Qu'est-ce que
le socialisme ?

Jean-Louis Bianco

 Contribution thématique au congrès national de Dijon présentée par Jean-Louis Bianco.
18 janvier 2003



I/ Pourquoi
avons-nous perdu le 21 avril ?

 
Depuis des mois tout a été dit, en particulier dans les débats menés par les militants.
Nous avons maintenant besoin, pour repartir de l’avant, d’établir sur cet échec un jugement partagé.
A 200 000 voix près, Lionel Jospin aurait pu être présent au deuxième tour et peut-être aurait-il alors gagné l’élection présidentielle.

Néanmoins, son score était très médiocre. Pourquoi ? Il y a des causes conjoncturelles, nous les connaissons : les erreurs de la campagne, le harcèlement de la télévision sur le thème de l’insécurité, le pronostic partout martelé que le second tour opposerait forcément Chirac et Jospin, la concentration des attaques de la gauche plurielle et de l’extrême gauche contre le P.S....

Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est que, malgré un bon bilan, qu’il ne faut pas jeter aux orties, l’élection présidentielle a brutalement mis en lumière des problèmes plus graves.

1) La France est face à une crise profonde du politique

    Aujourd’hui les citoyens ne croient plus dans la capacité de l’action politique à changer les choses. Tout concourt à cette dévalorisation : l’absence de perspective historique, l’accumulation des « affaires », la façon dont les journaux télévisés traitent la politique.

    L’individualisme et le corporatisme se développent, la crise de la politique se double d’une crise des « corps intermédiaires » (syndicats), d’un affaiblissement de l’autorité, de la toute puissance d’une télévision souvent dégradante.

    L’augmentation de l’abstention est le signe le plus visible de ce désintérêt : 15,8 % au premier tour de l’élection présidentielle en 1974, 18,6 % en 1988, 28,4 % en 2002. Aux législatives, 29 % en 1981, 21 % en 1986, 31 % en 1997, 35 % en 2002. Cependant, le « noyau dur » des abstentionnistes constants est relativement faible. En majorité les abstentionnistes ne sont pas les mêmes d’une élection à l’autre. Ce qui est peut-être plus grave.

2) Le P.S. (et la gauche) ont beaucoup reculé dans les « classes populaires »

    Certes, l’expression « classes populaires » est discutable. On sait bien que l’analyse de la société française en termes de classes sociales est aujourd’hui difficile à faire. Quelle est la « position de classe » d’un couple « mixte » agriculteur-instituteur, ou commerçant-employé ? Aujourd’hui pour définir une classe sociale, il faut prendre aussi en considération le degré de précarité de l’emploi, le niveau de revenu et le niveau de formation. La classe ouvrière s’est fragmentée sous l’effet de la crise et de l’évolution des processus de production. La conscience de classe s’est affaiblie.

    On en arrive à oublier que les ouvriers, même si leur proportion décroît régulièrement depuis 1975, constituent encore aujourd’hui plus du quart des actifs. L’ensemble des « salariés d’exécution » (ouvriers, employés peu qualifiés, travailleurs routiniers du tertiaire) représentent près de 60 % de la population active. Malgré leur position différente dans le processus de production, leurs emplois ont des caractéristiques semblables : bas salaires, tâches répétitives, absence de responsabilités, faible formation, et souvent instabilité professionnelle.

    Le vote P.S. (et le vote de gauche) s’est considérablement affaibli parmi les ouvriers et aussi parmi les salariés d’exécution. Où donc est passé le « vote populaire » ? Pour l’essentiel, il ne faut pas se le cacher, chez Le Pen, et, secondairement dans l’abstention. L’impuissance des politiques à changer la vie des classes populaires, la douloureuse reconversion des bassins industriels traditionnels, la précarisation de l’emploi, le problème de l’insécurité (réelle ou ressentie) ont constitué des facteurs importants de cette dérive électorale.

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II/ Que faire ?

 

1) Qu’est-ce qu’une politique plus à gauche ?

