Réconcilier | |
par Laurent Fabius, député de Seine-Maritime Point de vue paru dans le quotidien Le Monde daté du 12 mars 2004 Ce texte est extrait d'une conférence prononcée le 10 mars à l'Ecole normale supérieure, "Le changement par la politique" |
Les multiples contacts que je noue à l'occasion de ces élections me le confirment : le gouvernement sous-estime gravement la désespérance qui affecte la société française. Les symptômes sont pourtant visibles : volonté d'abstention, tentation du vote extrême, peur des réformes, incivilité et insécurité, montée des communautarismes. Cette dissidence sourde ne tient pas à une sorte d'esprit chagrin de nos concitoyens, mais à un phénomène objectif : le progrès ne profite plus à tous. Il n'est plus partagé. Résultat : il y a aujourd'hui deux France. Non pas, contrairement à ce que d'aucuns affirment avec une touche de mépris, celle d'en haut - les élites de Paris - et celle d'en bas - le peuple de la province. Pas non plus le " public " contre le " privé ". Les deux France aujourd'hui, c'est, d'un côté, la France qui envisage son avenir et celui de ses enfants avec confiance et, de l'autre, la France dépossédée de son destin et comme privée d'espérance. Cette seconde France, c'est celle des exclus et des sans-droits, dont le nombre s'accroît depuis deux ans sous l'effet de la politique de la droite ; celle des ouvriers et des employés, des petits agriculteurs ; celle d'une partie des classes moyennes. Tous ceux qui se disent : mes enfants vont " ramer " dans des collèges difficiles, ils habiteront dans des cités ou des quartiers dégradés, dans des logements toujours plus chers, ils " galéreront " de petit job en petit job, ils n'auront peut-être pas la couverture maladie dont nous avons, nous, bénéficié, et certainement pas la garantie retraite des temps passés. La France en mal d'avenir, qui est la première par le nombre, considère que les politiques restent sourds à son désarroi et n'agissent pas réellement pour elle. Qu'ils sont impuissants à changer les choses, à les débloquer. La société est bloquée quand une large fraction des citoyens ne trouve pas sa place dans le mouvement qu'on lui dessine. La politique est impuissante quand elle refuse d'affronter ces difficultés, alors même que c'est sa principale raison d'être : faire que la nation réussisse pour que tous ses citoyens réussissent ensemble. Ce qui a produit, depuis la seconde guerre mondiale, la force de la plupart des grands pays européens, et singulièrement de la France, c'est un processus puissant et continu de rapprochement des conditions. Ce rapprochement reposait sur quatre moteurs : la création de la société salariale, le développement des assurances sociales, la démocratisation scolaire et l'accession au logement pour le plus grand nombre. Or ces mécanismes d'égalisation des conditions se sont peu à peu grippés. Là est la rupture. La panne des moteurs du progrès est d'autant plus durement ressentie que, à quelque couche que vous apparteniez aujourd'hui, vous éprouvez à peu près les mêmes aspirations et les mêmes désirs d'être et d'avoir. La frustration de ne pas y accéder est d'autant plus pénible. Je suis convaincu que la gauche peut changer la donne. Encore faut-il qu'elle respecte, sous des formes nouvelles, sa promesse initiale : ouvrir un avenir commun à l'ensemble de la population en agissant plus et mieux pour ceux qui sont en mal d'avenir. Bref, il s'agit de réconcilier les deux France en s'attaquant par priorité au mal-vivre de la France sans espoir. Car la différence entre la gauche et la droite reste liée à un choix simple, celui de défendre ou non l'égalité. L'essentiel découle de cette préférence pour l'égalité, y compris la défense de la liberté. J'insiste sur ce point. Plus la société est libérale au sens économique du terme, c'est-à-dire tolérante à la montée des inégalités sous l'effet des forces du marché, moins elle peut être libérale au sens politique et social. Tout simplement parce que la croissance des inégalités se traduit aussi par l'augmentation de la violence sociale, qui appelle la répression, le renforcement de ce qu'on appelait autrefois l'Etat policier. Je ne suis pas du genre angélique devant la délinquance : élu depuis vingt-cinq ans d'une commune et d'une circonscription urbaines et ouvrières, je connais bien ces problèmes ; j'estime que la gauche doit traiter très fermement la question de l'insécurité ; mais, pour être trivial, plus on fera du Fillon et du Mer et plus il faudra faire du Perben et du Sarkozy. Les progrès de l'inégalité tendent à entraîner un recul des libertés. Le gouvernement actuel assortit ce mélange libéral-répressif d'une forte dose de communautarisme et d'un zeste d'ordre moral. Une logique dangereuse est à l'œuvre. Ma conception du vivre-ensemble est différente. Je suis attaché à la liberté des individus, dont la laïcité est le meilleur garant : c'est pourquoi j'ai considéré très tôt qu'une loi contre le port des insignes religieux visibles était devenue nécessaire à l'école. Mais