Pas de chasse aux sorcières !

Claude Bartolone



Entretien avec Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 3 février 2005
Propos recueillis par Philippe Martinat
 

Un tiers du groupe PS s'est abstenu mardi lors du vote sur la révision constitutionnelle. Pour vous, tenant du non, c'est une victoire ou une déception ?
C'est un score significatif. De mémoire de député, je n'ai pas en tête un vote au sein du groupe socialiste marquant une réserve aussi nette sur un texte soutenu par le PS. Cela est dû, notamment, à la manœuvre du président de la République qui tente de faire accepter aux Français l'adhésion de la Turquie en leur faisant croire que la décision finale sera prise dans quinze ans.

N'est-il pas normal que le premier secrétaire du PS tente, à travers une circulaire, de faire respecter le vote majoritaire des militants ?
La quasi-totalité de ceux qui ont fait la campagne pour le non ont envie d'être fidèles à leurs convictions, tout en gardant à l'esprit ce que représente le PS pour la gauche et pour le pays si l'on veut la victoire d'un projet alternatif. Ils ne veulent mettre en difficulté ni la direction du PS, ni la campagne qui va être organisée conformément au choix des militants.

François Hollande a-t-il, comme l'estime Henri Emmanuelli, « surréagi » dimanche par rapport à la réunion tenue la veille à Pantin par Laurent Fabius ?
Le dimanche à la Mutualité, avec les secrétaires de section, nous aurions eu intérêt, comme nous l'avions fait à Pantin, à parler des problèmes concrets, comme l'emploi, le logement, l'éducation, les services publics. Bref, parler de notre projet. C'est cela qu'attendent les électrices et les électeurs de gauche.

C'est pourtant Laurent Fabius qui a stigmatisé « l'opposition en caoutchouc »...
En fait, Laurent a eu l'idée de cette formule au lendemain du congrès de l'UDF. Elle ne visait donc pas François Hollande. S'il y a eu surréaction, c'est sans doute parce que cela arrivait dans une mauvaise séquence pour le PS qui, des quotas d'immigration à la « directive Bolkenstein » en passant par l'amendement à la révision de la Constitution voté avec l'UMP, a donné le sentiment de flotter. L'expression sur l'opposition en caoutchouc a été surinterprétée.

La direction du PS va-t-elle pouvoir installer dans toutes les fédérations des « comités du oui » ?
Cela me paraît naturel. Il y aura dans chacune des fédérations concernées un comportement intelligent permettant d'exprimer la position du parti, tout en respectant la conviction de chacun.

Défendrez-vous Jean-Luc Mélenchon s'il mord la « ligne blanche » en faisant campagne pour le non ?
Il ne faut pas se lancer dans des chasses aux sorcières, ou amener un responsable du PS à se poser en victime. Je comprendrais que la direction du PS prenne des sanctions si elle sentait que certains comportements se généralisaient. Mais il faut faire avec Jean-Luc Mélenchon comme on a toujours fait : il est comme ça ! Il faut savoir l'accepter, avec tout ce qu'il nous apporte et ce côté poil à gratter qui le caractérise.

Comment se porte votre ami Laurent Fabius ?
Je trouve qu'il va très bien. C'est un homme qui a des convictions, du courage, et envie de donner le meilleur de lui-même pour permettre à la gauche rassemblée de gagner.

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