Terrorisme : réponse à Pierre Lellouche | |
Point de vue signé par Christophe Caresche, député de Paris, adjoint au maire de Paris, chargé de la prévention et de la sécurité, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 20 septembre 2005 |
Dans une tribune publiée le 10 septembre dans Le Figaro, Pierre Lellouche a mis en cause l'action du maire de Paris, s'agissant de la lutte contre le terrorisme. Comme souvent dans ses propos, l'outrancier le dispute au mensonger. Je veux donc ici répondre à quelques contre-vérités et rappeler la politique de la Ville dans ce domaine. Pierre Lellouche parle d'abord d'un « vide sidéral » des initiatives municipales, d'« action inexistante », face à la menace d'attentats. C'est faux, bien entendu. Une présence plus assidue lors des séances du Conseil de Paris lui aurait appris, par exemple, que la Ville a créé un dispositif de gestion de crise, mobilisable immédiatement en cas de situation grave, pour coordonner tous les moyens humains et matériels à sa disposition. Il saurait aussi que la Ville participe étroitement à tous les dispositifs de prévention et de secours de l'Etat (ex. : Vigipirate), et finance notamment, au sein de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, l'unité de lutte contre les risques nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques. Il saurait que la Ville prend pleinement sa part dans la sécurisation des grands événements populaires que sont, par exemple, le Tour de France, Nuit blanche ou Paris-Plage... Il saurait que tous les agents de la Ville chargés d'une mission de sécurité ont bénéficié d'une formation sur les risques d'attentats conventionnels et non conventionnels. Il n'ignorerait pas davantage que la Ville a développé depuis 2002 un programme d'aide financière au Fonds social juif unifié, pour mieux protéger certains établissements sensibles. Bref, la municipalité conduit depuis 2001 une politique déterminée pour diminuer les risques et faire face à d'éventuelles situations de crise. Nous agissons de la sorte pour que, par exemple, l'attentat qui a frappé le bureau de poste de l'Hôtel de Ville en 1986 ne puisse plus se reproduire. Mais il y a plus grave. Fasciné par le modèle américain (dont on mesure pourtant l'inorganisation tragique en Louisiane et au Mississippi), le conseiller de Paris en appelle à un « rôle central du maire de Paris, en étroite coordination avec le préfet de police, dans tout dispositif de lutte contre le terrorisme dans la capitale ». Ce serait une erreur très lourde de conséquences de vouloir aujourd'hui briser la nécessaire cohérence de pilotage qui doit s'ordonner autour de l'Etat. L'Etat est et doit rester le premier responsable de la lutte contre le terrorisme. Il est chargé de planifier les mesures de protection des populations, d'organisation des secours, et de sécurité des points et réseaux sensibles. La Ville de Paris ne saurait lui disputer cette compétence, qui relève par essence de la sécurité intérieure de notre pays. Comme elle le fait aujourd'hui, la Ville de Paris doit conforter les moyens mis en oeuvre pour la sécurité civile et la prévention des risques. Faut-il d'ailleurs rappeler que, depuis l'élection de Bertrand Delanoë, la contribution de la Ville de Paris au budget de la Préfecture de police, a augmenté de 33,5 % atteignant 252 millions d'euros en 2005 ? C'est totalement inédit. Mais cette réalité vient en appui d'une action publique d'intérêt général qui incombe légitimement à l'Etat, avec pour seul impératif de renforcer l'efficacité globale contre les risques terroristes. Ainsi la Ville est désormais impliquée dans les différentes cellules de crise activées, en cas de besoin, par le préfet de police. Remettre en question cette architecture serait parfaitement irresponsable, d'autant que, sur ces sujets, l'action de la Préfecture de police n'est pas contestable. Tout à sa course dans la primaire de l'UMP (pour la désignation du candidat à la prochaine élection municipale), Pierre Lellouche dérape. Chacun aura perçu la tactique démago-sécuritaire développée ici, pour se singulariser dans la longue liste des prétendants à l'investiture. Mais chacun aura compris aussi la vacuité de ses propositions, aussi inefficaces que dangereuses. Autrement dit, aptes à discréditer leur auteur... |
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