Il n'y a pas de rivalité
avec Jean-Jack Queyranne

Gérard Collomb



Entretien avec Gérard Collomb, maire de Lyon, paru dans le quotidien Le Progrès de Lyon daté du jeudi 22 avril 2004
Propos recueillis par Élisabeth Chambard et Michel Rivet-Paturel
 

Vous êtes à mi-mandat alors que la gauche vient d'emporter la Région et de gagner trois cantons sur Lyon. Est-ce la voie royale pour vous en 2007 ?
Il faut rester modeste. Évidemment, cette victoire renforce nos positions sur Lyon. Pouvoir coopérer avec la Région de manière étroite est un atout pour l'agglomération toute entière, au-delà des simples enjeux électoraux. Cela signifie qu'avec Jean-Jack Queyranne à la Région, nous allons pouvoir développer plus rapidement un certain nombre de projets sur lequel nous avions un peu de difficulté.

Sur quels projets allez-vous solliciter la Région ?
Nous allons pouvoir travailler de manière très étroite sur la question des transports avec la Région, la Communauté urbaine, le Sytral et, s'ils le souhaitent, les conseils généraux du Rhône et de l'Isère. Il s'agit de développer une complémentarité des moyens de transports et former un véritable réseau de type RER dans l'agglomération lyonnaise. Autre dossier soutenu avec modération par la région jusque là et que nous allons pouvoir mettre en œuvre : celui la halte ferroviaire Jean Macé.

Jean-Jack Queyranne devient l'homme fort de la région. N'y aura-t-il pas rivalité entre vous ?
Pas du tout. Lundi, nous nous sommes rencontrés pour étudier les dossiers de la Région et de l'agglomération. Nous ne sommes en aucun cas dans une position de rivalité. Au contraire. Le succès de l'un sera la garantie du succès de l'autre. Aujourd'hui, nos sorts sont liés : nous avons l'un et l'autre à faire aller Rhône-Alpes et l'agglomération lyonnaise de l'avant. Nous avons suffisamment de hauteur de vue pour ne pas être obsédés par les échéances électorales mais pour construire une région et une agglomération de qualité.

Le bon score des Verts aux régionales ne vous fait-il pas craindre une surenchère lyonnaise, en particulier de la part d'Etienne Tête qui s'oppose à vous régulièrement ?
Plus les différentes composantes de la gauche font des scores importants, plus cela favorise la victoire, à condition, bien sûr, que l'on aille dans le même sens. Le fond m'intéresse davantage que les questions de personnes. Nous essayons de mener une politique où le développement durable est une priorité. Aujourd'hui l'environnement, la survie de la planète est la question essentielle.

Les rentrées fiscales seront moins importantes. Allez-vous augmenter l'impôt d'ici la fin du mandat ?
A moins d'une dégradation encore plus importante des finances nationales et à condition d'un désengagement de l'État encore plus marqué, nous restons dans notre feuille de route : je n'ai pas l'intention d'augmenter les impôts d'ici la fin du mandat. Cela exige une gestion rigoureuse. Dans le compte administratif présenté bientôt, on pourra constater que les dépenses de fonctionnement ont été parfaitement maîtrisées.

L'opposition vous reproche de sortir tous les projets en même temps, à la fin du mandat. N'est-ce pas une réalité ?
Forcément, tout sort en 2006, 2007. L'opposition a commencé par dire : ils ne font rien. Mais un projet, ça se travaille, on demande ensuite à des équipes de le concevoir, puis les formalités administratives durent un an. Et depuis six mois, on voit des grues dans la ville et des projets qui sortent. Il n'y a pas de volonté de tout amener à la fin du mandat : il s'agit seulement du rythme inhérent à la conduite d'un projet.

Êtes-vous satisfait du niveau de propreté de l'agglomération ?
Plus qu'il y a quelque temps mais moins que je ne le souhaiterai. On a réorganisé les services de propreté. Sur certains secteurs de l'agglomération, comme la rue de la République, on a progressé. Nous avons multiplié les moyens mais il ne faut pas que l'incivilité grandisse. On ne peut venir à bout de ce problème seulement si tout le monde adhère à l'idée qu'il faut que la ville soit propre.

Où en êtes-vous vis à vis des demandeurs d'asile après la mort des deux adolescentes ?
L'ALPIL est en train de travailler sur le terrain de Surville. Nous avons proposé des bâtiments de la Communauté urbaine pour loger un certain nombre de familles. Mais on ne peut pas concentrer à Lyon l'ensemble des demandeurs d'asile qui viennent en France. Au cours des trois premiers mois de 2004, selon les statistiques de Forum Réfugiés confirmées par la Ddass, on a enregistré plus 65 % de demandeurs d'asile par rapport à l'année dernière. C'est énorme. On est face à une thrombose de tous les dispositifs d'aide existants. Le problème est insoluble au niveau de l'agglomération. Il faut donc un redéploiement de l'accueil au niveau régional et national.

Que vous répond le gouvernement ?
J'ai envoyé trois lettres au Premier ministre. Il ne m'a jamais répondu. Je suis maire de la deuxième ville de France, je n'ai jamais eu un rendez-vous avec le Premier ministre pour lui parler des problèmes de l'agglomération.

Les conducteurs de tramway en sont à leur quinzième semaine de grève. Que préconisez-vous pour y mettre fin ?
Il faut que les conducteurs reviennent à des revendications plus réalistes. Le Sytral est financé d'abord par le ticket de l'usager. Et parmi ces usagers, certains gagnent moins que les conducteurs de tramway. Il n'y a pas de solution miracle qui permettrait de répondre à des revendications excessives.

Vous nous avez annoncé la deuxième étape de l'Initiative de Genève à Lyon. Où en est-on ?
Au mois de mai, Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo seront à Lyon et y poursuivront leurs discussions. Nous prendrons ensuite et avant la fin de l'année l'initiative de rassembler la Conférence des maires pour la paix en nous appuyant sur le réseau des Eurocités.

Michel Rocard est tête de liste aux Européennes. Est-il le bon candidat ?
Il y a quatre ou cinq mois, j'avais lancé l'idée d'une candidature d'une personnalité d'envergure nationale sur le Grand Sud-Est. Bernard Kouchner n'est pas intéressé. Michel Rocard peut apporter beaucoup. Il a une véritable vision de l'Europe. Je l'aiderai le plus possible. Je regrette simplement que mon ami Soulage soit à une place difficile.

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