Le PS, un malade qui s'ignore

Jean-Marie Bockel


Interview accordée par Jean-Marie Bockel, député et maire de Mulhouse (Haut-Rhin), au quotidien Le Parisien - Aujourd'hui, parue le 19 août 2000.
Propos recueillis par Philippe Martinat


 

Pourquoi vous lancez-vous si tôt dans la bataille du congrès ?
Parce qu'il y a le risque que ce congrès ne serve à rien ! Visiblement, le but de la direction n'est pas d'organiser une réflexion de fond mais seulement de montrer qu'en tant que parti au pouvoir, et à la veille d'échéances électorales importantes, le PS se trouve rassemblé. Je crains donc que nous n'ayons peu ou pas de débat à Grenoble.

Vous trouvez que le PS vit sur des idées archaïques ?
Oui. Notre programme élaboré en 1996 était, par bien des aspects, archaïque. Grâce à Dieu, nous ne l'avons pas appliqué, à l'exception des 35 heures qui étaient une bonne idée mais que nous avons mise en œuvre de manière trop idéologique. Quant aux privatisations, le gouvernement n'a pas hésité à les poursuivre. Il est vrai, sans le dire ouvertement.

Quel diagnostic faites-vous du PS ?
C'est un malade qui s'ignore. Le PS se croit en bonne santé du fait de la réussite gouvernementale de Lionel Jospin. Mais en vérité, il est atteint d'une grave crise d'anémie.

Est-ce la faute de François Hollande ?
Il est tout à fait compétent mais il ne favorise pas l'émergence du débat. La seule critique de bon ton doit forcément se situer à la gauche de la gauche, comme il est de tradition au PS. Résultat : notre pratique gouvernementale est de plus en plus en décalage par rapport à notre dogme.

Qu'avez-vous envie de lui dire ?
J'ai envie de lui dire : « François, ouvre un peu les fenêtres ! Accepte d'entendre notre part de vérité, même si cela dérange les traditions et le corporatisme de la fonction publique. Sinon, nous risquons d'aller dans le mur  »

Et Tony Blair reste toujours l'un de vos modèles...
Oui. Même s'il est confronté à une certaine usure du pouvoir, il a réussi à moderniser la vieille doctrine travailliste. Nous, nous gouvernons bien, mais heureusement nous n'appliquons pas notre programme ! Notre pratique est plutôt sociale-libérale bien que ce mot soit banni. Voilà pourquoi nous demandons, dans notre contribution, que l'on sorte enfin de l'ambiguïté et que l'on reconnaisse pleinement le rôle du marché.

© Copyright Le Parisien

Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]