L'Europe doit protéger contre la précarité

Harlem Désir


Entretien avec Harlem Désir, député européen qui conduira la liste du Parti socialiste en Ile-de-France lors des élections du 13 juin prochain, paru dans le quotidien Métro daté du 26 avril 2004
Propos recueillis par Jérôme Vermelin


 

Que représente pour vous cette tête de liste aux élections européennes ?
C’est la reconnaissance du travail que j’ai effectué pendant mon premier mandat européen puisque j’ai été élu pour la première fois en 1999. Aujourd’hui, le Parlement européen est mal connu des citoyens. Or 60 à 70 % des lois votées à l’Assemblée nationale sont des transpositions des directives européennes, votées auparavant à Strasbourg.
Je suis membre de deux commissions.Celle de l’industrie, du commerce extérieur, de l ’énergie et de la recherche, qui suit notamment les sujets de l’OMC. L’identité de l’Europe, ce n’est pas simplement l’économie de marché. C’est aussi la sécurité sociale, les services publics. Je suis également membre de la commission de l’emploi et des affaires sociales où j’ai été rapporteur sur les comités d’entreprise. Il ne peut pas y avoir d’Europe sociale sans reconnaissance des syndicats, du droit à la négociation collective dans les grands groupes.

Quel est le principal défaut du Parlement européen aujourd’hui ?
C’est de ne pas avoir encore la plénitude de ses pouvoirs parlementaires puisqu’il y a encore des domaines dans lesquels nous sommes restreints par les traités. C’est le cas par exemple quand il s’agit de lutter contre le dumping fiscal ou, en matière sociale, de voter un salaire minimum européen. On ne peut pas avoir une Europe économique complètement ouverte et ne pas avoir de règles sociales communes. Sinon on va vers une multiplication des délocalisations sauvages, alors que nous sommes là aussi pour protéger les travailleurs contre la précarité. Pour cela, il faut une majorité de gauche.

La Turquie doit-elle faire partie de l’Union européenne ?
Elle a acquis le statut de candidat depuis un Conseil européen de 1999 avec l’approbation de Jacques Chirac et de Lionel Jospin.Mais des conditions doivent être remplies, comme pour n’importe quel autre pays. Il faudra que la Turquie devienne une réelle démocratie si elle veut véritablement rejoindre l’Union européenne.

L’unité de l’Europe a volé en éclats lors du déclenchement de la guerre en Irak. L’un des problèmes de l’UE ne réside-t-il pas dans son incapacité à définir une politique étrangère commune ?
Ce qui est très frappant, c’est que les opinions publiques sont très majoritairement hostiles à l’unilatéralisme, et ont fait le choix des Nations unies, c’est-à-dire de la recherche de solutions politiques. On voit maintenant dans un certain nombre d’élections, comme en Espagne, qu’il y a une sanction à l’égard des gouvernements qui se sont éloignés de cet esprit européen. Il faut aller vers une véritable politique étrangère et de défense commune, qui soit décidée à la majorité, et non plus à l’unanimité, pour que quelques pays qui veulent s’aligner sur les Etats-Unis ne puissent pas tout bloquer. Le fait que le projet de constitution prévoit la nomination d’un ministre des Affaires étrangères européen est un pas en avant.

L ’UMP a choisi Patrick Gaubert, président de la Licra, pour conduire sa liste en Ile-de-France. Qu’en pensez-vous ?
J’ai du respect pour la personne, mais je combattrai la politique de l’UMP car on ne peut pas faire confiance à des gens qui démantèlent les services publics en France pour défendre notre modèle social demain en Europe. On ne peut pas plus laisser l’Europe à la droite qu’on ne lui a laissé les Régions.

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