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Henri Emmanuelli en arrive à comparer les socialistes partisans du non aux parlementaires qui avaient refusé en 1940 de voter les pleins pouvoirs à Pétain...Et après, Henri va dire qu'il est la victime ! Je lui demande de revenir à la raison. Moi, je ne considère pas que, parce qu'il mène campagne pour le non, il soit un traître ou un ami de Philippe de Villiers. C'est un dirigeant du PS : il doit donner l'exemple en ne disant pas n'importe quoi.
La direction du PS redouterait que le mouvement social menace le oui...J'en ai marre de cette intox : on essaie de faire croire que, quand on est contre la politique du gouvernement, il faudrait voter non. Quinze personnes lancent des boules de neige à Guéret : on ne parle plus que de ces gauchistes, et on oublie qu'il y a dans le même temps 6 000 manifestants qui défilent contre la désertification organisée par la droite. Moi, je vais de manif en manif, et je n'essaie pas de récupérer le mouvement social au profit de mes intérêts partisans, et de lui faire dire autre chose que ce qu'il dit. En l'occurrence : « Augmentez les salaires, M. Raffarin, ça suffit ! » C'est un curieux service rendu au gouvernement que de laisser penser que ces manifestations sont contre la Constitution européenne alors qu'elles visent à protester contre sa politique.
Craignez-vous un retour de l'extrême gauche ?L'extrême gauche qui serait en train de renaître de ses cendres tel le Phénix, cela aussi, ça me chauffe les oreilles ! Ce n'est que l'énième avatar d'un film qu'on connaît par cœur. Les salariés de notre pays et, avec eux, tout le peuple de gauche ont besoin d'efficacité. Seule la gauche réformiste peut apporter les réponses, pas une extrême gauche révolutionnaire qui considère que le socialiste, c'est pire que le patron.
Mélenchon et Emmanuelli vont faire des meetings pour le non avec le PC et le mouvement Attac...Je constate que ceux qui ont demandé le plus fort une consultation interne veulent maintenant tirer un trait depuis qu'ils ne sont pas majoritaires. C'est le plus mauvais service qu'on puisse rendre à la vie de notre parti. Alors que cette consultation était citée en exemple, certains sont est en train de la ridiculiser. J'ai été pendant quinze ans minoritaire, y compris sur des questions graves, jamais je ne me suis permis de faire campagne contre mon parti de cette façon-là. Ceux qui se revendiquent de la base sont en train de lui imposer leurs caprices de chefs.
La direction du PS peut-elle continuer de faire semblant en regardant ailleurs ?Elle ne regarde pas ailleurs : nous voulons nous donner tous les moyens de gagner en 2007. Pour cela, il ne faut pas ouvrir une crise européenne qui isolerait la France, et l'empêcherait de mener une politique de gauche. Nous allons concentrer tous nos efforts pour expliquer ce traité, et montrer comment il peut être un point d'appui pour construire une Europe politique et sociale. Ça, c'est la vérité.
Attendez-vous le lendemain du 29 mai pour apurer les comptes au sein du PS ?Il n'y a pas eu de règlement de comptes après notre consultation interne : l'esprit de François Hollande n'est pas de chercher à chaque étape à prendre sa revanche sur les uns ou les autres, mais de rassembler les socialistes. Cela dit, personne n'aura la mémoire courte. Comme dit l'adage populaire, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
Vous avez évoqué le risque, à gauche, d'un possible « schisme »...J'ai délibérément utilisé cette formule. Non pas parce que je considérais que nous étions déjà dans cette situation, mais parce qu'il est un moment où il faut rappeler tout le monde à la réalité : pour gagner en 2007, ce ne sera pas les partisans du non contre ceux du oui. Il faudra toute la gauche.
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