| En tant que dirigeant socialiste, souhaitez-vous que la journée d'action organisée demain par les syndicats soit un grand succès ?Je souhaite que nous soyons nous-mêmes dans ce qui fait consensus, à savoir la candidature de Paris et de la France pour accueillir le plus grand événement sportif mondial. Et j'observe que les organisations syndicales font partie intégrante de ce consensus. Pour le reste, j'éprouve le plus grand respect pour la diversité de l'expression démocratique dans mon pays et je n'ignore pas le climat économique et social dans lequel nous vivons.
Ne craignez-vous pas un impact négatif sur la commission d'évaluation du CIO ?Comment pourrais-je vous dire que je n'ai aucune inquiétude, dans aucun domaine ? Mais les membres du CIO connaissent la réalité de la France. Et encore une fois, toutes les organisations syndicales ont affirmé un soutien clair à cette candidature ainsi que leur volonté de ne pas gêner le travail de la commission. Ceux qui manifestent le font en tant que salariés. Mais ils aiment aussi le sport et aspirent, comme l'écrasante majorité des Français, à vivre des moments uniques à Paris en 2012.
Des banderoles de soutien à Paris 2012 pourraient-elles fleurir dans les cortèges des manifestants ?Par définition, chacun fera comme il l'entend. Et si certains souhaitent exprimer leur soutien à Paris 2012, je ne pourrai que m'en réjouir.
Selon le sondage du CIO, 85 % des Français soutiennent la candidature de Paris. Etes-vous surpris par ce chiffre spectaculaire ?Pas vraiment, même si ce chiffre est remarquable et même légèrement supérieur à celui de notre propre sondage. Cet enthousiasme, cet « amour des Jeux » selon la belle expression de Jean-Claude Killy, doivent se manifester jusqu'au 6 juillet et même jusqu'à l'été 2012. J'y vois un signal fort qui nous conforte dans notre volonté d'organiser des Jeux populaires, solidaires, écologiques et éthiques, en toute sécurité.
Pourquoi Paris a-t-il tant besoin des Jeux ?Les Parisiens aiment le sport, la fête et la fraternité. Ils savent aussi que ces Jeux seraient de formidables accélérateurs de progrès pour leur ville et pour leur région. Deux exemples seulement : le tramway, opérationnel sur plus de 20 km et entièrement accessible aux personnes handicapées, ou encore 45 ha aménagés aux Batignolles où émergera un nouveau « morceau de ville » avec des équipements publics - notamment sportifs -, des logements sociaux et étudiants, des activités économiques ainsi qu'un parc de 10 ha. Cet héritage olympique sera durablement inscrit dans l'identité de Paris.
Vous avez parlé de Jeux populaires. Qu'entendez-vous par là concrètement ?Nous voulons des stades pleins, ouverts à chacun. Ainsi, 10 % des places seront à 10 € et 45 % à moins de 30 €. Car nous souhaitons une célébration de l'olympisme au cœur d'une ville ouverte au monde entier. En 2012, Paris doit vibrer.
D'où l'idée novatrice du village olympique dans Paris intra-muros ?C'est fondamental. Pour le CIO, les Jeux à Paris, c'est un village dans Paris. Dédié à tous les athlètes et, fait inédit, sans reconfiguration nécessaire entre les épreuves olympiques et paralympiques : dès l'origine, ce village sera accessible à chacun.
Qui va payer la facture de tout cela ?Notre budget est totalement maîtrisé. Nous n'organiserons pas les Jeux du gaspillage. L'investissement de la Ville sera de 1,056 milliard d'euros, étalés sur sept ans. Or, notre budget annuel est de 7 milliards. C'est donc parfaitement viable.
Cela veut dire zéro impôt olympique pour les Parisiens ?Oui. Il n'y aura pas d'impôt olympique pour le contribuable.
Pas de mauvaise surprise ensuite ?Non. D'ailleurs, l'agence financière internationale Standard and Poor's a confirmé la crédibilité de cet engagement. Et s'il devait y avoir une petite différence, à la marge, je le dirais honnêtement. Mais je n'y crois pas.
Les Franciliens vont-ils payer à la place des Parisiens ?Non ! L'investissement de la région est le même que celui de la Ville (celui de l'Etat s'établissant à 861 millions d'euros) : là encore, c'est très raisonnable sur le plan budgétaire. En outre, les Jeux génèrent toujours des retombées économiques considérables. Barcelone, qui est une référence en la matière, a montré qu'il était possible à la fois d'équilibrer son budget et de bénéficier de telles retombées.
On parle de 42 000 emplois. Des vrais emplois ou des petits boulots ?La dimension sociale de ces Jeux est au coeur de nos préoccupations. C'est aussi pour cela que les organisations syndicales ou Emmaüs France sont nos partenaires. Ces emplois seront pérennes. Et ce chiffre n'intègre même pas les créations de postes liées à la préparation et au déroulement des Jeux.
Le dossier parisien apparaît bien placé. Quelle est l'erreur majeure à ne pas commettre ?Nous devons veiller à préserver ce qui fait notre force depuis l'origine : un vrai consensus. Et éviter les maladresses, les déclarations à l'emporte-pièce ou les imprudences. Car, comme le dit Jean-Claude Killy, tout se jouera au centième de seconde.
Donc, pas d'arrogance cette fois ?Notre enthousiasme ne doit pas passer pour de l'autosatisfaction. Et l'attachement à notre ville, à notre pays, ne doit pas être perçu comme un sentiment de supériorité. Dans cette compétition, nous assumons ce que nous sommes mais également le fait que nous avons besoin des Jeux. Car Paris, en gardant son âme et son identité, s'en trouverait transformé. Nous le disons avec humilité. Parce que c'est la vérité.
Connaissez-vous personnellement Nawal el-Moutawakil ?Je l'ai rencontrée avant même l'annonce de notre candidature, lors d'une manifestation à l'Hôtel de Ville, dédiée aux femmes dans le sport. Et j'ai croisé d'autres membres de la commission d'évaluation, car il m'arrive de côtoyer la famille olympique depuis 2001. Mais cela ne signifie rien. Nous savons que la rigueur, l'exigence et l'objectivité de cette commission sont totales.
A combien évaluez-vous l'importance du rapport de la commission dans l'attribution des Jeux ?Je ne fais pas de pronostic, je travaille.
Envisagez-vous la défaite ?Avec tous mes collègues du comité fondateur, je me concentre sur l'hypothèse de la victoire. Celle-ci sera collective. La défaite le serait aussi. En tout cas, que les Parisiens sachent que même sans les Jeux je me battrai pour la réalisation d'équipements utiles à notre ville. Mais je le répète : l'organisation des Jeux en 2012 serait un formidable accélérateur de développement.
Quelle ambition personnelle poursuivez-vous au travers de cette candidature ?Je me bats pour l'amour des Jeux. Je le fais en tant que Parisien et en tant que maire. Si nous gagnons, je ne demande rien d'autre que de pouvoir y assister en 2012. Et quand je vous dis cela, prenez-le vraiment au premier degré.
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