Réformer
à gauche

Dominique Strauss-Kahn
Dominique
Strauss-Kahn

 Contribution thématique au congrès national de Dijon du Parti socialiste présentée par Socialisme et Démocratie.
18 janvier 2003



Avant propos

 
Il y a dans nos statuts une règle pour le dépôt des contributions présentées aux militants. Elle est simple. Présenter une contribution générale est se réserver la possibilité de la transformer en motion. Il faut donc pour ce faire avoir de sérieux motifs de divergence avec les autres contributions. Présenter une contribution thématique, c’est proposer des idées pour la réflexion et le débat.

Dans la mesure où nous croyons indispensable la démarche unitaire de François Hollande pour donner un axe réformiste majoritaire au Parti et que nombre des propositions que contient sa contribution nous agréent et résultent de la phase précédente du débat militant à laquelle nous avons activement participé, nous soutenons d’emblée son texte. Nous avons souhaité, en conséquence, présenter une contribution thématique pour respecter l’esprit de notre débat. Nous proposons ainsi une réflexion politique qui ne veut pas traiter tous les sujets, mais insiste sur quelques points qui nous paraissent importants.

Haut de page


I/ Nous croyons au rôle
et aux chances du Parti socialiste

 

1) Un Parti socialiste utile et actif dès aujourd’hui

    Notre débat de congrès se situe dans un contexte préoccupant. La guerre menace en Irak. Le ralentissement économique entraîne à nouveau l’accroissement du chômage. La politique de la droite divise notre société.

    Nous avons donc besoin d’un Parti socialiste actif et efficace dès aujourd’hui. Nous devons mobiliser l’opinion pour empêcher une guerre dangereuse. Nous devons défendre les victimes de la politique libérale. Nous devons rapidement proposer aux Français une alternative convaincante.

    Mais il y a à cela quatre conditions :

    Il faut que nous soyons ensemble capables de tirer les leçons des élections présidentielle et législative sans démagogie.

    Il faut que nous soyons ensemble capables de renouveler nos propositions pour répondre aux attentes des Français.

    Il faut que nous soyons ensemble capables de réformer notre mode d’organisation et nos pratiques politiques.

    Il faut que nous soyons ensemble capables de proposer une perspective et un contrat aux autres forces de gauche.

    C’est dire l’importance de notre Congrès de Dijon. Son enjeu est décisif. Il s’agit de savoir si, à sa sortie, nous saurons manifester une capacité de conviction majoritaire dans la société française. Il s’agit de savoir si le Parti socialiste pourra devenir le grand parti de la gauche, davantage lié à la réalité sociale pour enraciner les réformes sociales dans la durée. Il s’agit avant tout ne pas laisser la droite abîmer le pays dans une politique qui sera de plus en plus inégalitaire.

    Nous pensons que le Parti socialiste et la Gauche doivent être prêts pour gagner dans cinq ans.

2) Pour éviter les faux clivages et comprendre les vrais problèmes, analysons lucidement la défaite du printemps 2002

    La défaite de la gauche a de multiples causes. Elle ne supporte pas la recherche de " boucs émissaires ".

    Nous n’avons pas mené une politique " libérale " mais une politique authentiquement réformiste. Notre politique a été jugée par tous comme la plus à gauche de toutes les politiques menées par des gouvernements progressistes au pouvoir en Europe à la fin des années 1990. Les mesures phares de la législature (la parité, les emplois jeunes, les 35 heures, l’APA, le PACS, etc) ont montré qu’il y avait une place pour la volonté politique.

    En revanche, nous n’avons pas répondu avec suffisamment de force ou suffisamment clairement à des inquiétudes majeures de notre électorat. La précarité de l’emploi qui maintient dans la pauvreté. Les inégalités trop fortes dans l’école. Une demande de sécurité et de règles dans la société. Une politique salariale insuffisamment active. Une démocratie sociale pas assez développée. Autant de problèmes qui n’ont pas été suffisamment pris en compte dans la politique du gouvernement et les propositions de notre parti.

    Nous n’avons pas su suffisamment expliquer ce que peut faire la politique et ce qu’elle ne peut pas faire, ce que peut et doit être la place de la France, en Europe et dans le Monde. Bref, les Français ont considéré que nous n’avions pas donné suffisamment de sens à notre politique.

3) Pour éviter le décalage entre le discours et les actes, disons nettement ce que nous sommes

    Notre projet de société a rarement été plus clair qu’aujourd’hui, contrairement à ce que disent nos adversaires à droite comme à l’extrême gauche. Ce que les socialistes veulent bâtir est une société solidaire, appuyée sur une économie de marché -qui ne veut pas être seulement animée et contrôlée par le capitalisme où les apporteurs de capitaux recherchent exclusivement leur profit personnel -. Tendre vers ce but suppose un combat constamment articulé entre les dimensions mondiale, européenne et nationale. Nos objectifs essentiels se résument ainsi :

       Le socialisme est une théorie et une pratique de la citoyenneté. La démocratie donne à l’action politique sa légitimité et la possibilité d’influer sur l’économie.

       La préservation de la paix et de la sécurité dans le monde et la préoccupation du développement doivent être assurées par la communauté des nations et constituent le premier devoir de chacune d’elles.

       L’économie de marché a besoin d’une éthique rigoureuse et sanctionnée.

       Il faut encadrer les marchés financiers de règles tendant à réduire leur volatilité et limiter les inégalités intra et internationales.

       L’existence de services publics de qualité, d’une protection sociale efficace et d’un environnement sain doit être reconnue comme nécessaire à toute société.

       L’organisation sociale doit reconnaître l’importance des relations non monétaires que les hommes et les femmes créent entre eux. L’éducation, la santé, la culture et le sport doivent être préservés de la commercialisation.