    D’abord, nous ne devons pas nous tromper sur l’analyse des résultats électoraux :

       Malgré la « claque » des présidentielles, le P.S. résiste. Il se situe autour de 24 % au premier tour de 2002 comme en 1997. Le mauvais résultat des législatives est provoqué par le recul du F.N. (d’où un plus petit nombre de triangulaires) et par la baisse du Parti communiste.

       Contrairement à une idée reçue, la progression de l’extrême gauche n’est pas évidente. Certes, les candidats d’extrême gauche à l’élection présidentielle totalisent 10,44 % des voix, mais avec un Robert Hue à 3,37 %. Aux législatives, l’extrême gauche ne rassemble que 2,42 % des voix.

    Dans ce contexte l’affirmation : « le P.S. doit être plus à gauche » est lourde d’ambiguïtés.
    La gauche est et reste minoritaire dans notre pays (45 % des suffrages exprimés au premier tour des législatives de 1997, pourtant victorieuses, et moins de 40 % en 2002). N’oublions pas qu’aux élections législatives l’ensemble des voix situées à la « gauche » du P.S., communistes compris, a plafonné à 7,63 %, ce qui représente un point bas historique.

    La société française est et reste à droite. Elle est à bien des égards profondément conservatrice, en dépit des appels rituels aux réformes. Elle est encore plus conservatrice dans des périodes marquées, comme aujourd’hui, par les inquiétudes sur l’évolution du monde, l’insécurité de l’emploi, et la crainte de la délinquance. Les couches populaires sont les premières à demander une lutte plus efficace contre l’insécurité. 55 % pour cent des sympathisants socialistes approuvent la politique de sécurité du gouvernement.

    Tout cela étant rappelé, il est vrai qu’une partie importante des abstentionnistes, et même des électeurs passés à l’extrême gauche (le facteur Besancenot) et à l’extrême droite pourraient être reconquis par une politique « plus à gauche ». Mais que signifie exactement une politique « plus à gauche » ?

    En dehors de l’insécurité (réelle ou ressentie), trois critiques essentielles sont apparues avec force durant la campagne, critiques qu’auparavant nous n’avions pas su suffisamment entendre :
       Les 35 heures, qui restent une grande réforme et globalement un succès, ont provoqué des mécontentements dans la fonction publique (absence ou insuffisance des créations d’emplois, en particulier dans les hôpitaux) et surtout chez les salariés les plus modestes, qui ont vu leur fiche de paie diminuer à cause de la réduction ou de la disparition des heures supplémentaires.

       Les drames Vilvoorde, Danone, Moulinex ont été ressentis comme emblématiques même par ceux qui n’en étaient pas les victimes. Malgré les avancées de la loi de modernisation sociale (que la droite s’est empressée de détruire), nous n’avons su ni tenir un discours convaincant, ni mettre en place un dispositif adéquat.

       L’insuffisante progression du pouvoir d’achat, qu’exprime la phrase que nous avons souvent entendue : « pour des gens comme nous, il n’y a pas eu de vrais changements ».

    La leçon à tirer des licenciements dramatiques ne peut pas se trouver dans l’interdiction de licencier ou dans la fabrication de procédures compliquées qui n’aboutiraient qu’à paralyser l’économie. La vraie réponse, c’est la mise en place d’une véritable sécurité sociale du travail avec comme objectif : zéro chômeur en cas de plan social. Mais attention à ne pas inventer une nouvelle bureaucratie ou une usine à gaz ! Malgré les idées déjà avancées par le mouvement syndical, ce n’est pas si simple à faire.

    Quant au pouvoir d’achat, le choix stratégique du gouvernement Jospin, à la fois politique, économique et social, était d’améliorer en faveur des salariés le partage salaires/profits. Ce choix était fondamentalement juste. Il a d’ailleurs été l’une des raisons essentielles d’un taux de croissance plus fort en France que dans la plupart des autres pays européens et il a permis la croissance de l’emploi et la baisse du chômage.

