Une élection ne se gagne pas à Paris

Gérard Collomb



Entretien avec Gérard Collomb, maire de Lyon, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 9 avril 2005
 

Pourquoi les partisans du oui n'arrivent-ils pas à séduire l'électorat socialiste ?
Nous avons sans doute commis une erreur. Dans la mesure où ayant gagné la bataille interne au PS, nous avons considéré que les jeux étaient faits, et que les partisans du non respecteraient ce vote qu'ils avaient eux-mêmes demandé.

N'y a-t-il pas un divorce plus profond entre l'électorat socialiste et la direction du PS, divorce déjà mis en valeur lors de la présidentielle ?
Le problème est que nous sommes dans une période de basculement du monde. Les Trente Glorieuses, cette période où les gens pensaient que leur vie s'améliorerait et que leurs enfants vivraient mieux qu'eux, sont révolues. Aujourd'hui, la perspective s'est inversée. Si les gens portent un jugement négatif sur la classe politique c'est parce qu'ils pensent que les politiques sont impuissants face à cette évolution et incapables de donner une nouvelle espérance.

Comment regagner la confiance de cet électorat ?
Il ne faudrait pas refaire l'erreur de trop centraliser la campagne comme lors de la présidentielle. Une campagne ça ne se gagne pas à Paris mais sur le terrain, dans les campagnes de France. Il faut mettre en avant les élus locaux dont les figures sont plus familières des électeurs. On croit plus volontiers ceux que l'on voit sur le terrain que ceux qui passent à la télé. Aujourd'hui, en Rhône-Alpes, nous sommes mobilisés, nous repartons en campagne pour expliquer les raisons de voter oui à partir d'exemples concrets.

Lesquels ?
Il faut parler des problèmes des gens, du chômage, du pouvoir d'achat. Il faut dissiper les craintes. L'arrivée des pays de l'Est ne rime pas forcément avec délocalisations, ce sont aussi des marchés qui s'ouvrent, c'est de l'emploi. La mondialisation est inéluctable, tout l'enjeu de la campagne est de démontrer que pour y faire face il faut faire avancer rapidement l'Europe. Ceux qui pourront résister sont ceux qui auront investi dans les nouvelles technologies. A Lyon, nous sommes en train de bâtir, en coopération avec Grenoble, un grand pôle de biotechnologies. Pour que ce projet soit à l'échelle internationale, nous sommes en train de nous associer avec Turin, Barcelone et Munich de manière à construire un projet européen. Notre unique force est de conjuguer nos efforts, nous allons le marteler d'ici au référendum.

Mais est-ce vraiment l'enjeu de la Constitution ?
La Constitution est un cadre, une porte d'entrée. Elle ne résoudra pas les problèmes mais elle donne des éléments pour définir une vraie politique européenne. Et cela n'a jamais été fait. Ce n'est pas en disant « le monde ne me convient pas » que l'on se donnera les moyens de le changer. Nous n'empêcherons pas l'Inde, la Chine ou le Brésil de croître. Ce n'est pas en nous isolant que l'on fera face au développement de l'industrie chinoise mais en nous regroupant pour réagir.

© Copyright Le Figaro


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