C'est ridicule !



Entretien avec Henri Emmanuelli, député des Landes, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 30 novembre 2004
Propos recueillis par Nathalie Segaunes


 

Les partisans du oui affirment qu'ils ont gagné...
Si c'est vrai, c'est ridicule ! Je ne comprends pas ces pronostics. Cela signifie-t-il que certains auraient déjà les résultats ? Pour ma part, je tiens une réunion tous les soirs, et j'ai plutôt le sentiment que les partisans du oui ont bien du mal à convaincre. Je pense que le non va l'emporter, malgré le mal que certains se donnent.

Si le oui l'emporte au sein du PS, le non peut-il encore gagner au niveau national ?
A l'évidence, oui. C'est d'ailleurs le cas de figure que je redoute par-dessus tout car, s'il est vrai qu'un parti ne doit pas suivre aveuglément son propre électorat, il est tout aussi vrai qu'il ne doit pas être à côté de ses inquiétudes ou de ses espérances.

Si le oui gagne, ce sera la victoire de François Hollande ?
Je suis agacé de cette personnalisation du débat. Le sujet, c'est la Constitution européenne, et on ne nous parle que de Fabius et de Hollande : ça devient débilitant. Je connais des gens qui vont voter oui, et je vous assure que ce n'est pas à cause de François Hollande. Et je connais des gens qui vont voter non sans pour autant voter Fabius ! Cet amalgame incessant est fatigant.

Continuerez-vous à faire campagne pour le non si les militants votent oui ?
Je n'ai pas l'habitude de changer de convictions. Mais j'espère que les socialistes ne feront pas à M. Sarkozy le cadeau de dire oui.

Si le non est en tête, Lionel Jospin prédit que ce sera au PS le grand « chambardement »...
Je trouve irresponsable cette dramatisation unilatérale. Comme si ceux qui votent oui avaient la légitimité, et pas ceux qui votent non. Je pense qu'il sera plus facile de rassembler les socialistes sur la défense de leurs valeurs que sur l'acceptation d'une Europe libérale. Si le oui l'emportait, il serait difficile de soutenir ensuite que nous avons un projet différent de celui des libéraux.

Après trois mois de divisions, les socialistes vont-ils être en mesure de se rassembler ?
Pourquoi parler de divisions ? Nous sommes une des plus vieilles démocraties du monde et, dès qu'on vote, on nous dit que c'est une déchirure irréparable. Sous la monarchie, il est vrai, on ne votait pas ! Le PS a déjà connu de sacrées secousses, par exemple au congrès de Metz en 1979, et ça ne l'a pas empêché d'aller aux présidentielles deux ans après. Parce que le premier secrétaire de l'époque (NDLR : François Mitterrand) avait su dépasser nos divergences.

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