    Fallait-il aller plus loin ? Pouvait-on aller plus loin sans mettre en péril la compétitivité des entreprises ? Quelle politique mener à l’avenir sur le SMIC par rapport aux salaires situés juste au-dessus ? Quelle place pour la négociation conventionnelle ? J’y reviendrai.

    En tout cas, l’augmentation des minima sociaux n’est pas LA solution face à la détresse et à l’exclusion. La seule priorité qui ait un sens, c’est la réalisation concrète du droit au travail pour tous. Chacun a besoin de se sentir utile et non pas assisté. Et nous avons tous entendu des salariés nous dire : « moi je me lève à cinq heure du matin pour gagner le SMIC, alors que je vois mon voisin avoir sans bosser des revenus à peu près équivalents». Il faut que chacun puisse trouver un emploi ou, au moins, une formation qui ne soit pas une formation parking, ou exercer une activité d’intérêt général. Cela suppose que les cotisations sociales soient modulées en fonction de la durée des contrats de travail pour lutter contre l’emploi précaire.

    La principale cause de notre échec est plus profonde : nous avons depuis longtemps cessé d’incarner une espérance. Nous comme les autres. Les mythes du communisme ou de l’autogestion se sont effondrés. Il n’y a plus de pays phare où porter le regard. La social-démocratie a accompli une partie de son œuvre historique et, pour le reste, se trouve presque partout en panne d’idées.

    Sans doute avons-nous pêché par excès de modestie. C’était important de n’annoncer que ce que nous pouvions tenir. Mais en même temps il manquait un horizon, il manque toujours la perspective d’un monde véritablement différent, où l’individu ne soit pas réduit au statut de marchandise, où toute l’activité ne se structure pas autour de la seule rentabilité financière, où le développement durable dépasse les discours convenus pour devenir une réalité en marche.

    Il faut le proclamer haut et fort : nous continuons à vouloir changer le monde, nous continuons à vouloir changer la vie. Mais le chemin que nous proposons est réformiste. Disant cela, je ne propose pas d’accomplir un grand écart entre la théorie et la pratique. Il faut vouloir transformer le monde, mais il faut que les citoyens eux aussi le veuillent et le fassent, comme individus et dans leurs organisations (associations, syndicats).Il n’y aura pas de grand écart si nous sommes capables à la fois de désigner un idéal et de proposer un chemin, d’en débattre avec tous, de montrer comment nous pouvons ensemble changer les rapports de force, y compris dans nos têtes, pour construire cet autre monde.

    Aller à l’idéal en partant du réel, c’est faire en sorte que les mairies, départements, régions de gauche soient à l’avant-garde du nouveau monde que nous voulons construire. Nous devons montrer concrètement, même si c’est modeste, qu’il n’est pas nécessaire d’attendre le grand soir pour changer la vie.

2) Le P.S.

    Premièrement le P.S. doit être représentatif de la société française dans toute sa diversité : femmes, jeunes, ouvriers, précaires, Français d’origine étrangère, bref, selon la formule de François Hollande, toutes les catégories et toutes les couleurs qui forment notre Nation. Il est évident que les militants et les citoyens attendent un profond renouvellement des hommes et des femmes qui dirigent notre parti. Cette revendication est fondamentalement juste parce qu’elle seule peut conduire à un véritable renouvellement, pas seulement des têtes, mais de la pensée.

    Je propose donc que la moitié du prochain Bureau national soit composé, à parité d’hommes et de femmes n’ayant pas exercé jusqu’ici de responsabilités importantes au niveau militant ou représentatif (ce qui exclut les anciens ministres, les députés, sénateurs, présidents de régions, de départements, maires de villes très importantes, anciens membres du bureau national).

    Deuxièmement, comme cela a été dit fortement par les militants, le PS doit être beaucoup plus ouvert et démocratique : ouverture aux sympathisants, formation des militants, lien renouvelé avec les associations et les syndicats, enfin, conférence militante annuelle pour contrôler et orienter l’activité du parti.