       L’environnement est un bien commun à la planète. Il se dégrade d’autant plus que le marché est sans entrave. Sa préservation suppose de nouveaux modes de production et de répartition des richesses.

    Ces objectifs dessinent la société et le monde que nous voulons. Ils doivent rassembler largement la gauche. Ils ne peuvent être vraiment atteints que par une coalition internationale de forces, dont la première esquisse doit être le Parti des socialistes européens, qui doit devenir un Parti socialiste européen.

4) Pour éviter le décalage entre le discours et les actes, comprenons les réalités et les attentes de la société française

    Les dernières élections ont souligné la réalité d’un malaise social. Un record d’abstentions a été battu. En même temps, le premier tour des élections présidentielles a montré un éclatement du corps électoral. Le " consumérisme " électoral traduit un déclin des sentiments collectifs et une progression de l’individualisme dans notre société. La politique ne reste pas à l’abri de la " volatilité " qui touche toutes les autres institutions, les syndicats comme les partis. Le problème n’est pas seulement de déplorer cette situation en regrettant le temps des disciplines collectives et des embrigadements ! La finalité de la Gauche -de Marx comme de Jaurès…- à toujours été de permettre à tous les individus d’être pleinement autonomes. L’action collective est indispensable pour que chacun ait une chance d’y parvenir. A nous de penser et de réaliser la complémentarité entre l’épanouissement de l’individu et l’action collective.

    Nous vivons un changement dans notre mode de production et donc dans nos rapports sociaux. Le système ancien était structuré par la grande entreprise industrielle, une consommation orientée vers des biens standardisés, une organisation du travail permettant un emploi massif, une présence forte de l’Etat. Il tend à céder la place à une économie principalement de services avec quelques secteurs industriels à forte valeur ajoutée, enserrée dans les contraintes d’une concurrence mondialisée, une consommation de plus en plus différenciée, une organisation de la production plus hétérogène et porteuse de moins de solidarité entre les travailleurs. Le travail évolue également, d’un côté, moins de travaux pénibles et répétitifs, davantage d’autonomie, mais de l’autre des exigences plus fortes, des flexibilités accrues, une mobilité plus grande, même sans chômage. En même temps, deux phénomènes accentuent la complexité de notre société. Pour le dire simplement, le travail n’occupe plus qu’une place réduite dans l’ensemble d’une vie, il structure de moins en moins le temps social, l’emploi lui-même est davantage éclaté, il est fortement différencié, à temps complet ou à temps partiel, avec des statuts divers. Bref, la différenciation gagne sous diverses formes, celles de l’emploi, celles du temps de travail, celles du coût salarial. Cette transition, visible depuis une vingtaine d’années, d’un âge de la production à l’autre a déséquilibré les rapports de force au détriment des salariés. Le paradoxe est que la société salariale s’effrite et se diversifie fortement au moment où elle concerne pratiquement 90% de la population active.

    Nous sommes, qui plus est, dans une société " multiculturelle " qui doit apprendre à se connaître et à s’apprécier. Les étrangers ne se voient plus comme effectuant un séjour temporaire. Leurs enfants font et feront de plus en plus leur vie en France. Ils ont vocation à devenir français. Ils demandent à être une composante de la société française à égalité de droits et de devoirs. Les risques qu’entraîne le communautarisme existent. Mais ils se nourrissent des réalités et des discriminations qui doivent être combattues avec détermination.

    L’élément majeur, enfin, qui ressort dans notre société et qui explique ses doutes et ses inerties est une inquiétude diffuse devant l’instabilité de l’emploi, l’insécurité physique, la crainte pour l’équilibre des régimes de retraite, les risques sanitaires liés à l’alimentation, les interrogations sur les modifications génétiques, à quoi s’ajoutent les menaces latentes de conflits certes lointains mais qui ont des retombées dans notre pays, comme le terrorisme. Toutes ces inquiétudes réelles, qui touchent le salariat comme les professions indépendantes, les artisans et les agriculteurs, sont largement aggravées par le sentiment que tout change trop vite, que les repères disparaissent, qu’on ne sait plus en somme à quelle tradition, à quelle sagesse, à quelle institution, à quelle autorité se vouer. Il y a un grand besoin de sens. Ce que l’on peut attendre d’un parti politique n’est pas qu’il statue sur les fins dernières de l’homme, mais qu’il explique le monde, ce qui doit et peut être changé, ce qui peut et doit être préservé.

5) Pour éviter le décalage entre les discours et les actes, relevons les défis de la droite et de l'extrême droite

    La droite aujourd’hui a tous les pouvoirs. Elle devra en avoir toutes les responsabilités. Jacques Chirac et Alain Juppé ont procédé à une unification autoritaire en créant l’UMP et en marginalisant l’UDF. Ils veulent ainsi s’assurer un avantage électoral qu’ils espèrent décisif dans les premiers tours des élections -la gauche étant affaiblie par ses divisions. Il y a bien sûr des contradictions fortes entre les personnalités de la droite, ses différentes familles, qui joueront d’une manière ou d’une autre. Mais il ne faut pas sous-estimer le projet politique qui est face à nous. La droite a avantage à la poursuite de l’éclatement de la société et à la montée de l’isolement des individus. Elle favorise l’apparente " dépolitisation " des problèmes. C’est le fond de la méthode dite Raffarin. Elle fait -et fera de plus en plus- de la politique d’ordre et de sécurité le seul ciment de la société, cultivant ainsi les peurs.

