Imposer un choix entre le oui et le non, ce n'est pas raisonnable

Claude Bartolone



Entretien avec Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 10 mars 2005
Propos recueillis par Dominique de Montvalon
 

Quelle leçon tirez-vous du bureau national du PS de mardi, où Laurent Fabius a été accusé d'avoir manqué à la solidarité envers le premier secrétaire ?
Nous avons assisté à une petite opération bureaucratique. J'ai le sentiment que, par le biais d'attaques personnelles, on a essayé de disqualifier la parole de Laurent Fabius, voire de l'amener à se taire. C'est un responsable politique considéré à juste titre comme un pro-européen. Qu'un homme d'Etat comme lui, en conscience, vote non, cela dérange.

On lui reproche d'avoir dit lundi à Marseille que la prise à partie de François Hollande samedi à Guéret était prévisible « à cause du mélange des genres avec Chirac »...
Jamais Laurent Fabius n'a voulu manifester la moindre distance ou le moindre manque de solidarité avec François Hollande. La violence politique, c'est quelque chose qu'il n'admet pas, qu'il ne supporte pas car cela n'a rien à voir avec le débat démocratique. D'ailleurs, ceux qui en appellent aujourd'hui à la solidarité, j'aurais bien aimé les entendre lorsque le numéro deux du PS était personnellement attaqué et mis en cause parce qu'il exprimait ses convictions lors du référendum interne.

Ne pensez-vous pas que ce genre de débat affaiblit le PS ?
C'est vrai. Lorsque l'on constate le climat de fronde sociale qui existe actuellement dans notre pays, lorsque l'on assiste au rejet de la politique du gouvernement par les lycéens, par les salariés et par tous ceux qui sont victimes de l'insécurité sociale, on est en droit d'attendre autre chose des débats du PS. Je ne pense pas que les milliers de manifestants qui vont défiler aujourd'hui le feront pour ou contre Laurent Fabius !

Vous-même, allez-vous comme Laurent Fabius voter non le 29 mai ?
Tout à fait. Bien que passionnément attaché à mon parti, j'ai la conviction profonde que ce texte ne permet pas l'avènement de l'Europe sociale.

Pourtant, vous l'aviez réclamé, ce référendum interne...
Oui. Mais à l'évidence nous sommes plus à notre aise lorsque nous parvenons à une position de compromis et de rassemblement. Avec le référendum, nous découvrons une pratique qui n'est pas la nôtre. Imposer un choix entre le oui et le non et demander aux minoritaires de se taire, ce n'est visiblement pas raisonnable.

Qu'auriez-vous envie de dire à François Hollande ?
Il faut que, très vite, le calme revienne. J'invite donc tous mes camarades à mettre leur énergie au service de la critique du gouvernement et de l'élaboration du projet, plutôt qu'à tenter maladroitement de discréditer la parole de l'un des nôtres. Il faut que nous sachions gérer collectivement l'épreuve que nous nous sommes infligée. Car, au lendemain du référendum, il faudra se rassembler, rassembler la gauche, et préparer ensemble l'alternance.

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