    Troisièmement, le P.S. doit être beaucoup plus européen. Je propose que chaque section se jumelle avec une ou deux sections d’autres partis socialistes européens.

    Au total, notre objectif est bien de bâtir un parti à 30 % des suffrages avec 200 000 militants.

3) Un nouveau monde

    La bataille centrale, aujourd’hui, est à l’échelle de la planète. Même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, l’émergence d’une société civile internationale, l’action de mouvements comme ATTAC représentent un véritable espoir. Car ce qui manque, c’est moins de trouver de bonnes idées que de changer les rapports de force. Jean-Luc Mélenchon a raison de rappeler que le gouvernement de Lionel Jospin était le plus à gauche de toute l’Europe, et sans doute l’un des plus à gauche au monde. Et pourtant, cela n’a pas suffi.

    La mondialisation, c’est d’abord la mondialisation du capital. C’est aussi la domination des négociations commerciales sur toutes les autres, et de la spéculation financière sur la production de valeur. Elle a un côté positif : elle va nous obliger à devenir vraiment citoyens du monde. Mais elle accroît les inégalités et étend partout la sphère de la marchandise.

    Quels peuvent être des objectifs réalistes pour construire un autre monde plus juste, plus solidaire et plus fraternel ?

      1/ Nous battre aux côtés de toutes les forces progressistes pour instituer un impôt mondial destiné à financer le développement, par exemple sous la forme de la « taxe Tobin ».

      2/ Rendre plus démocratiques les institutions qui gouvernent la planète : le FMI et la Banque Mondiale devraient rentrer dans le système des Nations Unies et être régulièrement soumis à une évaluation publique et indépendante.

      3/ Créer une Organisation Mondiale de l’Environnement.

      4/ Faire adopter des règles interdisant de traiter le vivant, la culture, les services publics comme des marchandises.

      5/ Annuler la dette des pays les plus pauvres, pour que l’argent du Sud cesse d’alimenter les banques du Nord.

    Le chemin sera long et difficile pour renverser le cours injuste du monde. En pratique, je suggère qu’une Convention nationale prépare une charte pour une autre mondialisation, qui serait mise en débat avec l’Internationale Socialiste, avec les autres forces de gauche, et avec les   alter mondialistes ».

4) Une Europe fédérale

    L’Europe qui se construit ne nous satisfait pas : elle n’est pas assez démocratique et pas assez sociale. Mais nous devons être conscients que c’est seulement à l’échelle d’une Europe politique que nous pourrons résister à l’impérialisme américain et commencer à construire une autre mondialisation. Le choix est entre une rhétorique ultra-gauche impuissante et un compromis dynamique à l’intérieur de l’Europe.

    Fixons tout de suite le socle minimal d’une Europe plus à gauche : directive européenne protégeant les services publics, traité social européen, liberté pour chaque pays de privatiser ou pas, harmonisation fiscale, élection du président de la Commission par le Parlement européen,…

    Devra rester pour l’essentiel de la compétence des Etats ce qui fait la spécificité de la Nation, ce qui fabrique l’identité nationale : l’éducation, la culture, la sécurité sociale, la santé.

    Doivent être de la compétence fédérale : la politique de sécurité, d’immigration, d’environnement. La politique de sécurité, cela veut dire une défense commune. L’Union devra aussi, à terme, être notre représentant au FMI, à la Banque Mondiale, à l’OMC.

    Mais cette vision n’est pas facile à faire partager dans l’Europe des 15, encore moins dans l’Europe à 25. Nous savons que rien ne se fera sans au point de départ une dynamique franco-allemande. Pourquoi ne pas proposer à l’Allemagne de réaliser dans les 5 ans à venir, une fédération franco-allemande ? Naturellement, et le principe et le résultat devraient être soumis à référendum.