je suis aussi favorable à l'égalité réelle, en actes, de tous au sein de la nation France, quelles que soient la religion, l'origine ou la préférence sexuelle. C'est pourquoi j'estime qu'il faudra compléter la loi sur les signes religieux par des actions concrètes en faveur de l'exercice du culte musulman et contre les discriminations subies par les jeunes des quartiers populaires. Et bien du chemin reste à parcourir en faveur de l'égalité hommes-femmes, tant dans l'espace privé - contre, par exemple, la persistance des violences conjugales - que dans l'espace professionnel, avec les inégalités salariales. Cette démarche d'égalisation des droits devra également se poursuivre, dans un tout autre domaine, en faveur des homosexuels. Pour les pays ouest-européens, tous plus ou moins confrontés aux mêmes difficultés, il n'y a que deux stratégies possibles. La première, appelons-la néoconservatrice, consiste à réduire coûte que coûte le poids des prélèvements et des dépenses publiques. L'autre terme de l'alternative, c'est la stratégie néoprogressiste. Elle fonde la dynamique économique et l'innovation sur le sentiment de sécurité globale qu'inspire la cohésion sociale. Elle s'accompagne de performances économiques souvent meilleures que celles des pays néoconservateurs, avec un coût social bien moins élevé et une grande attention à l'environnement. Entre ces deux stratégies, la France n'a pas vraiment choisi. Je crois pourtant le second modèle, celui de la cohésion sociale, beaucoup plus adapté à notre ADN collectif. Et la vulgate libérale incapable de permettre un développement durable et équilibré de nos sociétés. Dans ce contexte, comment redonner cohésion à notre pays ? Je suis persuadé que la réponse, au lieu de nous disperser, est de concentrer notre énergie politique sur quatre priorités : redonner à la seconde France un avenir, en agissant pour le travail, pour l'égalité des chances scolaires, pour la protection sociale et pour le cadre de vie. Sur le travail, j'ai la conviction, d'abord, qu'il existe de bonnes et de mauvaises politiques économiques. Et que beaucoup dépend de cela. Comparez les premiers résultats de cette législature et ceux de la précédente ! Pour l'emploi, le b.a.-ba, c'est une politique économique favorable à la croissance. Elle suppose, du côté de la demande, un soutien au pouvoir d'achat et à la consommation populaire et, s'agissant de l'offre, des encouragements à l'investissement et à l'innovation, notamment pour les PME. Le tout devant être stimulé par une Europe qui avance et non qui freine : espace européen de la recherche, politique industrielle, commerciale et monétaire dans la mondialisation, révision des objectifs et des critères de la Banque centrale, adoption d'un traité social, assouplissement du pacte de stabilité. La politique de croissance doit être complétée par un plan spécial en faveur de la formation et de l'embauche des salariés peu qualifiés. Deux idées nouvelles : lier les exonérations de charge à des embauches et à des hausses de salaires ; créer un droit à un bilan professionnel, par exemple à 45 ans, afin de permettre à tous de progresser dans leur vie professionnelle et de ne pas jeter les salariés à 50 ans. Il faudra accompagner la création d'emplois par la réduction de la précarité. C'est un grand chantier à ouvrir avec les partenaires sociaux. Trois pistes d'action sont urgentes : l'amélioration des conditions de travail pour faire face aux nouvelles pénibilités d'un travail toujours plus individualisé et soumis à la pression croissante du client ; l'homogénéisation des statuts professionnels entre les salariés qui appartiennent à un même site de production, qu'ils dépendent de la société mère ou d'une unité de sous-traitance ; aller vers une sécurité sociale professionnelle qui facilite effectivement la transition de l'emploi perdu vers l'emploi nouveau. Cette politique offensive doit nous permettre de viser un taux de chômage à 5 % ou 6 % sans création, pour prix de cette réduction, d'une nouvelle classe de travailleurs pauvres. Notre deuxième ligne de front doit être l'école. Nous devons passer de l'école pour tous (la massification) à l'école pour chacun (la démocratisation). Assez de faux débats : c'est l'égalité des chances qu'il faut mettre au cœur de notre politique scolaire. Comment ? En allouant massivement les moyens scolaires et périscolaires vers les zones en difficulté. En réintroduisant de la mixité sociale dans les meilleurs établissements. En améliorant les conditions de travail des enseignants, notamment au collège. Et, surtout, en redonnant des perspectives aux jeunes après le bac. Massifié à la base, notre système reste malthusien en son sommet. Tout l'édifice en est menacé. Un nouveau Plan universités devra être mis en œuvre. Les comparaisons internationales le montrent : nous n'investissons pas assez dans l'enseignement supérieur. Rapprochées des universités, les grandes écoles devront s'ouvrir plus largement aux meilleurs étudiants. Tout jeune qui a quitté