Traité constitutionnel européen
Le brouillage s'estompera

Dominique Strauss-Kahn



Entretien avec Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise, paru dans le quotidien Sud Ouest daté du 17 mars 2005
Propos recueillis par Patrick Guilloton
 

Après les manifestations du 10 mars, Ernest-Antoine Seillière, le président du MEDEF, a jugé précipitée l'ouverture des négociations salariales par le gouvernement. Quel est votre sentiment ?
Il aura fallu que les salariés du public et du privé descendent dans la rue pour que ce qui était hier jugé impossible le devienne. Cette négociation sur les salaires, que j'avais demandée dès le 17 février sur France 2, est une victoire qui demande à être confirmée dans les faits. L'ouverture des négociations n'est pas la satisfaction des revendications, mais cela le permet. Vous savez, dans notre pays, tout augmente, les profits et les prix, mais pas les salaires ni l'emploi. Les socialistes veulent inverser ces priorités.

Le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, estime, à propos de la directive Bolkestein, qu'il n'est pas question de remettre en cause la clause du pays d'origine. Votre avis sur le sujet ?
Je suis contre cette clause, comme toute la gauche, comme le Parlement français et comme le Parlement européen. Il ne faut pas que ce texte, qui propose que les salariés venant d'autres pays aient les conditions de travail et de salaire de leur pays d'origine, voit le jour. Il faut maintenant qu'un pays s'oppose pour que la directive ne passe pas. Il faut donc que le président de la République en demande le retrait.

Certains au PS estiment que vous « roulez » en faveur d'un retour de Lionel Jospin. Que leur répondez-vous ?
Je n'aime pas cette expression ! Quant à Lionel Jospin, c'est mon ami et je ne me passe pas de ses conseils. Mais c'est bien mal le connaître que de faire mine de croire qu'il pourrait agir caché. Tout ceci n'a pas de sens. Lionel Jospin a déclaré qu'il se retirait de la politique. Je n'ai aucun élément me donnant à penser qu'il ait changé d'avis.

Quels effets, au sein du PS, après l'actuel débat entre les tenants du « oui » et du « non » ?
Le PS est un parti où l'on a des convictions. C'est aussi un parti de fortes personnalités qui n'aiment pas courber l'échine, c'est sa force. Mais c'est par ailleurs une formation démocratique où les militants tranchent les orientations. Après un grand et beau débat, les militants socialistes se sont prononcés à près de 59 % pour le « oui ». Il y a donc un parti qui milite pour le « oui » et des personnalités qui font état de leur refus de respecter le vote des militants. Cela ne fait pas un désordre mais un léger brouillage qui s'estompera au fur et à mesure du déploiement de la campagne du « oui ».

Vous venez aujourd'hui à La Rochelle plaider en faveur du « oui ». S'il n'y avait qu'un seul argument à mettre en avant, quel est celui que vous avanceriez ?
L'Europe continue de se construire. L'étape qui est devant nous est positive, sur le plan social comme sur celui de la démocratie. Finalement, tout ce qui est nouveau dans ce traité va dans le bon sens. Tout ce que nous critiquons, la vieille Europe, l'Europe trop libérale, c'est celle qui vient des traités précédents. Adoptons ce texte et continuons à nous battre pour construire l'Europe politique.

© Copyright Sud Ouest


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]