5) L’Éducation

    Plus que jamais, l’éducation constitue avec l’emploi la priorité des priorités. Dans un souci de justice : que chacun puisse aller au bout de son potentiel, que chaque enfant ait les meilleures chances pour construire son avenir. Pour une raison d’efficacité : l’intelligence et la formation sont dans le monde d’aujourd’hui les clés de la compétitivité.

    Il ne s’agit pas seulement de la formation initiale. Nous mettrons en place une grande réforme, l’éducation tout au long de la vie, qui suppose une organisation souple, et des moyens suffisants.

6) Les services publics

    Les services publics, c’est un secteur dans lequel nous devons reconnaître l’insuffisance de l’action qui a été menée depuis des années.
    Il faut le dire, parce que c’est la vérité.
    Mais quand nous défendons le service public, cela ne signifie pas que nous cautionnons tous les corporatismes. Défendre le service public ce n’est pas défendre l’immobilisme, c’est agir pour sa modernisation constante et son adaptation aux besoins du pays.

    Je propose qu’un referendum, après un débat démocratique, en fixe le périmètre, en déterminant les biens et les services qui doivent échapper aux diktats de l’économie de marché et de la rentabilité financière.

7) La lutte contre les inégalités

    Pour les socialistes, la lutte contre les inégalités doit être une obsession. Disons-le tout net : la pente naturelle du capitalisme, c’est l’inégalité. Combattre cette tendance nécessite une volonté et une ténacité de tous les instants.

    S’il y a une différence entre la gauche et la droite, c’est bien celle-là. Nous, nous sommes convaincus que plus d’égalité c’est plus d’efficacité.

    Mais attention : lutte contre les inégalités ne veut pas dire égalitarisme. Les individus sont égaux en droit mais chaque homme, chaque femme est différent de tous les autres. Lutter contre les inégalités ne doit pas conduire, au contraire, à brider l’innovation et l’énergie créatrice.

    Concrètement je propose :
       une loi constitutionnelle limitant les inégalités de ressources entre les territoires, comme en Allemagne pour les Länder
       un rapport annuel devant le Parlement sur l’état des inégalités en France.
       une lutte prioritaire contre les inégalités d’accès à l’éducation, à la culture, à la santé, au logement.

8) Le pacte républicain

    Nous n’avons pas été assez attentifs au besoin de valeurs, d’ordre et d’autorité qui s’expriment dans la société.

    La réaffirmation des règles collectives, des devoirs comme des droits, doit désormais constituer pour nous une priorité.

    1/ La citoyenneté commence à l’école.
    Bien plus que l’instruction civique, l’école doit recevoir la mission de former les futurs citoyens aux valeurs essentielles de respect, de tolérance, de fraternité. Sans oublier la transmission des savoirs classiques, il faut qu’elle devienne aussi le lieu de l’éducation à la télévision et aux nouveaux médias. Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’un jeune passe devant la télévision et les jeux vidéos, plus de temps qu’à l’école. Nous n’avons pas le droit d’abandonner nos enfants à la « pédagogie » de l’argent et de la violence. Or, cette violence n’est pas une fatalité. Pour que les jeunes y échappent, il faut leur redonner confiance, il faut les aider à trouver d’autres formes de valorisation que la frime devant les copains, mais il faut en même temps leur montrer fermement les limites et ne pas hésiter à les sanctionner dès qu’ils franchissent ces limites.

    2/ Le pacte républicain, c’est la réaffirmation d’une laïcité militante
    Le voile à l’école, s’il n’était que religieux, ne me poserait pas de problème. Mais dès lors qu’il est en réalité politique et qu’il exprime une idéologie contraire aux principes de la République, je suis contre.

    3/ Le pacte républicain, c’est l’intégration
    Quand on parle d’intégration, on pense d’abord aux français d’origine étrangère, et particulièrement aux jeunes. Contrairement à ce qui est souvent dit, cela ne se passe pas si mal. Les Français d’origine étrangère n’ont pas de revendications communautaires : ils veulent un travail, un logement, ils veulent vivre comme tout le monde. Un « arabe » sur deux épouse une « française », une « arabe » sur quatre n’épousera pas un « arabe ». Comme le dit Malek Boutih, Président de SOS-Racisme, « la vie, c’est plus fort que les idéologies ».