    Ce projet et cette politique, nous devons les combattre en mettant en évidence leurs conséquences concrètes. En moins d’une année, l’essentiel de la législation sociale mise en œuvre par le gouvernement de Lionel Jospin a été démantelé. Jamais le MEDEF n’a autant exercé son magistère sur le gouvernement. La politique de l’emploi n’est plus une priorité et le chômage remonte. La politique fiscale avantage les plus riches. La politique éducative prend son parti des inégalités et diminue les moyens de l’école. La prévention est oubliée dans la lutte contre l’insécurité. La décentralisation libérale fait courir sciemment un risque de démantèlement de l’Etat républicain et garantit à coup sûr une crise des finances locales et une aggravation des inégalités territoriales. Des problèmes majeurs sont devant nous. Les impasses budgétaires annoncent une rigueur financière accrue. La croissance ne sera pas stimulée comme nous avions su le faire dans les années précédentes.

    Ainsi, aucune des causes qui expliquent le maintien d’une extrême droite forte dans notre pays ne disparaîtra du fait de la politique de la droite, le malaise social persistera. Nous ne devons donc pas laisser l’échec prévisible de la droite profiter au Front national. C’est à nous de proposer, dès notre Congrès de Dijon, les principes et les perspectives d’une politique capable de trouver la confiance d’une majorité de Français.

Haut de page


II/ Nous proposons
cinq grands objectifs

 
Dans cette contribution, nous n’avons pas souhaité aborder toutes les questions qui se posent à nous, mais dire seulement ce qui nous paraît essentiel.

1) Nous devons imposer des règles à la mondialisation

    L’ambivalence de la mondialisation n’est plus à démontrer. Elle est celle même du capitalisme qui s’étend aujourd’hui à l’échelle du monde. Elle permet une efficacité dans l’allocation des moyens de production, elle favorise les innovations, mais elle crée des inégalités et ne prend pas suffisamment en compte les nécessités de long terme, tout particulièrement l’existence de biens collectifs. Pour la première fois, l’humanité a pris conscience que l’exploitation des richesses ne peut être sans limites. Les richesses mondiales croissent, mais la pauvreté persiste dans l’hémisphère nord et s’accroît dans l’hémisphère sud.

    Les socialistes ont défini depuis plusieurs années les objectifs qui doivent être poursuivis. Il faut défendre un commerce mondial maîtrisé et qui tient compte des intérêts des pays pauvres dont il faut annuler la dette. Il faut introduire un impôt sur la mondialisation pour permettre de réduire les inégalités, par exemple en majorant l’impôt sur les sociétés dans les pays riches. Nous avons besoin d’accords commerciaux équitables, de législations sociales partagées, d’aides importantes pour le développement, d’un Conseil de sécurité économique. Il est nécessaire de mettre au même niveau de légitimité internationale les règles du commerce, les droits des hommes et les exigences de protection de la planète, alors qu’aujourd’hui les premières l’emportent sur les autres. Nous devons exiger des mesures efficaces de contrôle du commerce des gènes et de l’utilisation abusive des techniques de clonage. Construire la mondialisation est la réponse indispensable aux contradictions de la mondialisation.

    Le point le plus important est évidemment le comment. Nous avons besoin d’alliances internationales. Il faut nourrir un dialogue constant avec les ONG et les mouvements de " l’alter-mondialisation " Il faut surtout que l’Union européenne soit un outil privilégié pour réguler effectivement le capitalisme de marché mondialisé. L’effort reste largement à fournir pour les socialistes européens. Mais c’est la seule voie adaptée aux réalités mondiales. Nous devons réussir l’harmonisation sociale interne. Nous devons faire en sorte que l’Union européenne parle d’une seule voix dans les institutions internationales. Toute stratégie de repli serait une faute historique.

2) Nous devons assurer clairement notre engagement européen

    L’Europe est un projet exceptionnel. Elle nous a apporté la paix : en une génération, ses institutions communes ont rendu la guerre inconcevable entre les peuples européens –ils s’entre-déchiraient pourtant depuis des siècles. Malgré les inégalités qui demeurent, elle nous a donné la prospérité : ses politiques économiques communes (politique régionale, investissements en infrastructures transeuropéennes, marché unique…)ont permis la convergence de tous les pays européens, y compris les membres les plus récents, vers le même niveau élevé de richesse par habitant. Elle vient de permettre la réunification du continent : l’élargissement met fin aux conséquences du " rideau de fer " de la guerre froide.

    Pourtant, l’Europe est aujourd’hui en crise : ses institutions fonctionnent mal et l’élargissement fait craindre la dilution dans une vaste zone de libre-échange ; son projet est en panne, menacé de dérive libérale ; ses frontières sont ambiguës, ainsi que vient de le montrer la polémique sur l’adhésion de la Turquie. Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain et refuser l’Europe telle qu’elle est parce qu’elle n’est pas à l’image de l’Europe idéale telle que nous la voulons ? Ce serait une erreur historique : l’Europe est la nouvelle frontière des socialistes, l’horizon actuel de notre internationalisme, le seul levier capable de peser sur les affaires du monde. Mais l’Europe est un combat : il nous revient de construire l’Europe à l’image de notre idéal –nous en aurons les moyens si nous en avons l’ambition.

    La Convention européenne va décider des institutions de l’Europe élargie. L’opinion dénonce le " déficit démocratique ". C’est vrai, mais c’était nécessaire : les pères fondateurs de l’Europe - Jean Monnet en tête - ont bâti l’Europe par des transferts techniques et des négociations diplomatiques afin de contourner les nationalismes encore brûlants de l’après-guerre. Cette " méthode Monnet " atteint aujourd’hui ses limites : il est temps de passer à l’Europe politique. Pour cela, il faut donner à la Commission la pleine légitimité politique qui lui fait aujourd’hui défaut. Nous sommes favorables au régime parlementaire en France, nous le sommes aussi en Europe : nous proposons que le Président de la Commission soit élu par le Parlement européen, au sein de la majorité politique issue des élections, et qu’il devienne un véritable premier ministre de l’Europe, à la tête d’un gouvernement européen, responsable devant le Parlement et le Conseil européen.

