La charte des droits fondamentaux, un instrument pour nos luttes

Jacques Delors
Intervention de Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne (1985-1995), président du Comité de soutien pour le OUI, le 19 avril 2005.


 
Ma première réaction quand je vois les camarades socialistes s’égailler dans toutes les directions, c’est de me demander : « Pourquoi a-t-on fait un référendum interne ? ». Vous m’avez compris, je n’insiste pas.

Au cours de cette campagne au sein du parti, que j’ai trouvée, pour ma part, digne et d’un niveau élevé, j’ai souvent souligné que cette consultation avait pour objet de savoir si nous acceptions de continuer la lutte pour l’Europe que l’on désire, en acceptant le traité constitutionnel. Et puis d’ajouter qu’en ce qui concerne le bilan de l’action des socialistes depuis une trentaine d’années, les membres du parti auraient, bien entendu, la possibilité d’en débattre à propos du projet pour 2007 car c’est en 2007 que les Français auront à décider de qui gouvernera la France pour les années suivantes.

C’est la même distinction que j’ai toujours à l’esprit quand je rencontre, dans la rue ou dans les réunions, des compatriotes qui me disent leur insatisfaction et leur mécontentement devant la politique menée par la droite en France, et je leur dit que ce n’est pas en votant NON le 29 mai qu’ils infléchiront, en quoi que ce soit, les affaires internes de la France. En d’autres termes, si le NON l’emporte, « Chirac restera, la France trinquera ».

Je sais combien il est difficile de tenir ce raisonnement face à nos compatriotes les plus défavorisés comme, par exemple, et la liste n’est pas close, les titulaires du minimum vieillesse, du RMI, ceux qui ont un emploi précaire ou qui n’ont pas d’emploi du tout, les familles mono parentales...
Mais, encore une fois, c’est en 2007 que nous pourrons infléchir le cours des événements et agir en faveur des plus défavorisés.

Car, je ne le répéterai jamais assez, ce que les Français doivent faire par eux-mêmes, l’Europe ne le fera pas pour eux. Elle peut apporter une valeur ajoutée mais elle ne peut nous dispenser d’un effort national, là où les compétences sont nationales pour stimuler la croissance, la création d’emplois, l’égalité des chances en matière d’éducation, l’action en faveur des plus défavorisés...

Avec le traité constitutionnel, il y a deux améliorations importantes dont nous devons tenir compte.

D’une part, la charte des droits fondamentaux qui sera un instrument pour nos luttes, pour la mise en œuvre de nos valeurs et pour le progrès social. D’autre part, une organisation plus claire, plus efficace et plus démocratique des pouvoirs.

Tel est le cadre dans lequel nous avons intérêt à agir tout en nous rappelant que la vie est un combat.

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