Nous avons eu du retard à l'allumage

Michel Charzat



Entretien avec Michel Charzat, député-maire du XXème arrondissement de Paris, paru dans le quotidien Le Figaro daté du jeudi 5 juin 2003
Propos recueillis par Pascale Sauvage
 

Alors que le PS peine à trouver la voie d'une opposition audible, certains socialistes tirent contre leur camp. Pourquoi une telle cacophonie ?
Toute opposition systématique au projet Fillon n'aurait aucun crédit. Si la gauche se contente de s'opposer de manière protestataire, elle se condamne aux yeux de l'opinion. Si elle se contente de critiquer à la marge le projet Fillon, sans proposer de contre-projet, elle apparaît comme incapable d'incarner une alternative crédible et d'offrir des choix politiques différents entre la gauche et la droite. Les amendements que nous présentons montrent qu'il y a une autre logique à la réforme des retraites que celle du gouvernement. C'est vrai, le problème de notre crédibilité se pose dès lors que certaines voix se font entendre sur une logique gestionnaire et non politique. Je n'ai pas à commenter les déclarations de telles ou telles personnalités qui ont fait leur temps.

Vous êtes l'auteur d'un rapport sur l'attractivité économique de la France, commandé par le gouvernement de Lionel Jospin, dans lequel vous préconisiez une baisse des prélèvements opérés sur les entreprises. Et aujourd'hui, vous plaidez pour une taxation de ces mêmes entreprises pour financer le système de retraites...
Mon rapport préconisait une stratégie globale, refusant une vision étriquée de la compétitivité des entreprises qui reposerait sur le seul facteur fiscal. Je mettais aussi l'accent sur la compétitivité scientifique et culturelle, la qualité de la main-d'œuvre, des infrastructures et des services publics, ainsi que sur le niveau de protection sociale offerts par la France... Tous ces paramètres sont indissociables. La remise en cause de l'attractivité de notre protection sociale serait défavorable à la compétitivité de nos entreprises. Le pacte social et républicain, mis à mal par le plan Fillon, est un élément essentiel de notre attractivité, qui demeure forte.

Le PS donne l'impression de piloter à vue. Pour quelle raison ?
Il y a eu un retard à l'allumage, dû en partie à la proximité du congrès de Dijon, qui n'a clarifié que partiellement notre ligne politique. Le PS n'a pas su, sous le gouvernement Jospin, être au rendez-vous de la refondation du compromis social. Le passage aux 35 heures aurait pu être l'occasion de relancer le dialogue social et de remodeler le syndicalisme. Il y avait, à ce moment-là, la nécessité impérieuse d'un véritable réformisme social. Nous sommes passés à côté.

Et le fait qu'en matière de retraites, le gouvernement Jospin n'a rien fait...
Il n'a pas rien fait ! Il a dédramatisé un dossier porté au paroxysme de la contestation par le gouvernement Juppé et ouvert une piste intéressante en créant le fonds de financement des retraites. Il est insuffisant, mais il a le mérite d'exister. Si la gauche avait gagné les élections, elle s'y serait prise autrement que ce gouvernement, en recherchant un large accord syndical.

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