    Le mode de scrutin européen doit être réformé en conséquence : nous proposons le passage à un scrutin de listes européennes, sur la base de grands parti trans-nationaux, seul à même de politisé l’opinion publique européenne. A cet égard, la réforme projetée par la droite -huit " super-régions " à la proportionnelle couplées de listes régionales- est contre productive : loin de rapprocher les citoyens de leurs élus, son invraisemblable complexité les en éloignera.

    L’Europe s’interroge sur son projet. C’est normal : la construction communautaire a toujours fonctionnée par " mythe mobilisateur " - le dernier, l’euro, a été réalisé. Quel doit être le nouvel horizon de l’Europe ? Un comité des sages vient d’être mis en place à cet effet par le Président de la Commission, Romano Prodi. Les pays européens ont en commun un modèle de société spécifique, alternatif au modèle américain. Avec des valeurs propres : l’humanisme, le respect des droits de l’homme contre l’utilitarisme. Une organisation socio-économique originale, l’Etat providence, marquée par un équilibre entre liberté et justice sociale, entre économie de marché et redistribution. Une vision novatrice de l’ordre international, reposant sur la paix, le multilatéralisme, le règlement pacifique des différends. La construction européenne doit désormais consolider ce modèle et le promouvoir sur toute la planète. Ceci passera par de nouvelles étapes : un Traité social européen, la définition de services publics communautaires, une diplomatie unifiée.

    La question des frontières ne s’était pas posée jusqu’ici : l’élargissement n’avait concerné que des pays du cœur de l’Europe. Avec la Turquie, l’Union aborde pour la première fois un pays qui ne partage pas principalement sa géographie, ni ses valeurs historiques. Derrière la Turquie, se sont tous les pays de la périphérie européenne qui se profilent : les républiques européennes de l’ex-URSS, les pays euro-méditerranéens. Faut-il les intégrer, à terme, dans notre sphère de responsabilité ? La réponse est clairement positive. C’est leur intérêt économique et social, afin de bénéficier de notre prospérité partagée. C’est notre intérêt politique : dans un monde multi-polaire où les blocs régionaux se feront concurrence, il faut constituer un bloc euro-méditerranéen capable de peser. C’est l’intérêt stratégique de la communauté internationale, afin de consolider des démocraties naissantes et de stabiliser des zones fragiles. Quelle sera dès lors l’organisation de cette grande Europe ? Une avant-garde réunira le cœur européen au sein d’une Union politique très intégrée. Un second cercle rassemblera les pays de la périphérie au sein d’un dispositif institutionnel plus souple.

3) Nous devons proposer une politique globale de lutte contre les inégalités

    Comme socialistes nous trouvons anormal le chômage de longue durée, inadmissibles les trop bas salaires qui maintiennent dans la pauvreté, injustifiées les plus values spéculatives, intolérables les attaques contre la protection sociale, injustes les " licenciements boursiers ".

    Le cœur du problème, c’est une croissance durable. Il n’est pas possible de maintenir et d’étendre une protection sociale presque intégralement socialisée, d’augmenter quand il le faut les dépenses pour les fonctions régaliennes et collectives de l’Etat, d’accroître le salaire direct, de favoriser les investissements, de limiter les déficits, sans une croissance forte. Les socialistes doivent donc se préoccuper autant de la production de richesses que de leur distribution. Nous ne sommes pas les ennemis des entreprises. Car il nous faut favoriser l’innovation, la créativité, la création d’entreprises et leur développement.

    Pour l’avenir, comme pendant les années passées, nous devons avoir comme priorité de renforcer la solidarité envers les plus défavorisés. C’est la condition de la cohésion sociale. Mais, pour traiter l’ensemble des problèmes, il faut que nous passions du traitement de "l’Inégalité " au traitement des inégalités concrètes là où elles se forment à l’école, dans la santé, le logement, l’environnement. Et cela concerne toutes les catégories de la population vivant sur le sol national, Français -quelles que soient leurs origines- et immigrés.

    Il nous faudra faire du développement durable un axe majeur de nos propositions. C’est déjà une action forte dans de très nombreuses municipalités socialistes. Le développement durable n’est pas le produit de la mode, mais un vrai choix de société qui demande des arbitrages forts, des modes de consommation et de production réformés

    Il faudra privilégier la réforme en profondeur sur l’effet d’annonce. Nous illustrerons cette volonté en détaillant ce que doivent être quelques unes de nos priorités avec les conséquences qu’elles entraînent.

       Le maintien du chômage à un haut niveau et la réalité de la précarité de l’emploi, font toujours de la reconquête d’une société de plein emploi mais aussi de bon emploi notre priorité principale. Nous devons mettre un coup d’arrêt à la fragilisation de la condition salariale. La réponse d’avenir -qui ne cultive pas l’illusion de l’interdiction des licenciements impossible en économie de marché sous peine de catastrophes pour l’emploi même-, est de travailler à mettre en place, avec les syndicats, une " sécurité sociale du travail  "permettant aux salariés d’alterner avec les mêmes droits, des périodes de travail, des périodes de formation, des périodes de congé parental ou des périodes d’activité civique. Notre proposition d’un droit à la formation tout au long de la vie s’inscrit dans cette perspective.

       L’absence de carrière professionnelle, qui maintient un grand nombre de salariés, ouvriers et employés, dans une situation de bas salaires, est le résultat d’un système productif qui recourt trop à une main d’œuvre déqualifiée et au sur encadrement. Sortir de ce système demande une nouvelle organisation productive, une formation professionnelle mieux partagée, des rapports sociaux plus équilibrés dans l’entreprise.

       La revalorisation des salaires doit être une préoccupation constante. Elle passe notamment par une revalorisation négociée des bas salaires dans les branches professionnelles.

