Ne refaisons pas les erreurs de l'entre-deux-tours

Claude Bartolone



Entretien avec Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 9 mai 2007
Propos recueillis par Myriam Lévy
 

Le bureau national a décidé que la campagne des législatives serait menée de façon collective. Qu'est-ce que cela signifie ?
Cela signifie que les socialistes veulent affronter les élections législatives rassemblés. Nous le devons à ces militants, ces électeurs qui ont été assommés par le résultat de l'élection présidentielle et qui attendent du PS qu'il réagisse et non qu'il se divise. Après un tel choc, il faut faire bloc. Rassemblés, nous présenterons une plate-forme prenant en compte notre échec, mais qui ne peut être présentée comme le ­troisième tour de l'élection présidentielle.

Vous ne ferez donc pas campagne pour les législatives sur la base du pacte présidentiel de Ségolène Royal ?
Non. La présidentielle est terminée. Notre plate-forme doit bien sûr reprendre des orientations qui ont été au coeur de la campagne, comme le plein-emploi, la santé, la réforme des retraites, la question de l'énergie ou la maîtrise de la mondialisation. Mais elle doit aussi tenir compte d'un fait : nous n'avons pas gagné. Si notre candidate n'a pas été élue, c'est aussi parce que son pacte présidentiel n'a pas convaincu.

Si ces législatives ne sont pas un troisième tour de la présidentielle, est-ce à dire que vous avez abandonné toute idée de victoire ?
Nous essayons de ne pas nous raconter des histoires. Nicolas Sarkozy a gagné l'élection présidentielle. Nous prenons en compte la mécanique institutionnelle, le calendrier électoral que nous avons hélas accepté, qui place les législatives dans la foulée de la présidentielle. Mais c'est aussi la responsabilité des socialistes que de dire aux Français : Êtes-vous sûrs de vouloir de cette orientation atlantiste, communautariste et ultralibérale qui est celle de Nicolas Sarkozy ? Pour vous en protéger, il vaut mieux avoir une gauche la plus forte possible pour équilibrer les pouvoirs.

Une cohabitation est-elle souhaitable ?
Une cohabitation avec les socialistes et la gauche serait évidemment préférable à une régression sociale pour cinq ans.

Mais alors, le PS ne doit-il pas faire alliance avec l'UDF de François Bayrou, avec des accords de désistement ?
Au cours de cette campagne présidentielle, tout le monde n'avait que deux mots à la bouche : « mo­dernisation et moralisation » de la vie politique. Ces deux valeurs ne peuvent aller de pair avec la redécouverte des combinaisons d'ar­rière-cuisine électorale. Pour qu'un accord de désistement soit crédible, il faut qu'il se fonde sur un accord programmatique, une plate-forme commune. On ne ­fonde pas une stratégie politique sur des accords sans contenu. Un accord électoral qui donnerait le sentiment que nous nous effaçons devant des responsables dont tout nous différencie, serait un très mauvais signal envoyé à nos électeurs. Il serait même contre-productif. Ne refaisons pas les erreurs de l'entre-deux-tours de la pré­sidentielle. Lorsque Ségolène Royal s'adressait à tous ceux qui n'avaient pas voté Sarkozy au premier tour pour leur dire qu'ils avaient le choix entre deux visions de la société, il n'y avait rien à redire. Mais c'était autre chose que de proposer des postes ministériels à l'UDF et d'aller jusqu'à envisager même François Bayrou à Matignon, sans accord sur un projet commun.

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