Pour un renouvellement
des idées

Dominique Strauss-Kahn
par Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise
Entretien accordé au quotidien La Depêche du Midi daté du 29 avril 2003


 

Êtes-vous inquiet pour la motion de François Hollande alors que les opposants au sein du Parti socialiste semblent marquer des points ?
Non. Les points, ce sont les militants qui vont les marquer, par leur vote. En attendant, il y a débat, chacun défend ses idées et sa motion, le Parti socialiste vit et c'est très bien.

En quoi la motion Hollande, que vous soutenez, a-t-elle pris en compte l'échec du 21 avril 2002 ?
Il y a plusieurs façons d'en tenir compte. Il y a l'option du « coup de barre à gauche », classique au PS après les défaites électorales. C'est celle du Nouveau Monde, elle correspond à un besoin légitime de se ressourcer mais elle n'apporte pas d'idées nouvelles. Il y a la méthode du « sortez les sortants », qui est celle de NPS : elle s'intéresse moins aux idées qu'aux hommes.
Et il y a notre méthode : le renouvellement des idées, de la pensée socialiste et aussi des générations. Bien sûr, nous ne sommes qu'au début de notre refondation intellectuelle, mais les premières pistes sont tracées. Depuis 1945, les socialistes, les gauches européennes, ont construit un Etat-providence et une redistribution fiscale limitant les inégalités générées par le système capitaliste. C'est une grande œuvre, mais cela ne suffit plus. Il faut désormais s'attaquer aux inégalités à la racine, là où elles se créent: il faut prévenir leur émergence au départ, et ne plus seulement corriger leurs effets après coup. D'où la volonté de réformer l'éducation, le logement, la santé, de permettre à tous de gérer les changements professionnels à travers la création d'une sécurité sociale professionnelle.

François Hollande a déclaré qu'il était prêt à un rassemblement encore plus large ? Jusqu'où peut-il aller au Congrès ? Qu'est-ce qui serait inacceptable pour vous ?
Ce qui compte, ce sont les orientations. Les nôtres sont réformistes. Tous ceux qui s'y retrouvent sont les bienvenus.

Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin est au pouvoir depuis une année. Quel bilan en tirez-vous ?
Le voile se déchire. Derrière les mots doux de la communication, il y a un gouvernement dur.
Un gouvernement insensible en matière d'emploi : baisse massive du budget consacré à l'emploi, démantèlement méthodique de toutes les aides créées sous le gouvernement de Lionel Jospin (emplois-jeunes, contrats emploi-solidarité, CEC, programmes TRACE pour les chômeurs en difficulté). Au total, ce sont 150 000 de nos concitoyens qui ne trouveront pas d'emploi cette année du fait des décisions directes de ce gouvernement: le plus grand plan social de ce pays, c'est celui exécuté par Jean-Pierre Raffarin !
Un gouvernement injuste qui creuse les inégalités. On sert les contribuables les plus aisés avec l'allègement de l'impôt sur la fortune, la baisse proportionnelle de l'impôt sur le revenu (70 % des gains fiscaux vont à 10 % des contribuables) ou la défiscalisation des plus-values financières. On ponctionne sur tous les autres Français avec la hausse des tarifs publics (taxe pétrolière, timbre, électricité…). On sacrifie même les plus fragiles avec la remise en cause de l'aide pour les personnes âgées dépendantes et de la couverture maladie universelle.
Un gouvernement autiste au plan économique. Notre croissance est à l'arrêt, tous nos partenaires européens condamnent nos décisions économiques, nous sommes menacés de sanctions par la Commission de Bruxelles.
Le bilan est éloquent. Peut-être serait-il bon que le gouvernement, lui aussi, songe à en tirer les conséquences ?

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