       Il y a un problème d’accès au logement dans les villes pour de très larges catégories de la population. S’endetter pour rembourser en monnaie dévalorisée n’est plus possible. La question urbaine aujourd’hui n’est pas seulement celle des banlieues. Une marque d’injustice -fortement ressentie par un grand nombre de catégories sociales- réside dans l’impossibilité ou la difficulté de se constituer un patrimoine par l’accession du logement principal. Nous devons traiter cette question urbaine en attaquant le problème des plus-values spéculatives. Nous devons tout autant veiller à favoriser la mixité sociale dans nos villes. Cela demande d’abord de défendre l’application de la loi Louis Besson.

       Nous sommes déjà dans une société du savoir et de la connaissance. Le risque, tout à fait visible, est de voir s’éloigner entre eux les groupes professionnels qui pourront d’autant mieux cultiver leur endogamie que la mixité avec d’autres groupes sociaux est devenue moins nécessaire professionnellement. Réfléchir à un aménagement territorial qui évite les enclaves de pauvreté est donc plus essentiel que jamais. Cette lutte contre les inégalités territoriales est l’un des instruments qui commande également les efforts qui doivent être menés pour l’Ecole. Car, cette dernière laisse place à des ségrégations dont la forme est proche de celles observées dans le domaine de la production. L’école publique devenant plus segmentée -sans même parler évidemment de l’école privée- crée de nouvelles inégalités. C’est bien là l’enjeu de l’éducation, initiale comme continue, qui permet, aujourd’hui beaucoup plus qu’hier, l’accès principal à l’égalité des chances. C’est donc toute une politique de rééquilibrage des moyens et une formation donnant une culture commune à tous qui doivent être au cœur de notre nouvel effort éducatif.

       Nous devons être particulièrement attentifs aux problèmes que pose le vieillissement de notre population. La question du troisième âge a radicalement changé de nature dans les deux dernières décennies. Aujourd’hui il n’y a plus de sens à parler de retraités en bloc et à les considérer comme des " défavorisés ". Nous devons avoir deux préoccupations principales. D’abord éviter une " guerre de générations " en assurant sans équivoque l’avenir des retraites. Nous devons pour cela privilégier cinq directions : conserver le système de répartition comme socle de la solidarité intergénérationnelle ; progresser vers le plein emploi, en augmentant notamment la participation des salariés âgés de plus de 50 ans au marché du travail ; privilégier les durées effectives de cotisation ; prendre en compte la pénibilité du travail, différente selon les professions ; assurer l’équité entre le secteur privé et le secteur public. Ensuite, pour les personnes âgées dépendantes, dont le nombre est appelé à croître et qui seront une préoccupation croissante pour presque toutes les familles, au delà de l’Allocation autonomie, qu’il faudra conforter et ne pas laisser à la seule charge des collectivités départementales, nous devrons développer une politique de services, de soutien médical, d’aides aux familles qu’exige la dignité des personnes et dont le coût sera important.

    Ces priorités - qui ne sont pas exclusives d’autres tâches - montrent aisément que l’Etat a besoin de moyens financiers. La baisse - comme la hausse évidemment - des prélèvements obligatoires ne peut pas être un objectif. Mais également l’effort fiscal ne peut être consenti par nos concitoyens que s’il correspond à des finalités claires et à une qualité des services rendus. Les réformes fiscales qui demeurent à faire sont celles qui doivent aller dans le sens de la justice sociale. Trois directions entre autres de réforme peuvent être envisagées. L’impôt sur le revenu doit conserver son caractère progressif. Mais il ne faut pas renoncer à introduire la retenue à la source qui permet de mieux piloter la conjoncture économique. Plutôt qu’une baisse des taux, il faut aller dans le sens d’un élargissement des tranches. La fiscalité locale doit être simplifiée. La taxe d’habitation, totalement injuste, doit être supprimée et remplacée par une dotation d’Etat proportionnelle à la population. La taxe foncière doit être définie localement dans des taux appliqués sur une base de revenu définie nationalement. Par ailleurs, la réforme du fonctionnement de l’Etat dégageant des moyens là où les nouvelles technologies permettent d’épargner le travail et affectant la force de travail ainsi disponible à de nouvelles tâches publiques doit être entreprise sans retard.

4) Nous devons avoir une vision claire de ce que doit être aujourd'hui l'action publique

    Le socialisme est aujourd’hui comme hier un projet collectif qui appelle une intervention publique organisée. Historiquement la " main visible " de l’action publique vient régler les questions pour lesquelles la " main invisible " du marché se révèle défaillante. L’Etat joue un rôle clef. Mais celui de la société civile organisée est également important- tout particulièrement celui des syndicats et des associations.

    Les socialistes ne veulent pas d’une société dans laquelle tous les biens et services seraient répartis selon les seules lois du marché sur la base des moyens dont dispose chaque individu. Pour un certain nombre de biens et de services essentiels, la répartition doit se faire en fonction des besoins. Cette approche peut être tout à fait féconde car elle prend pour point de départ une demande sociale évolutive et non une organisation déjà en place. Elle peut conduire à mettre l’accent sur des domaines, où le service public n’est aujourd’hui pas assez présent, le logement et l’habitat par exemple. Elle permet de prendre en compte tous les moyens, et pas seulement ceux du service public classique par lesquels les pouvoirs publics peuvent intervenir, elle rejoint la notion juridique de " droits fondamentaux " qui peut être appelée à jouer un rôle important au niveau européen, elle légitime une politique de " discriminations compensatoires " pour favoriser l’égalité réelle.

    L’action publique est plus nécessaire que jamais dans le capitalisme mondialisé. Chacune des trois grandes formes de l’action publique, la réglementation des activités privées, le transfert de ressources, la fourniture de services collectifs, trouve à s’appliquer de même que s’impose la nécessité de tracer des perspectives d’avenir et d’un pilotage d’ensemble. Cependant les niveaux de l’intervention publique ne sont plus les mêmes. Le rôle de l’Etat national demeure et demeurera longtemps essentiel. Mais il ne peut pas être aussi exclusif que par le passé. La maîtrise de la mondialisation appelle le développement des interventions publiques aux niveaux européen et mondial. Les méthodes de l’action publique doivent ainsi évoluer. La décentralisation territoriale est de ce point de vue une nécessité.