    Il y a des Français d’origine maghrébine ou africaine qui réussissent et qui sont connus. Mais ni les Français d’origine maghrébine, ni d’ailleurs les Français venus des Dom ne sont présents aujourd’hui parmi les cadres supérieurs de l’Etat. Il suffit d’entrer dans un Ministère pour constater que les Antillais que l’on rencontre au guichet d’accueil du rez-de-chaussée disparaissent rapidement dès que l’on atteint les étages. Le gouvernement devrait procéder rapidement à des nominations à des postes de responsabilités d’hommes et de femmes de souche non métropolitaine. Bien entendu, cela vaut aussi pour les partis politiques, les syndicats, les associations, les universités et -mais c’est plus difficile à décréter - pour les entreprises.

    Reste qu’il y a des ghettos dans nos villes, une insécurité grave dans certains quartiers, et que cette insécurité est plus souvent le fait des jeunes d’origine étrangère.

    La réponse, c’est à la fois de la fermeté - ’ordre républicain - et une politique des banlieues plus simple et plus efficace, pour maintenir les services publics et pour donner plus d’opportunités aux jeunes de trouver un travail.

    Je propose en outre, pour l’intégration des jeunes, de tous les jeunes Français, qu’une cérémonie d’intégration soit organisée chaque année en Mairie le 14 juillet, pour que la communauté nationale accueille à la fois les jeunes citoyens et les Français naturalisés, où chacun se verrait rappeler ses droits et ses devoirs, et, dans le respect des différences, la fierté d’être Français.

    4/ Le pacte républicain, c’est la sécurité
    La sécurité, première des libertés. En particulier pour les plus modestes, qui sont les plus soumis à la délinquance quotidienne. Répression, oui, évidemment, adaptée à la faute et aux circonstances. Mais aussi prévention, en agissant sur les causes de la délinquance. La formule des travaillistes anglais résume tout : « dur avec le crime, dur avec les causes du crime ».

    5/ Le pacte républicain c’est un meilleur partage des pouvoirs

      a) La réforme de l’Etat aurait dû précéder la décentralisation
       gouvernement limité à 15 Ministres
       division par deux du nombre d’administrations centrales
       service départemental unique de l’Etat sous l’autorité du préfet
       diminution sévère, sous le contrôle du Parlement, du nombre de lois et de textes réglementaires

      b) La décentralisation ne peut réussir si elle ne s’accompagne pas d’une plus grande solidarité entre les territoires. Faute de quoi, les droits réels des citoyens seront dépendants de la richesse des territoires où ils vivent.

      c) La démocratie sociale doit faire une beaucoup plus grande place à la négociation, aussi décentralisée que possible, entre partenaires sociaux, ce qui implique d’accroître la représentativité des syndicats. Les salariés devraient être systématiquement représentés au conseil d’administration ou au conseil de surveillance des entreprises.

    6) Le pacte républicain, c’est enfin un droit à la santé égal pour tous et la solidarité entre les générations. Mais attention à ne pas déclencher un affrontement entre les générations : le grand conflit de demain risque d’être entre les jeunes et les vieux. La réforme des retraites doit garantir les retraites par répartition et permettre de traiter différemment ceux qui sont dans des situations différentes : possibilité de partir plus tôt à la retraite à taux plein pour ceux qui ont effectué des travaux pénibles, revalorisation prioritaire des petites retraites.

    La France est un pays riche avec des pauvres. Un pays composite avec une tradition républicaine. Prompt à la fierté nationale, mais jamais content, contradictoire, difficile à gouverner.

    Les Français, parce qu’ils sont issus d’une très longue histoire, sont capables de changer sans perdre leur âme. Ils peuvent commencer à construire, ici et maintenant, un autre monde, un monde plus juste. Cela a un très joli nom : cela s’appelle le socialisme.

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