Le nouveau Mitterrand n'est pas arrivé


Entretien avec Henri Emmanuelli, député des Landes, paru dans le quotidien Libération daté du 28 novembre 2005
Propos recueillis par Didier Hassoux


 

Quelle est votre ambition et votre calendrier ?
Le calendrier est dicté par les contraintes de la date d'adoption du projet qui se situe fin mai. C'est un temps court. L'ambition, c'est de réduire la distance inquiétante et dangereuse qui s'est creusée entre l'opinion et la politique. C'est de trouver de nouvelles formes de participation de notre électorat à l'élaboration du projet politique auquel il aspire, sans tomber dans la démagogie des simples « consultations ». Pour y parvenir, il faut un projet qui dégage de vraies priorités politiquement marquantes, au bénéfice d'une orientation claire, plutôt qu'un catalogue électoral. Et jouer franc jeu sur ces priorités !

Partisan du non le 29 mai, votre nomination a-t-elle pour objectif de dépasser le clivage européen au sein de la gauche ?
Oui, c'est l'objectif qui a justifié la synthèse. Ne pas donner un signe clair à l'électorat du non, c'était prendre de gros risques avec la présidentielle. Ceux qui se référent à 1981 pour dire que ce rassemblement n'était pas nécessaire oublient qu'entre 1979 et 1981 il n'y a pas eu une telle déchirure dans l'électorat de gauche. Et qu'à la différence du beaujolais le nouveau Mitterrand n'est pas encore arrivé ! Nous devons recréer une dynamique de dépassement par rapport à un vote dont le contenu politique est profond. Ce qui impliquait qu'on le prenne en compte.

Le PCF a mis en place des Forums de l'alternative, les Verts préparent leur projet, vous initiez vos états généraux : tout cela ne fait-il pas un peu désordre ?
S'il n'y avait qu'un seul projet, on nous parlerait d'hégémonie ! Et que je sache, la droite n'est pas moins prolixe ! Alors parlons plutôt de richesse. Ensuite, on discutera d'un compromis global entre toutes les formations de gauche qui souhaitent le rassemblement indispensable pour la victoire.

Samedi, Marie-George Buffet a appelé toute la gauche ­ y compris la LCR ­ à élaborer un programme commun. Y êtes-vous favorable ?
Tous ceux qui s'inscrivent dans une perspective de transformation sociale démocratique ­ ce qui implique un engagement de prise de responsabilités gouvernementales ­ sont les bienvenus pour son élaboration.

Vous avez été le premier à revendiquer des primaires à gauche. Pensez-vous toujours qu'elle peut présenter un seul candidat en 2007 ?
Je n'ignore, pas plus que d'autres, la difficulté de l'exercice dans le contexte actuel français. Mais je crois indispensable d'imaginer de nouvelles possibilités de participation, de « réappropriation » de la politique par les citoyens et les citoyennes si nous voulons réconcilier le suffrage universel et la politique. En toute hypothèse, tenter cette forme de rénovation ne peut être que positif. Elle enseignera sur les intentions réelles des uns et des autres pour améliorer cette fameuse « démocratie participative » que tout le monde prétend vouloir ou promouvoir.

Arnaud Montebourg quitte le NPS. Vous avez avec lui un problème politique ou d'ego ?
Je pense qu'Arnaud se trompe de terrain et de moment. Quand les troupes se rassemblent, pressées par l'imminence de la bataille, l'heure n'est pas à la prise de rendez-vous avec un avenir qui dépendra pour l'essentiel de l'issue de cette bataille. Je souhaite qu'il le comprenne et revienne avec nous.

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