A coup sûr, la " nouvelle économie " sera aussi dure que l'ancienne. Elle le marque déjà par des excès spéculatifs, et par sa contribution à la mondialisation. Les flux financiers, comme l'échange des biens et services,
en sont accélérés. La localisation des facteurs de production, négligeant les frontières, devient encore plus instable.
Pour autant, nous devons impérativement comprendre les modèles économiques
qui s¹installent. Car demain, se créeront dans cet espace une part
importante des richesses de notre pays, et des emplois. Déjà de nouveaux
métiers apparaissent. En France comme ailleurs, la croissance est, pour une
part au moins, tirée par ces secteurs.
Mais surtout, la société de l'information ne se limite pas loin de là - à la " nouvelle économie ". Elle permet un accès renouvelé aux savoirs et à la connaissance. Elle redonne des chances à des territoires isolés qui sauront
les saisir. Enfin, média et outil de communication, l'Internet ouvre à la liberté d'expression des citoyens un nouvel horizon.
Comment permettre la transposition efficace de nos valeurs démocratiques
libertés, égalité - dans cet espace, c'est bien l'enjeu des régulations à
construire, et des priorités que nous devons nous fixer.
Si la " nouvelle économie " dessine un nouvel âge du capitalisme, qui s'y
adapte à grand bruit et à grands frais, il y a place pour une régulation
publique par la loi -, comme pour des formes inédites de régulation par le
marché. Internet n'est pas un monde sans droit, ni règles. Mais ne
sous-estimons pas le caractère mondial de ce réseau, ni la culture, fondée
sur la liberté de communication, qui s¹y déploie.
Pour la France, qui depuis deux ans, a su multiplier les initiatives de
soutien à la diffusion de l'Internet, favoriser son intégration à
l'éducation, encourager le capital-risque et l'innovation des créateurs
d'entreprises ou encore ouvrir les chantiers législatifs nécessaires,
l'effort doit encore s¹intensifier.
C'est l'appropriation généralisée des nouvelles technologies par toutes les
générations, et la diffusion des usages citoyens et non marchands de
l'Internet qui doivent mobiliser les efforts publics.
" Internet pour tous ", un défi moderne, une réponse solidaire.
Favoriser le développement d'un accès permanent, à des communications à haut débit, à coût forfaitaire, sur tout le territoire C'est l'objectif majeur d¹égalité territoriale, pour les territoires ruraux, comme pour les quartiers, enjeux du renouvellement urbain.
Accélérer le déploiement des nouvelles technologies au sein de l'éducation.
C'est un objectif d¹égalité sociale. La mise à disposition de chaque élève d¹un ordinateur connecté (un ordinateur pour deux élèves, C'est une moyenne
à graduer de l'école à l'université) multipliera l'accès aux savoirs.
Dès 2000, l'accès à un passeport " Internet pour tous ".
C'est un objectif d¹égalité culturelle. En offrant à tous les Français qui
le souhaitent un crédit de quelques heures de formation adaptée, une adresse électronique, et en encourageant la création et l'expression.
Pour un Internet garant des droits et des libertés
Assurer par une meilleure régulation le respect des droits de l'Homme, de la
vie et des échanges privés sur Internet. Renforcer le droit des consommateurs dans les nouvelles formes de commerce en ligne.
Là comme ailleurs, le marché ne peut pas tout. Dans la société en réseaux,
l'égalité n'est pas spontanée. Il y a place pour une intervention volontaire
et bien ciblée, mobilisant les énergies associatives et encourageant les
initiatives des collectivités locales.
Mais surtout, le marché ne doit pas cannibaliser la société de
l'information. D'ores et déjà, en toute liberté, celle-ci donne leur chance
à des espaces non marchands et à des activités d'intérêt général.