Entre la liquidation et l'immobilisme, il y a la rénovation

Dominique Strauss-Kahn


Entretien avec Dominique Strauss-Kahn, député du Val-d'Oise, paru dans le quotidien Le Progrès de Lyon daté du 12 octobre 2005
propos recueillis par Francis Brochet
 

Le projet de loi sur la Sécurité sociale, présenté aujourd'hui en conseil des ministres, peut-il ramener les comptes à l'équilibre ?
Notre Sécurité sociale est véritablement en danger. C'est à se demander si " on ne laisse pas courir " pour demain mieux pénaliser l'assurance maladie. Il y aura cette année encore plus de 10 milliards d'euros de déficit. Ils viennent à la fois d'un manque de recettes, qui marque l'échec de la politique de croissance du gouvernement, et de l'inefficacité du plan De Villepin-Douste-Blazy.

Les socialistes doivent-ils, en ce domaine comme en d'autres, proposer la rupture ?
Le mot " rupture " est employé par Nicolas Sarkozy. Il affirme que le modèle social français est dépassé, et veut importer un autre modèle libéral, venu essentiellement des Etats-Unis. Face à cette attitude de rupture, il existe une tradition de résistance nécessaire, soutenue par l'extrême gauche et par certains socialistes, mais elle est insuffisante. Je me bat pour un développement solidaire qui protège les Français, assume la promotion et permet l'innovation. Dans tous les domaines entre la liquidation et l'immobilisme, il y a la rénovation.

A partir de quel degré d'adaptation on cesse d'être de gauche ?
Vous l'avez compris, je ne suis pas pour l'adaptation mais pour la rénovation. Il ne s'agit pas de renier les principes de la gauche mais de les rendre efficaces.

Le congrès du Mans porte un double enjeu : le projet, et le candidat socialiste à la présidentielle ?
Non, le congrès déterminera une orientation et une majorité stable et cohérente. Ainsi qu'une stratégie de rassemblement de la gauche. Les Français sont trop mécontents, la France est trop abîmée pour qu'il n'y ai pas urgence en ce domaine.

Le candidat devra appartenir au camp majoritaire ?
Il sera socialiste, soyez-en certain. Et puis qui vous dit qu'il y aura une majorité et une minorité. Il y aura peut être un grand rassemblement des textes, cela n'est pas impossible. Je le souhaite. Cela dépendra de ceux qui seront minoritaires. Voudront-ils le rester ?

Vous imaginez Laurent Fabius candidat hors le Parti socialiste ?
Pas un instant.

Vous êtes candidat à la candidature. Avez-vous mesuré la dureté du combat ?
Oui, c'est un combat dur. Mais si d'autres l'ont mené, je ne vois pas pourquoi la génération actuelle ne pourrait pas le faire. L'important est de savoir pourquoi l'on mène ce combat. Il doit servir à proposer un projet capable de sortir la France de cette impasse dans laquelle la droite l'a jetée.

La question est délicate, mais elle doit être posée : vos origines juives peuvent-elles constituer un handicap ?
Chacun de nos compatriotes a une ascendance, une histoire familiale voire une culture. Ils doivent la respecter mais aussi faire leur propre vie. Je n 'ai pas choisi mon nom mais j'ai choisi de servir mon pays. Je suis passionnément français, un laïc fervent et un militant acharné contre l'antisémitisme et le racisme. Les Français savent tous cela, c'est leur propre conviction.



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