précocement le système scolaire devra disposer d'un droit de tirage sur les années de scolarité qu'il n'a pas accomplies dans le cadre de sa formation première. L'objectif de cette politique globale de démocratisation scolaire doit être clair : améliorer fortement le taux d'accès des jeunes issus des couches populaires au baccalauréat général et à un diplôme universitaire. Parce qu'ils sont au cœur du pacte républicain, les enseignants en seront les fers de lance. Le troisième grand chantier est la protection sociale. Il n'y aura pas de sécurité globale sans une protection sociale à nouveau garantie. Notre système est aujourd'hui miné par des inégalités criantes : inégalités sociales devant la maladie et la mort ; inégalités territoriales dans les conditions de prise en charge des malades ; inégalités financières, avec cinq millions de nos concitoyens sans protection complémentaire. Les déremboursements massifs du gouvernement actuel ne feront qu'aggraver la situation. Il faut, à travers une gouvernance nouvelle, réguler notre système par la recherche systématique de la qualité des soins. C'est ainsi que nous assurerons une couverture à 100 % de la population, par extension de la CMU ou par création d'une allocation-santé. Afin de corriger les inégalités territoriales, il faudra définir avec les médecins des règles et des incitations pour mieux répartir leur présence sur l'ensemble du territoire. Nous devrons encourager les réseaux de soins. Mieux régulé et mieux piloté, notre système doit pouvoir redevenir plus juste. Un financement équitable et pérenne devrait venir compléter ce dispositif, avec, par exemple, l'établissement d'une cotisation sur la valeur ajoutée, à taux faible, se substituant aux actuelles cotisations sociales patronales. Une telle réforme viserait à alléger le poids des charges sur le travail, mais aussi à renforcer l'assise financière de la Sécurité sociale. Pour pérenniser le droit à la retraite selon le principe d'équité, nous devrons, que nous le voulions ou non, rouvrir le dossier avec les partenaires sociaux, puisqu'en tout état de cause les deux tiers des retraites futures ne sont pas financés. Il faudra mieux prendre en compte la pénibilité des emplois, refuser que certaines activités travaillées (comme aujourd'hui le RMA) donnent lieu à de moindres droits à la retraite. L'allongement de la durée de cotisation devra tenir compte des capacités des entreprises à faire davantage de place aux femmes et à offrir des postes doux aux salariés âgés. La quatrième priorité concerne le cadre de vie : un logement pour chacun, un droit de cité pour tous. Dans une société riche comme la nôtre, tout citoyen devrait disposer du droit à un logement. Pour beaucoup, ce droit reste théorique. Il y a encore trois millions de mal logés. La demande de logement sociale explose, mais l'offre se rétracte. Nous devrons proposer pour toutes les couches sociales et pour chaque âge de la vie une solution logement. Des mesures concrètes s'imposent : mieux réguler le marché locatif ; réhabiliter le parc ancien ; relancer la construction de logements sociaux. L'objectif, c'est de rendre effectif et opposable le droit au logement. L'effort en faveur du logement devra s'accompagner d'une ambition nouvelle : mettre en place un véritable droit de cité pour tous. Cela signifie pour chaque habitant, quelle que soit la partie de l'agglomération où il vit, un égal accès aux services de la ville, ce qui exige un vaste plan de rénovation urbaine. Un effort significatif est à mener pour l'amélioration des transports collectifs et de tous les services publics. Cela suppose aussi de faire de la culture et des projets culturels une dimension plus forte de la politique de la ville. En partenariat avec les agglomérations et les régions, l'Etat devra aider les réseaux associatifs présents dans les quartiers, qui accomplissent souvent un travail remarquable. Le dévouement des bénévoles se trouve là, l'énergie des jeunes aussi. L'ensemble représentera un financement important sur plusieurs années. C'est une grande partie du patrimoine de la nation qu'il faut rénover. C'est pourquoi, à titre exceptionnel, je suis favorable au recours à l'utilisation progressive des sommes correspondant aux réserves d'or de la Banque de France, devenues inutiles en raison des mécanismes européens. Contrairement à ce que d'aucuns prétendent, c'est possible à condition d'en avoir la volonté politique, dès lors que la stratégie menée par ailleurs pour les finances publiques n'aggrave pas l'endettement. Je vois bien l'objection qu'on peut formuler : " Mais alors, vous n'entendez rien faire pour les autres, pour cette partie de la France qui tire relativement son épingle du jeu ? " Bien sûr que si ! La gauche n'a plus à prouver qu'elle est soucieuse de la compétitivité de notre économie et de la réussite de nos entrepreneurs. Mais j'ai une conviction : en travaillant à redonner un avenir à ceux qui n'en ont pas, nous travaillerons pour le bien-être de la société tout entière. Si nous permettons