contre, quand il veut en fait les contourner par des souplesses qu'il nous annonce dès aujourd'hui. Et on nous ferait croire que ces souplesses riment avec la liberté de chacun de choisir ses horaires. A qui ferait-on croire qu'en France ce sont les salariés qui choisissent leurs horaires de travail. De quelle liberté dispose les salariés notamment dans les petites et moyennes entreprises ? Alors, mes chers camarades, que Jacques Chirac dise clairement les choses. S'il veut remettre en cause les 35 heures qu'il le dise aux Français qui jugeront.

Que dire aussi des 350 000 emplois-jeunes qui étaient nous disait-on de faux emplois publics ou des petits boulots précaires sans raison et sans intérêt. Et bien, mes chers camarades, tout le monde le reconnaît ces emplois ont redonner à une partie de la jeunesse la confiance et surtout, et c'est majeur, l'utilité sociale.

Un mot sur la protection sociale. Avec Juppé et Chirac la Sécu était perdue. Le déficit atteignait 250 milliards de francs et on nous expliquait qu'il fallait arrêter un système de protection sociale que le monde entier nous envie. Et bien, aujourd'hui, et encore hier Élisabeth (Guigou) l'annonçait, la Sécurité sociale est en excédent et nous l'avons fait en même que la Couverture maladie universelle donnant ainsi aux plus démunis l'accès à ce qui est le plus précieux : le droit à la vie, le droit à la santé et nous sommes ici, Daniel (Percheron) l'a dit dans une région où l'espérance de vie est la plus faible de France combien la CMU est une avancée majeure.

Lionel, ton gouvernement, ta majorité, ont mis en place une politique économique innovante poursuivi la modernisation de notre pays. Tu as voulu, tu as fait la parité le PACS, tu as réalisé l'indépendance de la justice. En un mot, tu as fait ce que tu avais dit. Tu as redonné des couleurs à la politique.

Alors les Français ont retrouvé leur voix. Repliés sur eux-mêmes, craintifs en 1997, aujourd'hui les Français parce qu'ils vont mieux portent de nouvelles aspirations et de nouvelles exigences. Ils nous disent de poursuivre vers le plein emploi, ils nous disent de continuer la lutte contre les inégalités, ils veulent que chacun puissent vivre en sécurité, que chaque enfant réussisse à l'école, que chaque malade ait accès aux meilleurs soins, ils veulent être respectés dans leur différence d'âge, de culture, d'origine ou d'orientation sexuelle. Ils souhaitent participer à notre vie collective où chacun doit trouver sa place. Ils sont Lionel exigent vis-à-vis de nous et ils ont raison car la noblesse de la politique c'est effectivement de construire une société où chacun ait sa place et où nous vivons mieux ensemble.

C'est ce que tu as fait Lionel et c'est ce que tu t'engages à faire autour des engagements que tu as déjà pris pour une France active, sûre, juste moderne et forte. Tu as mis la responsabilité au cœur de ton projet. Un président nouveau qui associe sa responsabilité à celui des engagements qu'il a pris, qui porte haut l'ambition de la France : une France forte, créative moderne innovante mais aussi solidaire car tu seras un président proche des Français. Une responsabilité pour l'État et les collectivités locales, les services publics plus décentralisés, plus autonomes pour que chaque agent devienne acteur pour améliorer la vie des Français. Une responsabilité des syndicats et des associations acteurs majeurs d'une société qui veut se prendre en main. Une responsabilité des Français, responsables de leurs actes de parents comme de citoyens, respectueux des autres et des règles collectives.

Et bien cela te différentie Lionel de beaucoup d'autres et notamment de Jacques Chirac car non seulement tu présideras autrement, tu prendras tes responsabilités et tu diras aux Français de prendre les leurs : du civisme, du respect, de la solidarité, de la fraternité.

Et c'est parce que tu portes ces valeurs que les jeunes sont aujourd'hui derrière toi. Les jeunes à qui tu proposes un pacte de confiance. Les jeunes mieux reconnus pour ce qu'ils sont parce qu'ils sont porteurs de tolérance et d'humanisme et non de violences comme certains veulent le faire croire. Des jeunes que tu souhaites accompagner vers l'autonomie. Des jeunes à qui tu proposes des contrats volontaires au services des autres. Les autres, justement, les personnes âgées, les handicapés, ceux venus d'ailleurs... pour tous ceux-là nous devons continuer à changer la France.

Et puis sachons nous projeter au-delà de nos frontières. Faisons en sorte qu'enfin la voix de la France qui est attendue soit enfin entendue : une voix forte pour l'Europe et pour le monde. Créons en Europe un espace de solidarité et de liberté qui apporte des garanties sociale contre le licenciement, qui réunit ses forces de recherche contre le cancer, le sida ou la maladie d'Alzheimer, qui défend demain mieux qu'aujourd'hui nos services publics.

Créons cette Europe politique qui sera demain intervenir dans le conflit du Proche-orient, qui sera être présent dans le conflit d'Afghanistan, qui saura aider à la régulation du monde et qui saura faire rimer égalité avec liberté, solidarité dans notre pays avec solidarité dans les pays du Sud.

Alors voilà Lionel, tout ceci est finalement assez simple : nous sommes 15 000 ce soir pour te dire qu'il n'y a qu'un seul candidat en mesure de diriger une France respectée dans le monde et à l'écoute des Français, qu'il n'y a qu'un seul candidat capable de restaurer le sens de l'action publique, qu'il n'y a qu'un seul candidat capable de s'adresser aux jeunes pour leur donner le goût de s'engager et de faire bouger la société, qu'il n'y a qu'un seul candidat qui allie fidélité, rigueur, honnêteté et respect de la parole donnée.

Tu vois Lionel les choses sont simples :: il n'y a qu'un seul candidat qui donne envie aux Français de continuer à changer la France ensemble. Ce candidat Lionel c'est toi. C'est simple, c'est clair, c'est vrai, et je suis sûre que le 5 mai au soir tu te souviendras de cette soirée exceptionnelle à Lille qui t'aura entraîné dans un formidable élan, dans un grand souffle jusqu'à la victoire.
A toi Lionel.

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