Nous avons fait un mauvais début de campagne

Jean-Marc Ayrault


Entretien avec Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, paru dans Le Figaro daté du 30 mars 2005
Propos recueillis par V. A
 

Pourquoi les arguments du oui n'accrochent-ils pas parmi l'électorat socialiste ?
Il faut le reconnaître, nous avons fait, à droite comme à gauche, un mauvais début de campagne. Les Français ont le sentiment que nous menons un débat de partis ou de personnes alors qu'il faudrait mener une campagne sur le fond. Les gens ne mettent pas en cause l'Europe, mais ils expriment un ras-le-bol social. A la différence de ses partenaires, la France a perdu l'idée de progrès social. Le défi est de redonner cette espérance en montrant que la Constitution européenne peut y contribuer. Nous avons trop tendance à confondre la Constitution avec la politique du gouvernement Raffarin. Il faut donc reprendre la main pour être en phase avec ce que pensent les Français sans vouloir culpabiliser ceux qui sont tentés de voter non. Il nous faut démontrer que la Constitution est un vrai progrès. C'est paradoxal, mais le non serait une victoire des libéraux. Il renforcerait la conception européenne du libre-échange, car les protections sociales offertes par la Constitution disparaîtraient.

Avec ces sondages qui se succèdent, pensez-vous qu'un retournement de tendance soit possible ?
Rien n'est joué. Mais je tiens à faire observer que, si nous voulons préparer de la meilleure façon l'alternance pour la présidentielle de 2007, nous ne pouvons pas ajouter une crise européenne à une crise politique et sociale française déjà profonde. La victoire du oui sera une chance de plus de mettre en marche l'alternance et de la réussir. La Constitution nous donnera des leviers nouveaux au plan social et politique pour peser en faveur d'une orientation plus progressiste de l'Europe.

Le PS pourra-t-il éviter une crise profonde après le référendum, quel qu'en soit le résultat ?
Les querelles internes sont vaines. Concentrons-nous plutôt sur l'expression des arguments du oui. La politique n'est pas un long fleuve tranquille, nous avons déjà surmonté d'autres épreuves. Le choc du 21 avril ne nous a pas empêchés de gagner les régionales et les européennes. Il y a une chose que nous n'avons pas le droit de faire : décourager la forte aspiration à l'alternance.

© Copyright Le Figaro


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]