| A l'occasion du prochain congrès, le PS semble rejouer l'opposition entre partisans de la réforme et de la rupture. Comment expliquez-vous la persistance de ce débat ?On trouve cette opposition dès 1905, entre Jaurès et Guesde. Aujourd'hui, les termes sont différents : personne ne pense prendre le pouvoir par la révolution. Le débat porte sur quelles réformes et à quel rythme. Tous les socialistes sont réformistes sauf ceux qui jouent le gauchisme, souvent par opportunisme.
Le référendum sur la Constitution européenne peut-il laisser des traces profondes ?Pour l'instant, cela laisse des traces. Mais la volonté des signataires de la contribution de François Hollande, dont je suis, est de dépasser le oui et le non qui n'a plus aucun sens aujourd'hui. Si le PS en restait à ce débat, il perdrait le sens même de son combat : s'opposer à la droite. Il nous faut revenir à un débat sur les réformes, le projet. Il faut retrouver l'unité du parti.
Celle-ci peut-elle être mise en cause ?Il y a toujours un risque quand il y a un débat. Mais on peut constater que, dans son histoire, mis à part quelques petites scissions, le parti a toujours fait un effort pour préserver son unité. Je pense que nous sommes sur ce chemin.
La crise semble ouverte au PS depuis l'éviction de Lionel Jospin de la présidentielle en 2002...Le 21 avril avait été le révélateur d'un décalage important, qu'on retrouve le 29 mai, avec une partie de notre électorat populaire. Il ne s'était pas reconnu dans notre projet. Il faut combler ce décalage, sinon nous aurons d'autres mauvaises surprises. Le congrès du Mans ne doit servir qu'à cela : s'accorder sur un projet qui corresponde à ce que les Français attendent de nous.
Que vous inspire le parcours de Laurent Fabius qui a défendu le non à la Constitution ?Cela m'inspire un grand regret. Je ne suis pas fabiusien, mais j'ai toujours eu du respect pour son action. Pendant la campagne, je ne l'ai pas compris. Lui qui se proclame pro-européen a pris une position contraire à son histoire et à ses propositions, parce qu'il a pensé qu'elle serait majoritaire.
Qui incarne l'avenir du PS aujourd'hui ?Celui qui incarne aujourd'hui le PS, c'est François Hollande. Il y a des courants qui lui sont opposés, mais je pense qu'il est possible de parvenir à une synthèse : une partie de ceux qui ne sont pas derrière lui aujourd'hui pourraient se retrouver à l'occasion du congrès. Certaines minorités se sont comportées différemment durant la campagne et ont respecté la décision des militants en faveur de l'adoption de la Constitution. Il faut aussi faire apparaître une nouvelle génération à la tête du parti. |