    Nous devons faire dans cette perspective une place importante aux opérateurs de l’économie sociale dans une période où les services aux particuliers croissent fortement. Les politiques publiques peuvent lui donner un rôle plus grand dès lors qu’elle s’inscrit dans un ordre défini.

    Nous devons donner toute sa vigueur à la démocratie sociale. Car l’action publique a besoin d’un mouvement syndical présent dans les entreprises et représentatif, souhaitant prendre ses responsabilités dans la régulation sociale. Dans les entreprises et les branches professionnelles l’enjeu est de favoriser le développement de la négociation collective. Il est donc nécessaire de réserver la possibilité de signer des accords dérogatoires qu’à un ou plusieurs syndicats représentant la majorité des salariés. Nous devons également reformuler les règles de la représentativité des organisations syndicales en privilégiant le principe du vote des salariés. Le renouveau de la négociation collective doit concerner également les trois fonctions publiques en s’inspirant de règles identiques.

    La question de la place des salariés dans l’entreprise doit être reprise. La participation des salariés aux organes de direction des entreprises -conseils de surveillance- doit être proposée pour que les salariés puissent être informés, aient leur mot à dire sur les stratégies d’entreprise, puissent influer sur la distribution primaire des revenus.

    Enfin, il sera nécessaire de fixer de manière plus claire les rapports que doivent entretenir le gouvernement, le parlement et les syndicats. Chaque grande réforme sociale devrait être préparée par une concertation préalable associant le Parlement et les partenaires sociaux, le principe devant être de généraliser le vote de lois-cadres ouvrant le champ de négociations sociales dans un échéancier précis qui permettrait au législateur d’adopter des dispositions supplétives si les négociations n’aboutissaient finalement pas. C’est ainsi que nous organiserons efficacement la complémentarité de la loi et du contrat.

5) Nous devons reconstruire le lien entre le citoyen et la République

    Les socialistes ne peuvent pas avoir une vision étroite de la démocratie. Elle ne se réduit pas à un " mécano " institutionnel. La démocratie est un véritable projet de société puisqu’il s’agit de permettre à chacun d’avoir accès aux décisions sur les conditions politiques petites ou grandes qui influent sur sa vie, de promouvoir des règles et de trouver des instruments capables de faire vivre ensemble une diversité d’hommes et de femmes d’origines, de religions, de cultures, de mœurs différents.

    ous devons commencer par réaffirmer la primauté de l’intérêt général. C’est le fondement de l’autorité de l’Etat républicain. Les Français veulent que des règles claires et respectées soient définies. Cela suppose l’exemplarité des élus républicains. La lutte contre la corruption doit être sans faille. Nous devons réfléchir également aux moyens de raviver les symboles de la citoyenneté républicaine. L’accès à la nationalité doit donner lieu à une cérémonie plus formelle. Sans revenir sur la conscription, les formes d’un service civique doivent être débattues.

    La crédibilité de l’Etat républicain demande que nous fassions respecter le droit à la sûreté. C’est une mission fondamentale de l’Etat. Et nous savons que l’insécurité touche particulièrement les plus démunis et les plus fragiles. Les objectifs des socialistes ont été fixés il y a maintenant une année : mieux prévenir, mieux punir. Il n’y a pas de raison d’en changer. Ce qui nous différencie de la droite, au-delà du rôle que doit jouer la prévention, c’est le caractère global de notre politique que définissent les principes de précocité, d’intensité et de continuité. La coordination de la justice et de la police, et au delà de l’ensemble des acteurs de lutte contre l’insécurité, est une exigence que nous avons déjà mise en œuvre avec les contrats locaux de sécurité et qui est la clef du succès dans la durée.

    La laïcité ne doit pas être une valeur rhétorique pour discours et banquets. Elle joue un rôle central pour permettre de faire vivre ensemble des hommes et des femmes de toutes origines, religions, et cultures. Il n’est pas vrai que la France soit isolée en Europe. Elle appartient à un espace européen des droits de l’homme qui, s’il n’est pas laïc au sens juridique du terme, connaît la liberté de conscience. Ce qui est important aujourd’hui, c’est que toutes les religions soient égales devant la laïcité. L’Islam doit avoir des droits identiques aux autres religions pour accepter les mêmes devoirs. Les socialistes ne veulent pas d’une laïcité d’exclusion. Ils la voient comme une valeur et des pratiques qui rapprochent les individus tout en les laissant libres. La laïcité est la garantie que la parole puisse être donnée à tous dans un ensemble commun qui doit être reconnu comme tel. La laïcité est donc une valeur qui, pour être vivante, doit être fondée sur une autorité acceptée.

    L’intégration républicaine est une tâche majeure. Cette notion s’applique à toutes et à tous. L’effort à faire est collectif. Il fait appel tant aux responsabilités individuelles que collectives. La volonté de clarifier les droits des étrangers présents de manière régulière sur le territoire national doit être affirmée. L’idée d’un engagement initial, permettant l’apprentissage de la langue française et la compréhension des règles civiques, doit être soutenue. Il doit s’accompagner du droit de vote aux élections locales après cinq années de résidence. Une politique de lutte contre toutes les discriminations doit être une priorité des pouvoirs publics pour permettre une égalité effective des droits.

    En matière d’institutions, il faut éviter le jeu du nominalisme. Nous privilégions la voie de la démocratisation des institutions. Elle demande plus d’audace que de proposer des ruptures qui ne verront pas le jour. Les pouvoirs du Président peuvent être redéfinis et diminués. La perspective d’un régime présidentiel peut être débattue avec la suppression du poste de Premier ministre. Mais, il ne faut pas se mettre dans le cas de proposer une dualité des pouvoirs qui serait un facteur de paralysie. Gardons-nous de transposer l’exemple des Etats-Unis dans des contextes forts différents.

