| La journée d'action syndicale du 10 mars et la polémique inhérente causent-elles des dégâts à la candidature de Paris ?Je regrette évidemment tout commentaire qui, dans la presse internationale, peut illustrer pour nous une difficulté ponctuelle. Mais je reste optimiste. Les membres du CIO savent que notre pays est une démocratie avec son expression sociale. Toutes les organisations syndicales, sans exception, ont clairement dit ne pas vouloir gêner le travail de la commission d'évaluation. Jamais leur engagement en faveur d'une candidature de Paris n'avait été aussi net. Quant aux acteurs politiques qui surréagissent, je laisse aux citoyens le soin d'apprécier. Pour ma part, depuis l'origine, je donne tout ce que je peux à la construction d'un consensus sincère, réaliste et enthousiaste. Avec un seul objectif : gagner le 6 juillet.
Pouvait-on éviter la concordance des dates ?Pour que les organisations de salariés ne manifestent pas, il faut qu'elles n'aient pas de raison de le faire... J'ai, bien entendu, discuté avec elles, mais elles ont souligné que le gouvernement avait fixé le débat sur les 35 heures au Sénat le 10 mars. Je ne juge pas de l'opportunité du calendrier parlementaire, mais les faits sont là. Il faut faire avec, la vie ne peut pas s'arrêter. Donc soyons candidats tels que nous sommes, avec le mouvement et les débats.
Mais si Paris perd ?Si nous gagnons, la victoire sera collective, et si nous perdons la défaite aussi sera collective...
Pourquoi trois villes comme Paris, Londres et New York ont-elles à ce point besoin des JO ?D'abord, l'olympisme peut être un moyen de vivre la mondialisation de manière intelligente. A Athènes, lors des cérémonies d'ouverture et de clôture, j'ai été frappé par la foule qui acclamait les athlètes palestiniens ou israéliens, ou par la délégation turque portant le drapeau grec à côté du sien. Je ne suis pas naïf, je connais le poids de l'argent et la réalité du dopage, mais organiser des Jeux dans l'honneur ouvre de vraies perspectives. Par ailleurs, comme d'autres villes, Paris a des points faibles et les JO constituent un formidable accélérateur d'aménagement urbain et de liens avec son agglomération. A cet égard, la Seine-Saint-Denis en profitera énormément et cela ne me paraît pas anodin. Nous voulons des JO populaires, solidaires, écologiques et éthiques en proposant par exemple 10 % des places à 10 euros, et 45 % à moins de 30 euros. De même, quand nous décidons de mettre l'accent sur l'accessibilité des infrastructures aux personnes handicapées ou de réaliser les premiers Jeux à impact nul sur l'effet de serre, cela nous tire vers le haut.
Mais pourquoi avez-vous besoin des JO pour entreprendre tout cela ?Vous savez, la décision publique est souvent très lente. Un exemple : aux Batignolles, sur un site de 45 hectares, nous avons réussi à racheter des terrains à la SNCF, pour réaliser un parc de près de 5 hectares qui sera livré pendant cette mandature. Mais, pour le reste, la question sera facilement réglée si Paris est désigné le 6 juillet. Après, des logements sociaux, des activités économiques et 10 hectares d'espaces verts feront naître un véritable quartier. Dans le cas contraire, cela prendra beaucoup plus de temps. Prenons aussi le tramway : un premier tronçon de 7,9 km sera inauguré en 2006. Or les Jeux, c'est la garantie de son prolongement sur plus de 15 kilomètres. Une ambition comme les JO fait tomber un certain nombre de barrières et de blocages. Et quand on annonce 35 milliards de retombées économiques et 42 000 emplois pérennes, je prends.
Vous y croyez à ces prévisions très optimistes ?Totalement, car je discute avec les maires de villes déjà organisatrices, notamment ceux de Barcelone et d'Athènes. A l'évidence, elles ont été positivement transformées. D'ailleurs, s'il y a un modèle de réussite, c'est bien Barcelone.
L'investissement de la ville sera de 1,056 milliard d'euros, de même pour la région. Sans augmentation d'impôt ?Sur sept ans, avec un budget annuel de 7 milliards d'euros, nous pouvons assumer cet objectif. D'ailleurs, pour cette mandature, je me suis engagé à stabiliser tous les taux de la fiscalité - directs et indirects -, ce qui sera sans précédent. Quant à la prochaine mandature, indépendamment des JO, s'il devait y avoir une hausse maîtrisée de la fiscalité, alors il faudrait le dire précisément aux électeurs, de combien et pour quelles années.
Mais pour les JO proprement dits, pas d'augmentation ?Encore une fois, dans le cadre actuel du budget, c'est totalement crédible, et l'agence internationale Standard and Poor's l'a confirmé. Tout éventuel dépassement - auquel je ne crois pas - serait d'ailleurs limité et je le dirais alors très honnêtement. Mais nous ne voulons pas de Jeux du gaspillage.
Ceux qui paieront, les contribuables parisiens, seront-ils ceux qui bénéficieront des retombées promises ?Le tramway prolongé bénéficiera à tous les usagers. De nouveaux équipements sportifs, c'est un plus pour tous les Parisiens. Et le centre nautique d'Aubervilliers, que nous cofinançons, c'est aussi une solidarité concrète avec nos voisins. Par ailleurs, à l'initiative d'Emmaüs et de son président Martin Hirsch, nous veillons à ce que les entreprises impliquées proposent des emplois d'insertion aux chômeurs, que ceux-ci puissent s'impliquer dans le volontariat grâce à des formations adaptées, et à développer l'économie solidaire via le recyclage des matériaux. Par ailleurs, les 42 000 emplois supplémentaires attendus ne seront pas précaires. Enfin, nous travaillons avec les syndicats sur les principes sociaux qui s'appliqueront à la préparation de ces Jeux.
Si vous gagnez le 6 juillet, votre réélection en sera facilitée. La droite parisienne le craint. Joue-t-elle néanmoins le jeu ?Cette spéculation sur le choix des Parisiens dans trois ans est ridicule. D'ailleurs, à ce jour, qui connaît le nom des futurs candidats ? Pour le moment, en ce qui me concerne, je ne me pose pas la question. Et je le répète : le 6 juillet, la victoire sera assumée comme collective. |