L'État face aux défis
de la société de l'information

Contribution de Christian Paul (Secrétaire National à l'Espace rural) et Frédérique Bredin (Secrétaire nationale à la Culture) au séminaire de la direction du Parti socialiste élargi aux ministres socialistes le 25 avril 2000





Frédérique
Bredin



Christian
PAUL




La société de l'information émerge sous nos yeux. Née de mutations technologiques, elle offre déjà des perspectives inattendues et illimitées pour l'économie, dans les entreprises existantes comme dans les activités de l'innovation. Elle transformera progressivement l'éducation et la création. Nous devons en saisir les enjeux positifs, en identifier les limites ou les excès. Mais surtout, faire de son développement dynamique et solidaire un point clé de notre projet politique, en référence à nos valeurs.

La société de l'information est-elle la forme ultime de la société de marché ?

A coup sûr, la " nouvelle économie " sera aussi dure que l'ancienne. Elle le marque déjà par des excès spéculatifs, et par sa contribution à la mondialisation. Les flux financiers, comme l'échange des biens et services, en sont accélérés. La localisation des facteurs de production, négligeant les frontières, devient encore plus instable.

Pour autant, nous devons impérativement comprendre les modèles économiques qui s¹installent. Car demain, se créeront dans cet espace une part importante des richesses de notre pays, et des emplois. Déjà de nouveaux métiers apparaissent. En France comme ailleurs, la croissance est, pour une part au moins, tirée par ces secteurs.

Mais surtout, la société de l'information ne se limite pas ­ loin de là - à la " nouvelle économie ". Elle permet un accès renouvelé aux savoirs et à la connaissance. Elle redonne des chances à des territoires isolés qui sauront les saisir. Enfin, média et outil de communication, l'Internet ouvre à la liberté d'expression des citoyens un nouvel horizon.

Projet politique, régulations publiques

Comment permettre la transposition efficace de nos valeurs démocratiques ­ libertés, égalité - dans cet espace, c'est bien l'enjeu des régulations à construire, et des priorités que nous devons nous fixer.

Si la " nouvelle économie " dessine un nouvel âge du capitalisme, qui s'y adapte à grand bruit et à grands frais, il y a place pour une régulation publique ­ par la loi -, comme pour des formes inédites de régulation par le marché. Internet n'est pas un monde sans droit, ni règles. Mais ne sous-estimons pas le caractère mondial de ce réseau, ni la culture, fondée sur la liberté de communication, qui s¹y déploie.

Pour la France, qui depuis deux ans, a su multiplier les initiatives de soutien à la diffusion de l'Internet, favoriser son intégration à l'éducation, encourager le capital-risque et l'innovation des créateurs d'entreprises ou encore ouvrir les chantiers législatifs nécessaires, l'effort doit encore s¹intensifier.

C'est l'appropriation généralisée des nouvelles technologies par toutes les générations, et la diffusion des usages citoyens et non marchands de l'Internet qui doivent mobiliser les efforts publics.

" Internet pour tous ", un défi moderne, une réponse solidaire.

 Favoriser le développement d'un accès permanent, à des communications à haut débit, à coût forfaitaire, sur tout le territoire C'est l'objectif majeur d¹égalité territoriale, pour les territoires ruraux, comme pour les quartiers, enjeux du renouvellement urbain.

 Accélérer le déploiement des nouvelles technologies au sein de l'éducation.
C'est un objectif d¹égalité sociale. La mise à disposition de chaque élève d¹un ordinateur connecté (un ordinateur pour deux élèves, C'est une moyenne à graduer de l'école à l'université) multipliera l'accès aux savoirs.

 Dès 2000, l'accès à un passeport " Internet pour tous ".
C'est un objectif d¹égalité culturelle. En offrant à tous les Français qui le souhaitent un crédit de quelques heures de formation adaptée, une adresse électronique, et en encourageant la création et l'expression.

 Pour un Internet garant des droits et des libertés Assurer par une meilleure régulation le respect des droits de l'Homme, de la vie et des échanges privés sur Internet. Renforcer le droit des consommateurs dans les nouvelles formes de commerce en ligne.

Là comme ailleurs, le marché ne peut pas tout. Dans la société en réseaux, l'égalité n'est pas spontanée. Il y a place pour une intervention volontaire et bien ciblée, mobilisant les énergies associatives et encourageant les initiatives des collectivités locales.

Mais surtout, le marché ne doit pas cannibaliser la société de l'information. D'ores et déjà, en toute liberté, celle-ci donne leur chance à des espaces non marchands et à des activités d'intérêt général.

Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]