    Nous proposons concrètement :

       De renforcer le rôle du Parlement en établissant le mandat unique pour les députés, en renforçant la capacité d’initiative législative et de contrôle du Parlement (réformes de l’article 49.3, de l’article 40, augmentation du nombre des commissions parlementaires, obligation pour le gouvernement de rendre régulièrement compte de l’application des lois votées, renforcement des moyens d’expertise du Parlement avec un droit de saisine de la Cour des Comptes, le droit d’interpellation par les députés d’un ministre, l’autorisation avant tout engagement des forces militaires à l’étranger).

       D’adopter un statut de l’élu permettant la diversification sociale des candidatures.

       D’introduire une dose de scrutin proportionnel dans l’élection des députés : 20% de députés pourraient être élus à la proportionnelle sur des listes nationales. Cela demande un redécoupage des circonscriptions pour que le nombre total des députés n’augmente pas. De clarifier le rôle du président de la République en établissant de nouvelles règles pour sa responsabilité pénale, en supprimant l’article 16, en limitant son intervention dans la nomination des hauts fonctionnaires.

       De poursuivre la réforme de la justice, en assurant son indépendance, en établissant les règles claires de sa responsabilité, en rénovant la composition du Conseil supérieur de la magistrature.

    Une démocratie décentralisée. Les socialistes approuvent tout ce qui rapproche les lieux de décision des besoins locaux et des préoccupations des citoyens. Le contrat entre acteurs locaux peut utilement remplacer les relations pyramidales quand il est plus efficace. Mais la solidarité et l’équilibre entre les territoires sont au cœur de notre projet. Il en va de la réalité même de la République. Il s’agit non d’affaiblir l’action publique mais de la rendre plus efficace en clarifiant les missions respectives. La condition d’une nouvelle étape réussie de la décentralisation est une réforme juste de la fiscalité locale socialement et territorialement. Nous proposons d’inscrire dans la Constitution le principe " d’homogénéité des conditions de vie " pour légitimer une forte égalité dans l’accès de tous aux services publics.

Haut de page


III/ Nous devons
profondément rénover
le Parti socialiste

 
Les partis politiques sont essentiels dans la vie d’une démocratie. Il serait étrange qu’ils ne soient pas affectés par les changements qui se produisent actuellement dans la société. Leur réforme fait partie d’une rénovation de la démocratie. Le passage à une société de l’information et de la connaissance renforce cette nécessité. La nature du militantisme, les styles d’organisation, les attentes et les exigences de l’électeur connaissent des modifications. Les partis politiques n’ont plus le monopole de l’interprétation politique. L’action est toujours vue à travers le filtre des média dont le nombre et la diversité croissent. La diffusion d’internet ne peut que modifier la distribution de l’information en favorisant la multiplication des points de vue.

Notre objectif est d’être un parti populaire, qui privilégie les idées et qui repose sur des valeurs communes. Nous voulons être un parti de militants et non un parti de " professionnels ". Nous voulons être à l’écoute de la société, comprendre les nouveaux courants de pensée et les nouveaux styles de vie. Pour cela nous avons besoin de militants nombreux reflétant la diversité de la société et y demeurant enracinés. Notre parti doit être ouvert à tous les groupes de la société et mettre en œuvre un dialogue permanent avec eux pour être capable d’innover. Il doit mieux travailler avec ceux qui ne veulent s’engager que pour un temps limité ou pour un projet précis. Les nouvelles technologies de la communication doivent nous aider à devenir un parti en réseaux diffusant l’information et dialoguant de manière permanente.

Le Parti socialiste doit être un parti de participation ouvert et accessible. Les sympathisants particulièrement doivent avoir la possibilité d’être associés aux grandes décisions programmatiques. Un Parti socialiste doit être également à l’avant-garde de la culture démocratique. Il doit défendre la règle de la loi. Ses finances doivent être transparentes et se prêter à un examen public. Un Parti socialiste doit être un parti de droits qu’il doit garantir à chacun de ses membres, droit d’expression évidemment, droit effectif au vote personnel, droit à un règlement équitable des conflits.

La rénovation de notre parti est plus qu’un simple problème de procédure. C’est aussi une des conditions pour re-légitimer la politique et la renouveler.

Nous proposons concrètement :
     De préciser les conditions de l’adhésion. Toute personne souhaitant adhérer au PS doit remplir deux critères : partager les valeurs du Parti socialiste et payer sa cotisation. Toute autre condition constitue un frein à l’adhésion. L’adhésion est enregistrée au niveau national qui est chargé d’envoyer sa carte à l’adhérent et d’informer la fédération et la section de rattachement.

     D’améliorer notre débat interne. Tout débat interne important doit être tranché par un vote des adhérents. Pour ce faire, des referendums nationaux devront être organisés. L’initiative d’un débat national doit relever soit de la direction, Bureau national et Conseil national, soit des fédérations - selon un nombre à déterminer -, soit d’initiatives militantes – un appel à débat public dans l’Hebdo, devant recueillir un nombre à discuter de signatures. Pour éviter la multiplication des votes, il est possible d’imaginer que seuls 2 à 3 referendums pourraient être organisés chaque année. Nous proposons de redonner une place aux rapports d’activités dans les Conseils nationaux et les Congrès, débattus préalablement dans les sections et les fédérations.

