Dégager une nouvelle voie pour le pays
Congrès du Mans - 19 novembre 2005

Discours de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon
Tribune du Congrès du Mans


 
Mes chers camarades, notre parti, on le sait, peut être le pire ou le meilleur. Le film du centenaire l'a montré hier, il peut écrire les plus belles pages de l'histoire de notre pays, il peut aussi en écrire de très médiocres.

Si on regarde le passé proche, le Parti socialiste a été capable, après le coup de tonnerre de l'élection présidentielle, de préparer en deux ans les magnifiques victoires des régionales, et des européennes.

Puis, après cela, parce que le succès avait peut-être été trop grand, que les ambitions personnelles l'avaient à nouveau emporté sur l'élan collectif, nous sommes retombés dans l'enfer qu'a illustré notre défaite collective du référendum européen.

Défaite collective parce que, chacun peut s'en rendre compte aujourd'hui, que l'on ait été du côté du oui ou que l'on ait été du côté du non, c'est bien le Parti socialiste qui a collectivement perdu.

Dans ce contexte, je dois dire que j'étais inquiet sur les conditions dans lesquelles allait se tenir ce congrès du Mans. Allait-il se tenir dans les spasmes, les convulsions et l'ultime déflagration ? On pouvait le redouter. En tout cas, une majorité de Français l'anticipait, on ne l'a pas beaucoup dit jusqu'ici. Les sondages montraient que 70% des Français nous jugeaient incapables de gagner les présidentielles, que 63% nous pensaient incapables de construire un projet de société pour la France. Les interventions qui se sont succédé hier matin et aujourd'hui peuvent donner à notre congrès une autre tournure.

On y voit la volonté des uns et des autres de ne pas déchirer le tissu du Parti socialiste, et de converger vers une synthèse, afin que le PS sorte aux yeux des Français rassemblé et grandi de ce congrès du Mans.

Sur quoi peut se bâtir cette synthèse ? A mon avis, pas celle comptable des aficionados des commissions de résolutions. Ils auront toute la nuit pour s'exprimer. Mais la vraie synthèse, celle des esprits, que nous espérons dès demain, que nous voulons faire vivre dans les prochaines semaines et dans les prochains mois, ce rassemblement des socialistes peut se faire à partir de deux constats, celui évident que les Français vont mal, et cela a été affirmé et illustré tout au long des interventions faites par les uns et par les autres.

Puis, un deuxième constat que nous devons avoir à l'esprit, celui qu'aujourd'hui la France aussi va mal, celui que la France est en train de perdre les places dans le concert des grandes nations. Premier constat : celui du malaise français. Il est clair qu'en l'espace de quelques années, d'un gouvernement de droite, le pouvoir d'achat des Français a régressé, que leur couverture sociale a diminué, que le lien social s'est distendu, bref, nos concitoyens ont la très nette conscience qu'ils vivent plus mal qu'il y a quelques années. Ils ont surtout l'angoisse que leurs enfants puissent demain vivre encore plus mal qu'eux-mêmes aujourd'hui.

Mais mes chers camarades, j'attire votre attention sur le fait que le Parti socialiste ne saurait capitaliser de futurs succès électoraux sur ce seul sentiment global. Parce que, lorsqu'on analyse un peu plus attentivement les différentes données de ce malaise, on constate très vite qu'il est fait de frustrations ou de craintes particulières qui n'ont quelquefois rien à voir les unes avec les autres, et qui sont même en discordance totale.

Entre ceux qui brûlent les voitures et ceux qui les regardent brûler, entre ceux qui vivent du travail et ceux qui vivent des minima sociaux, comment ne pas voir la fracture ? Cette fracture, nous ne pourrons la résorber que dans un projet qui crée, au-delà des divergences des uns et des autres, une nouvelle dynamique.

Mes chers camarades, cela demande aussi que nous prenions conscience de l'état de la France, la France aujourd'hui est sans ressources. Nos entreprises perdent des parts de compétitivité par rapport à celles des autres pays. Cela veut dire que nos réformes, il faudra les calibrer. Et on peut, l'espace d'un congrès, promettre toutes les réfornes à tout le monde, mais souvenons-nous de ce qu'était l'exemple hier de Pierre Mendès France qui faisait un constat de l'économie du pays, qui disait ensuite quelles réformes étaient possibles, et qui ensuite calibrait effectivement les promesses qu'il pouvait faire au pays par rapport à celles qu'il savait qu'il pourrait tenir dans l'avenir.

Mes chers collègues, pas de fausses illusions qui redonneraient à nouveau une image négative de la politique, mais une volonté de travailler pour les Français, une volonté de dégager une nouvelle voie pour le pays.


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