Chirac est comme ces camelots sur les marchés

Julien Dray



Entretien avec Julien Dray, porte-parole du PS, paru dans le quotidien Le Parisien daté du lundi 12 janvier 2004
Propos recueillis par Philippe Martinat
 

Que souhaitez-vous à Jean-Pierre Raffarin qui présente ses vœux aujourd'hui ?
A titre personnel, les meilleures choses de la vie. La courtoisie fait partie de l'esprit républicain. A titre politique, une sacrée santé. Il va lui en falloir une pour défendre une politique aussi injuste socialement.

Êtes-vous surpris par le retour en force de Jacques Chirac sur la scène intérieure ?
Je ne m'attendais pas, c'est vrai, à une offensive aussi déterminée. Mais s'il monte ainsi en première ligne, c'est, d'abord, parce qu'il sait que le rejet du gouvernement Raffarin va finir par l'affaiblir. C'est, ensuite, parce qu'il cherche à contrer l'activisme de Nicolas Sarkozy. Pour le reste, on ne peut lui reprocher de faire campagne, même si les conditions de l'élection du 21 avril 2002 devraient le rendre attentif à ne pas en faire trop. Il est désagréable de le voir toujours employer les mêmes vieilles méthodes.

C'est-à-dire...
De formidables promesses et des engagements financiers qui ne seront jamais tenus. Mais ses propos sont lourds de menaces pour les salariés. Il suggère, ni plus ni moins, la fin des contrats à durée indéterminée et l'apparition de travailleurs pauvres. Chirac est comme ces camelots sur les marchés qui vendent des chiffons essuie-tout ou la machine à tout faire ! On sait que ça ne marchera pas, mais il y en a toujours pour se laisser piéger.

« Je n'ai pas de problème du tout avec Nicolas Sarkozy », dit le président...
Leur détermination à s'affronter semble inébranlable. C'est parti pour durer. Au regard des problèmes auxquels les Français sont confrontés, cela n'amusera bientôt plus qu'eux.

Les socialistes sont-ils aujourd'hui en ordre de bataille ?
Vous allez voir dans les semaines qui viennent une nouvelle génération qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui est sacrément punchy. Le travail que l'on fait autour de François Hollande portera ses fruits en mars, au moment des élections.

N'est-ce pas un scénario dangereux pour la gauche d'être désunie dans certaines régions ?
La porte reste ouverte jusqu'à l'extrême dernière minute à tous ceux qui le souhaitent.

Redoutez-vous le pouvoir de nuisance de l'extrême gauche ?
Non. Elle a fait le choix du sectarisme qui l'amène à préférer la droite à la gauche. C'est un choix stérile qui va la marginaliser.

Ou celui de François Bayrou ?
Non. Dans un contexte où les préoccupations sociales dominent, la joute électorale va forcément se ramener dans les régions à un match droite-gauche. Et le centre montrera alors son vrai visage : il est à droite socialement depuis... Jean Lecanuet pour ceux qui s'en souviennent.

Reste le Front national...
C'est un réel danger. Son score sera peut-être la matérialisation de la crise sociale dans laquelle nous nous enfonçons. Or Le Pen a compris que, pour engranger le malaise social, il doit parler le moins possible. Sinon il apparaît sous son vrai visage. Pendant la campagne, nos candidats auront donc des argumentaires pour dénoncer concrètement la véritable nature antisociale du Front. Ainsi, personne ne pourra dire qu'il n'était pas prévenu.

En mars, ça passe ou ça casse pour le PS ?
Si ça casse, ce sera dur pour les partis de gauche, mais encore plus dur pour les salariés. Donc personne ne doit avoir d'état d'âme. L'esprit collectif doit l'emporter.

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