Le pacte de l'Elysée
Investiture présidentielle du PS

Profession de foi de Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise, parue dans l'Hebdo des socialistes daté du 29 octobre 2006


 
Cher camarade, chère camarade,

Deuxième semaine de campagne !

Je te l’ai écrit, dans le dernier numéro de l’Hebdo : pour moi, l’urgence est sociale. Pour y répondre, il faut une autre politique économique. L’économique et le social, c’est le premier défi auquel la France est confrontée. C’est la première préoccupation des Français. C’est la première priorité des socialistes. Ce sera l’axe stratégique de la campagne que nous mènerons ensemble si je suis désigné le 23 novembre.

Jeudi dernier, j’étais à Valence, pour apporter mon soutien aux salariés des stylos Reynolds - une entreprise menacée de délocalisation alors qu’elle fait des bénéfices. Lundi, j’ai avancé dix-huit propositions qui viennent compléter, préciser, hiérarchiser notre projet socialiste. Un seul exemple concret : pour lutter contre le développement du travail précaire, j’ai proposé que l’impôt sur les sociétés soit modulé - à la baisse ou à la hausse - afin d’inciter les entreprises à recourir aux contrats à durée indéterminée.

Mardi, je ne sais si tu as eu la possibilité de le regarder en direct, nous avons tenu notre premier débat télévisé. Le Parti socialiste en est sorti collectivement renforcé. Et j’ai la conviction d’avoir pu déployer ma vision de l’avenir.

Aujourd’hui, je ne veux pas aligner une liste de pétition de principes ou de propositions techniques ; je veux insister sur une proposition qui illustre le projet social-démocrate que je défends. Cette proposition, je l’ai appelée le « Pacte de l’Elysée ».

De quoi s’agit-il ? De mon premier chantier, si je suis élu Président de la République : le lancement d’une grande négociation sociale, comme notre pays n’en a jamais connu.

En quoi est-ce nouveau ?

C’est nouveau par la méthode : je compte engager les discussions avec les partenaires sociaux juste après ma désignation, afin de pouvoir engager les négociations efficacement dès le lendemain de l’élection et fixer la fin de l’année 2007 pour l’achèvement des travaux.

C’est nouveau par l’objectif : il s’agit de bâtir un nouveau compromis social, un accord « gagnant-gagnant », pour remettre la société tout entière en mouvement. Nous pourrons ainsi recréer la confiance sans laquelle il n’y a ni croissance ni, au bout du compte, de progrès social possible.

C’est nouveau, enfin et surtout, par l’ordre du jour que je veux large.

Le Pacte de l’Elysée mettra évidemment sur la table la question du pouvoir d’achat et de la revalorisation des carrières. Nous avons pris l’engagement de porter le SMIC à 1500 euros au plus tard à la fin de la législature. Je le tiendrai. Mais il faut être plus ambitieux. Il faut agir sur l’ensemble de l’échelle des salaires pour que le nombre de salariés payés au SMIC cesse d’augmenter. Et il faut prêter attention à la revalorisation des carrières pour que nul ne reste toute sa vie au SMIC.

Le Pacte de l’Elysée mettra sur la table la question de la sécurisation professionnelle - j’ai pu mesurer une nouvelle fois à Valence à quel point il était indispensable de dégager des moyens sans précédent pour l’indemnisation, la formation et le reclassement des salariés victimes des délocalisations.

Le Pacte de l’Elysée mettra aussi sur la table la question des retraites. Nous nous sommes engagés à abroger la loi Fillon. Mais nous le savons bien : cette abrogation ne règlera pas à elle seule le problème. Il faudra donc négocier sur les moyens de pérenniser la retraite par répartition - auquel nous sommes attachés de toutes nos forces. Il faudra aussi, dans le même temps, lutter contre les injustices du système actuel : je pense aux petites pensions, aux carrières discontinues et, surtout, à la prise en compte de la pénibilité.

Le Pacte de l’Elysée mettra enfin sur la table la question de la santé au travail et des conditions de travail. Ces problèmes là ne sont pas derrière nous, comme la diminution des emplois industriels aurait pu le laisser penser. Ces problèmes là sont devant nous : il y a davantage d’accidents du travail, il y a de nouvelles maladies professionnelles - qu’il s’agisse des troubles musculo-squelettiques ou du stress. Nous devons agir.

Je résume : une grande négociation sociale engagée dès avant l’élection, achevée avant la fin de l’année 2007 et portant à la fois sur le pouvoir d’achat, la sécurisation professionnelle, les retraites et les conditions de travail - voilà le « Pacte ».

Mais je veux que ce soit le Président de la République lui-même qui prenne en main cette négociation - d’où le « Pacte de l’Elysée ». Pourquoi ? Parce qu’il y aura besoin de l’impulsion que lui donnera la légitimité populaire issue de son élection. Parce qu’il s’agit de ma première priorité et que je n’ai pas l’intention de m’en dégager une fois élu.

Un dernier mot, chère Camarade, cher Camarade.

Au travers de ce Pacte de l’Elysée, c’est une démarche globale que je défends et qui fait mon originalité dans cette campagne. Elle illustre ma conception aussi d’une Présidence « engagée ». Elle illustre que l’investissement social est un investissement économique. Elle illustre que, au-delà de l’indispensable mobilisation de l’Etat, c’est toute la société qu’il faut mobiliser. Elle illustre, en un mot, ce qu’est une social-démocratie repensée et rénovée !

A la semaine prochaine !

Dominique Strauss-Khan



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