à une partie importante de ceux qui sont au chômage de retrouver un emploi, si nous parvenons à faire repartir l'ascenseur scolaire, si nous sécurisons vraiment la protection sociale, si nous améliorons le logement, nous bâtirons une France plus apaisée, plus confiante, plus ouverte aux changements et aux modernisations, plus capable de saisir, dans l'intérêt de tous, les opportunités des temps nouveaux. Une France en tête dans la grande bataille de la mondialisation. En outre, faire cela par priorité ne signifie évidemment pas qu'il ne faille faire que cela. Nous devons résolument choisir une société et une économie de la connaissance et de l'innovation. Attention : pour la première fois depuis la Renaissance, notre pays, notre continent risquent de ne plus être une terre d'innovation. Sans elle, pas de croissance forte, pas d'industrie compétitive, pas d'emplois nouveaux. Nous devrons augmenter immédiatement l'ensemble de l'effort, public et privé, en faveur de la recherche et du supérieur, lutter contre l'exode des cerveaux par des créations immédiates de postes et non par des promesses de circonstance, européaniser notre stratégie de recherche, mettre davantage en synergie laboratoires universitaires, pôles technologiques et tissu industriel spécialisé. Oui, la recherche est une grande cause nationale, et ce gouvernement lui tourne le dos. En face de nous, nous n'avons plus aujourd'hui le bonapartisme modernisateur dont certains gaullistes furent les héritiers après guerre, mais plutôt une droite orléano-légitimiste, cette droite traditionnelle qui déteste, comme disait Péguy, " la métaphysique du progrès ". En quoi l'actuel président de la République, plusieurs fois premier ministre et président, a-t-il réellement préparé l'avenir ? Héritiers des Lumières, nous devons respecter la connaissance et valoriser l'instruction, qui ruinent le déterminisme de la race ou de la classe. Dans ce contexte, l'accès de tous à la culture est un enjeu démocratique majeur. Lire, s'ouvrir aux autres, comprendre et rêver ne sont pas seulement des distractions, mais le fondement d'un épanouissement personnel, une assurance contre la xénophobie, contre le repli identitaire et la haine de l'autre. La démocratisation de la culture devra être au cœur de notre politique culturelle. Et puis, pour changer vraiment les choses, pour réformer durablement, il nous faudra tirer complètement les leçons du passé et choisir la bonne méthode. Préparer l'action en amont, avec nos partenaires : les autres partis de gauche, mais aussi les syndicats, le mouvement mutualiste et les associations. Réserver une place accrue à l'évaluation des politiques publiques. Mieux communiquer. Et, plus largement, changer la République : renforcer le contrôle des citoyens sur les services publics ; leur reconnaître un droit d'initiative législative et la saisine directe d'un Conseil constitutionnel moins politisé ; introduire une dose de proportionnelle dans la représentation parlementaire ; défendre et responsabiliser le Parlement face à l'exécutif ; et, pour les jeunes, généraliser le service civique. Comme cela existe chez nos voisins, la participation au vote devra être rendue obligatoire, le vote blanc étant alors comptabilisé. Car j'ai une conviction, que démontre d'ailleurs l'attitude du gouvernement à l'égard des échéances régionales : quand ils ne l'encouragent pas, les conservateurs s'accommodent parfaitement de la non-participation électorale. Un suffrage redevenu censitaire ne peut que servir leurs intérêts. Pour moi, c'est au peuple de décider de son avenir. Et, pour cela, il doit commencer par s'exprimer dans les urnes. L'Europe et l'international, l'écologique et l'environnemental devront aussi être au cœur de nos politiques. Mais j'ai voulu insister ici en priorité sur ce qui ne dépend que de nous, ou presque : l'emploi, l'école, la sécurité sociale et le cadre de vie. La France que je souhaite est une France réconciliée et pacifiée où l'avenir, source d'espoir pour les uns, ne soit pas irrémédiablement pour les autres un motif de crainte. Une France riche de sa diversité, mais où vivent des égaux. Une France où le progrès profite à tous. Cette réunification à la française, je crois que la gauche est la mieux à même d'en porter le projet. Bien entendu, nous avons un devoir de lucidité vis-à-vis des évolutions du monde, un devoir d'humilité envers des domaines qui échappent à l'action politique, un devoir d'imagination pour redéfinir certains des outils qui nous distinguent de nos aînés. Et un devoir général de vérité. Inventif, le nouvel âge de la gauche doit l'être, tout en restant fidèle aux combats qui l'ont forgée depuis plus d'un siècle. C'est en se réconciliant avec lui-même que le socialisme français réconciliera les deux France. Assez de politiques à reculons. Assez de politique qui affaiblit, qui trompe et qui divise. Les Français ont besoin d'un avenir commun. Oui, on peut réconcilier les deux France. |
|
[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens] | ||