La gauche a des devoirs

Julien Dray



Entretien avec Julien Dray, porte-parole du PS, paru dans le quotidien Le Parisien daté du lundi 29 mars 2004
Propos recueillis par Philippe Martinat
 

Est-ce une victoire du PS ou un vote sanction contre le gouvernement ?
Il y a d'abord évidemment un rejet massif de la politique de remise en cause des acquis sociaux. Le pays vient de dire, une nouvelle fois, qu'il ne supporte pas la thatchérisation et le modèle anglo-saxon. Qu'il reste attaché à la Sécurité sociale et aux services publics. Mais ce résultat est aussi une adresse à la gauche pour qu'elle construise une alternative.

La gauche sera-t-elle à la hauteur des espérances ?
Cette victoire ne nous donne aucun droit, seulement des devoirs. Nous avons fait une campagne sérieuse, certains disaient même ringarde. Voilà le résultat. La gauche doit se mettre au travail dans les régions. Mais le président de la République ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé.

Jacques Chirac peut-il maintenir sa confiance à Jean-Pierre Raffarin ?
Ce n'est pas notre problème. Ce n'est pas parce qu'on changera de Premier ministre ou de gouvernement qu'on changera forcément de politique. Je me méfie des grands effets de remaniements ministériels. Nous ne voulons pas rentrer dans ce jeu. La question est : quelle politique va être suivie maintenant ? Il y a des gens qui souffrent, qui sont précarisés, des familles au bord de la faillite. C'est à tous ceux-là qu'il faut répondre. Raffarin a parlé de la France d'en-bas, moi je préfère parler de la France qui se bat. Il va falloir prendre en considération ce qui se passe dans le pays et écouter ce que la gauche dit au Parlement. Nous allons faire notre travail : protéger, défendre et agir.

Quels enseignements tirer pour les alliances à gauche ?
On dépasse le cadre de la gauche plurielle. Il nous faut garder le rassemblement de la gauche qui a formidablement marché, encore plus au second tour qu'au premier et qui a permis de renouer avec les couches populaires. Mais il y a aussi une demande d'un rapport différent avec les citoyens : il faut créer les conditions d'un travail de la gauche sous la forme d'états généraux et de débats car il y a des questions qui ne sont pas tranchées, notamment en matière d'Europe ou de social.

La carte politique de la France a profondément changé...
On en avait l'intuition depuis quelques années. Maintenant c'est une confirmation : l'arc ouest a basculé à gauche. Mais surtout la gauche retrouve ses fondamentaux : les salariés, une partie de la jeunesse et les couches populaires. C'est pour nous une énorme responsabilité, car il va falloir gérer l'importance de cette demande.

Comment ?
Les gens ont commencé à faire de la politique, il ne faut pas qu'ils s'arrêtent. Il faut maintenant qu'ils s'engagent dans les syndicats, qu'ils rejoignent massivement les partis de gauche. On a besoin d'un grand parti de gauche.

Cette victoire ne va-t-elle pas relancer les appétits des présidentiables du PS ?
Il y a aujourd'hui un premier secrétaire du PS. C'est lui qui va conduire, pendant un an et demi, le travail d'élaboration de notre projet. Il sera temps après de penser à qui sera le plus capable de porter nos couleurs pour la présidentielle.

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