Pour l'avenir de Paris...

Point de vue signé par Jean-Pierre Caffet, adjoint au maire de Paris chargé de l'urbanisme et de l'architecture, sénateur de Paris, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 21 février 2005.


 
Madame de Panafieu connaît mal ses dossiers. On le savait déjà. Mais elle en donne une nouvelle illustration à travers une tribune parue récemment dans Le Figaro et affublée d'un titre évocateur : « Un mauvais coup pour Paris ». Or, de quel « coup » s'agit-il, selon elle ? Du plan local d'urbanisme (PLU) que le Conseil de Paris vient d'adopter. Prétexte que saisit Madame de Panafieu pour ressasser son éternel discours d'épouvante (« Paris va mal, Paris recule ») puisé sans doute dans les débats du petit club électoral qu'elle s'est constitué (club « Lutèce », résolument ouvert sur le XXIe siècle comme son nom l'indique...). Pour autant, elle ne démontre rien, incapable de citer la moindre source à ses affirmations péremptoires. Les faits donc, rien que les faits.

Le PLU représente un véritable projet de ville, définissant le futur visage de notre cité et fixant à ce titre ses grandes règles d'urbanisme. Il succède au plan d'occupation des sols (POS) entré en vigueur il y a plus de vingt-cinq ans, révisé à deux reprises, mais manifestement inapte à répondre aux enjeux qu'a affronté notre capitale. En effet, imprégné d'un esprit résolument malthusien, ce POS concentrait l'essentiel de l'offre en locaux d'activités dans le seul périmètre du centre des affaires au centre ouest de la capitale, créant ainsi les conditions d'un déséquilibre géographique et social tout en bridant la dynamique économique de Paris.

Les chiffres sont éloquents : 200 000 emplois perdus entre 1990 et 1999, 177 000 Parisiens conduits à quitter leur ville entre 1975 et 1999 (majoritairement issus des couches modestes et moyennes de la population) et un taux de chômage chroniquement supérieur à la moyenne nationale. Toutes ces données, Madame de Panafieu feint de les ignorer, elle qui pourtant, à l'époque, a assumé des fonctions exécutives au sein des équipes municipales successives : parlait-elle alors de « mauvais coup » ?...

Ce PLU, placé sous le double signe de l'ambition et d'un nécessaire rééquilibrage, vise donc des objectifs clairs. D'abord, défendre justice et mixité sociales à Paris. Ainsi, désormais, tout programme immobilier de plus 1 000 m2, inclura au moins 25 % de logements sociaux, destinés non seulement aux « plus aidés », comme les qualifie généreusement la maire du XVIIe arrondissement, mais aussi aux classes moyennes.

Deuxième priorité : améliorer durablement l'environnement et le cadre de vie quotidien des Parisiens. C'est ainsi que ce document intègre la réalisation de 30 hectares d'espaces verts dans la capitale et confirme notre volonté de maîtriser la circulation automobile ainsi que le développement des constructions en « haute qualité environnementale ».

S'ajoute un troisième objectif : développer le dynamisme et l'attractivité économique de Paris. Le PLU permet d'augmenter sensiblement les possibilités de constructions dédiées à l'activité dans des secteurs négligés par les municipalités précédentes - singulièrement l'est et le nord de la capitale - et lourdement frappés par le chômage. En 1999, son taux y dépassait en effet 14 % ! On comprend que la maire du XVIIe arrondissement, critiquant ce rééquilibrage, défende son territoire ; mais Paris ne se résume pas à la plaine Monceau.

Parallèlement, nous veillons à favoriser la vitalité du commerce et de l'artisanat à travers la protection - inédite - de 230 kilomètres de rues commerçantes traditionnelles et de près de 30 cités d'activités aujourd'hui menacées.

Ces quelques exemples confirment que ce PLU s'inscrit bien dans la logique de l'action conduite par Bertrand Delanoë et son équipe depuis 2001. Car s'il est vrai que Paris est confronté à une rude compétition internationale, la réponse à ce défi ne peut se limiter à l'implantation de sièges sociaux régie par la seule loi du marché, comme ce fut le cas par le passé, avec les résultats que l'on sait. Il faut naturellement créer quelques sites d'implantation pour les grandes entreprises et ils sont prévus.

Mais aujourd'hui, le dynamisme et le rayonnement d'une ville se fondent aussi, et peut-être surtout, sur des réseaux d'entreprises de tailles diverses, réactives, immergées dans un tissu urbain diversifié au sein duquel elles peuvent développer les échanges et les synergies indispensables.

C'est le sens de notre démarche, et l'une des composantes fortes de ce PLU.

Le triplement de la surface d'incubateurs et de pépinières d'entreprises, le soutien aux secteurs de pointe (biotechnologie) et l'acquisition volontariste de nouvelles emprises foncières produisent leurs premiers effets. En 2004, le chômage a baissé de 2,6 % à Paris, alors qu'il continuait à croître sur le plan national. De même, en 2003, Paris a accueilli 27 000 nouvelles entreprises, puis, de nouveau, près de 29 000 supplémentaires en 2004.

Qui encore, sinon l'actuelle municipalité, a lancé dans le XVIIe arrondissement l'opération des Batignolles après 20 ans d'immobilisme ? Dans ces conditions, la présidente d'honneur de « Lutèce » peut bien « sentir » une « morosité » susceptible de « déboucher sur le déclin », les faits contestent cette pseudo-analyse de la réalité parisienne. Nous assumons d'ailleurs une comparaison entre les actes d'aujourd'hui et ceux d'hier, lorsque cette ville était dirigée par les amis de Madame de Panafieu. Celle-ci glose-t-elle par exemple sur la « médiocrité » des choix liés au dossier des Halles ? Mais comment qualifierait-elle alors ceux qui, il y a près de vingt ans, ont défiguré et traumatisé durablement ce quartier, nécessitant une restructuration unanimement souhaitée ?

Aujourd'hui, il faut donc réparer ces erreurs, respecter notre patrimoine - 4 000 nouveaux bâtiments seront protégés -, mais aussi préparer un futur qui concilie diversité sociale, dynamisme économique et qualité environnementale. Voilà notre ambition.

Le « mauvais coup », Madame de Panafieu, ce serait donc, au contraire, de renouer avec les errements d'un passé qui vous rend manifestement nostalgique, même si vous ne l'assumez pas.

Ce PLU, lui, ne vous en déplaise, est tourné vers l'avenir...


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