     De réformer nos instances. Le débat politique demande du temps. Les Conseils nationaux ne peuvent pas être tenus en une demi-journée… Ce qui d’ailleurs, n’empêche pas l’absentéisme ! Il faut laisser à chacun le temps de s’exprimer, dirigeants et représentants des fédérations. Nous proposons donc qu’en plus de ses membres actuels, le Conseil national intègre des représentants mandatés des Fédérations issus des débats préparatoires qui concerne le thème d’actualité du Conseil national. Ils doivent avoir le droit d’expression et de vote selon des modalités à définir. Nous devons favoriser la diffusion des responsabilités. Nous proposons qu’à chaque congrès nos instances de direction soient renouvelées dans une proportion notable.

     De construire notre propre " mouvement social ". Sur l’emploi, l’éducation, la santé, l’environnement, etc. nous ne manquons pas de possibilités -souvent à partir de nos municipalités- pour le faire. En même temps, nous voyons que nombre de nos sympathisants veulent concentrer leur effort sur un sujet, un thème, un combat. Nous devons donc envisager une double structuration du parti, par les sections et par des associations, dont les membres peuvent être également adhérents. C’est le moyen d’élargir et de diversifier notre influence. C’est aussi le moyen de rendre plus effectif un de nos principes selon lequel tout socialiste doit également militer dans un syndicat ou une association.

Haut de page


IV/ Nous devon
reconstruire la gauche

 
La reconstruction de la gauche passe évidemment par la constitution d’un grand Parti socialiste qui franchisse dans son histoire un seuil quantitatif et qualitatif. Nous devons nous fixer comme étiage électoral le seuil des 30 %. Cela veut dire que, tout en définissant un code de bonne conduite avec les autres formations de progrès, il nous faut écarter toute stratégie de " sous-traitance ". L’écologie, la politique sociale, la laïcité, la République ne sont le monopole de personne. Le Parti socialiste a besoin d’un projet politique qui parle à toutes et à tous.

Après la tenue de notre congrès, nous devons proposer à toutes les forces de progrès, qui veulent s’inscrire dans une alternative à la droite, la tenue de " Rendez-vous de l’Union " pour examiner ensemble la nature des accords qui devraient ensuite nous unir et ce pour préparer d’ores et déjà les élections régionales et cantonales qui seront notre premier " rendez-vous ". Il est clair que c’est la formule de l’accord sur un projet qu’il faudra privilégier. C’est l’accord sur un projet qui seul engage la parole de tous, c’est le seul qui justifie des accords électoraux. Quand aux formes d’organisation, nous devons être ouverts à toutes les formules. Nous sommes prêts au regroupement dans une structure commune car la gauche est trop divisée. Nous sommes prêts à construire un lieu fédératif avec les partis et mouvements qui le souhaiteraient. Nous sommes prêts à nouer des échanges réguliers avec les mouvements qui existent autour de nous, syndicats, ONG, mouvements associatifs, engagements intellectuels etc. Notre Congrès devra entraîner une démarche de définition d’objectifs avec le mouvement social.

Une stratégie pour la gauche aujourd’hui doit avoir nécessairement une dimension européenne. Nous proposerons de faire du Parti des socialistes européens un vrai parti dépassant son actuel caractère de simple cartel d’organisations nationales. Cela suppose une double appartenance militante, le vote de textes d’orientations par tous les socialistes européens pour préparer les Congrès européens. Cela ne se fera pas aisément. Mais nous devons entreprendre fortement un travail de conviction auprès des partis du PSE. Proposons la rédaction d’un " Manifeste socialiste européen " à tous nos partenaires du PSE.

***

Il ne s’agit pas dans ce congrès de faire un programme politique clefs en main. Ce qu’attend de nous l’opinion publique, c’est avant tout de savoir quels sont nos principes et nos orientations, quelle sera notre méthode de conduite et d’action politique. Plaçons donc notre débat à son vrai niveau en ayant conscience des enjeux pour le socialisme, pour la gauche et pour le pays. Croyons aux chances du Parti socialiste.

Contribution présentée par les parlementaires et membres des instances nationales du Parti socialiste suivants :

Dominique Strauss-Kahn  Damien Alary  Michèle André  Bernard Angels  Laurent Azoulai  Philippe Bassinet  Alain Bergounioux  Jean Besson  Pierre-Joël Bonté  Christophe Borgel  Michèle Bouichou  Pierre Bourguignon  Jacques Bravo  Nicole Bricq  Jean-Christophe Cambadélis  Joël Carreiras  Lyne Cohen-Solal  Gérard Collomb  Michel Debout  Michel Destot  René Dosière  Tony Dreyfus  Laurent Dutheil  Claude Evin  Remi Féraud  Alain Fillola  Gilles Finchelstein  Jean Germain  Jean-Etienne Giarmarchi  Jean-François Grandbastien  Michel Grégoire  Sylvie Guillaume  Catherine Guy-Quint  Catherine Henri-Martin  Danièle Hoffman-Rispal  Jean-Paul Huchon  Roland Jedrzejezyk  Charles Josselin  Marietta Karamanli  Marie-Pierre de La Gontrie  Serge Lagauche  Bettina Laville  Christine Lazerges  Jean-Yves Le Bouillonec  Dominique Lefebvre  Catherine Le Galiot  Jean-Marie Le Guen  Louis Le Pensec  Gérard Lindeperg  Jean-Yves Mano  Sandrine Mazetier  Dominique Merchez  Jean-François Merle  Pierre Moscovici  Henri Nallet  Michel Pajon  Jean-Pierre Plancade  Jean-Paul Planchou  Christine Pujol  Daniel Raoult  Loëiz Rapinel  Hervé Rasclard  Claude Raynal  Jacques Respaud  René Ricarrère  Alain Richard  Marie Richard  Michel Rocard  Guy Roca  Gilbert Roger  André Rouvière  René Rouquet  Michèle Sabban  Jacques Salvator  Michel Sapin  Bernard Soulage  François Soulage, Jérôme Sturla  Simon Sutour  Marisol Touraine  Catherine Trautmann  Philippe Zittoun

Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]