| Comme au PS, une forte minorité des Verts s'est prononcée contre la Constitution européenne. La gauche est-elle profondément divisée sur cette question ?La gauche a toujours été divisée sur la question européenne. Avant la victoire aux élections législatives en 1997, ce sujet faisait débat avec une partie des Verts, le Parti communiste ou Jean-Pierre Chevènement. Cela ne nous a pas empêché de gouverner ensemble.
Le PS doit-il privilégier le dialogue avec les Verts plutôt qu'avec le Parti communiste qui est contre le Traité ?Il faut travailler à une alternative politique réaliste. Si l'ensemble des forces de gauche n'ont pas les mêmes projets de société, elles ont des convergences fortes contre la droite. L'avenir n'est pas dans un programme commun qui assèche les positions des partenaires mais dans une plate-forme politique qui permette de construire une coalition durable. Chacun doit garder son identité tout en mettant en commun ce qui permettra de répondre aux attentes des Français.
Assiste-t-on à la renaissance de la gauche plurielle ?La gauche plurielle ne renaîtra jamais : elle n'était constituée que d'une multitude d'accords bilatéraux. La cohérence de la gauche plurielle, c'était Lionel Jospin. Aujourd'hui, il faut que chaque organisation élabore son projet car il est très difficile d'unir des postures. Le jour où on connaîtra réellement le programme du Parti communiste, des écologistes et des radicaux, il sera possible de travailler, non pas à une synthèse, mais à des propositions communes. Ensuite nous pourrons envisager de gouverner ensemble.
Et en cas de désaccord au cours des discussions ?Chacune des formations se présentera aux élections législatives et nous verrons ce que diront les Français. Aujourd'hui, il faut faire preuve de responsabilité : notre pays s'abîme, les Français sont en colère et l'alternative politique est urgente. Si au nom de principes qui sont défendables, nous n'arrivions pas à nous mettre d'accord, c'est la gauche entière qui en supporterait les conséquences et c'est le pays qui se verrait handicapé.
Souhaitez-vous aussi aboutir à un accord électoral ?Evidemment, on ne peut pas concevoir un accord programmatique sans accord électoral. Mais il faut s'entendre : il s'agit de construire une coalition durable et non pas d'utiliser le vote socialiste pour ensuite prendre ses distances. A partir du moment où l'ensemble des partenaires seraient d'accord pour conduire une alternative politique dans le pays, ils auront des droits et des devoirs. Le droit d'être représentés et le devoir de respecter le pacte que nous aurons passé.
Le PS doit-il favoriser l'élection de députés écologistes ?Il faut se fonder sur un principe de juste représentation de chacun, dans une volonté commune de faire gagner la gauche. Cela demande des arbitrages, des équilibres, de la confiance, mais aussi que chacun comprenne que dans ce domaine il faut être efficace. L'intérêt de nos partenaires serait de concevoir un accord avant l'élection présidentielle. Mais s'ils le souhaitent, nous pourrions le faire après.
Des discussions s'ouvriront-elles après le référendum avec le PCF ?Le Parti communiste avait souhaité que le débat entre nos formations continue pendant la préparation du référendum sur le traité constitutionnel. Cela n'a pas pu se faire et c'est dommageable. Nous reprendrons, après la consultation, les discussions avec les formations politiques mais pas seulement : la plate-forme pour une coalition durable doit aussi être élaborée dans un dialogue avec l'ensemble du mouvement associatif, des sympathisants, des militants. C'est dans cet esprit que le projet socialiste piloté par Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et Jack Lang sera préparé.
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