Le PS ne doit pas être une secte

Gérard Collomb



Entretien avec Gérard Collomb, maire de Lyon, paru dans le quotidien Le Parisien daté du vendredi 9 mai 2003
Propos recueillis par Philippe Martinat et Dominique de Montvalon
 

La victoire de François Hollande vous réjouit-elle ?
Ah oui, elle me réjouit, vous pouvez le dire ! Ce succès traduit une prise de conscience des militants PS. Le Congrès des Verts avait été houleux. Celui du PCF n'a pas résolu tous les problèmes. Notre rendez-vous était donc capital, pour nous mais aussi pour l'ensemble de la gauche. Les socialistes viennent de démontrer leur volonté de repartir de l'avant. Je dis : bravo.

En décembre dernier et pendant plusieurs semaines, ça a flotté...
C'est vrai. Tout était alors possible. Mais nous avons été quelques-uns, à ce moment-là, à retrousser nos manches. Beaucoup de militants voulaient la rénovation à n'importe quel prix. Certains ont cru qu'Arnaud Montebourg pouvait être l'homme de la situation. Et puis, ils ont fini par se rendre compte que ses réponses étaient souvent excellentes dans la forme, mais bien creuses sur le fond. Pour renverser le courant, il nous a fallu nous battre. Pour ma part, je me suis impliqué à fond. François Hollande sait qu'il a un impératif : ouvrir d'urgence un grand chantier pour remettre à jour la doctrine de notre parti, forgée dans les années 1970 et qui, sur plus d'un point, est caduque...

Vous croyez vraiment que le PS va changer ?
C'est indispensable. Nous devons nous ouvrir davantage à la société. Le PS ne doit pas être une secte où les gens se parlent de manière codée, en vivant sans vrais contacts avec l'extérieur. La politique intéresse pourtant les citoyens, mais à condition de ne pas la réduire à des problèmes de boutique. À Lyon, nous avons créé, par exemple, des conseils de quartier : neuf mille personnes y participent. Éducation, bioéthique, nouvelles technologies : le PS doit débattre de tout cela, et réapprendre en même temps à rassembler.

Comment renouer avec les couches populaires ?
Moi qui suis fils d'ouvrier, je suis convaincu qu'au PS peuvent, demain, se retrouver, sans exclusive, les couches populaires et les classes moyennes. Maire d'une très grande ville, je connais les uns et les autres car c'est dans les milieux urbains que se trouvent concentrés, à la fois, toutes les innovations, tous les problèmes, toutes les contradictions de notre société. Pour éviter la montée des fondamentalistes islamiques, qui essaient de nous prendre de vitesse, pour réussir une vraie intégration de la population d'origine maghrébine, il nous faut, par exemple, casser les ghettos. Comme j'ai commencé à le faire dans l'Est lyonnais. J'insiste : avec Hollande, le PS a besoin de faire « sa » révolution.

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