L'objectif doit être l'augmentation significative de la majorité des salariés | |
Entretien avec Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise, ancien ministre de l'économie, paru dans le quotidien Le Monde daté du 12 mars 2005. Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué |
La proposition que devrait faire le gouvernement de relever de 1 % le salaire des fonctionnaires vous parait-elle répondre à la mobilisation de jeudi ?Vous avez proposé un " Grenelle des revenus ", c'est-à-dire, comme en mai 1968, une négociation nationale sur les salaires. Le Medef la réfute en arguant de l'hétérogénéité des entreprises.D'où la nécessité de négociations nationales et interprofessionnelles - même si, évidemment, elles ne peuvent pas tout régler. Tout doit être négocié, comme cela se fait dans toutes les grandes social-démocraties. L'objectif : l'augmentation très significative des revenus de l'immense majorité des salariés. Mais n'est-ce pas difficile à mettre en œuvre dans une période de faible croissance ?C'est en fixant cet objectif d'augmentation des revenus que nous redonnerons la confiance dans l'avenir. C'est en recréant la confiance que nous relancerons la consommation. Et c'est en relançant la consommation que nous ferons repartir l'investissement et la croissance ! Car il est insupportable de voir ce gouvernement faire comme si son seul pouvoir était de constater la croissance - comme on regarde tomber la neige. Il faut agir car il n'y a aucune fatalité à ce que la zone euro, et la France au premier rang, soit le seul endroit de la planète dans lequel la croissance est faible et molle. Le PS a-t-il pour autant de vraies solutions de rechange ?Le réformisme que nous sommes en train de bâtir, au travers du projet du PS que j'anime avec Martine Aubry et Jack Lang, se propose d'être un nouveau chemin pour la gauche. Prenons l'exemple des délocalisations. Je proposerais, à court terme, d'injecter temporairement des fonds publics pour aider les entreprises à passer un cap difficile, ce que l'on peut appeler, avec un clin d'œil, les nationalisations temporaires. Nous voulons aussi contraindre lesdites entreprises à payer la taxe professionnelle plusieurs années après leur départ. Faute d'autre débouché politique, ne craignez-vous pas que la contestation alimente le " non " au référendum ? |
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