La protection de la planète
et le développement durable
au cœur du socialisme

Géraud Guibert

 Contribution thématique au congrès national de Dijon présentée par la commission Environnement animée par Géraud Guibert, secrétaire national.
18 janvier 2003

 
Le mauvais état de la planète fait l’objet d’un constat unanime. Les dégradations environnementales s’aggravent, proches pour certaines du seuil d’irréversibilité, les inégalités entre le Nord et le Sud s’accroissent, les catastrophes écologiques d’origine naturelle ou technologique sont fréquentes.

L'objectif de mieux conjuguer le développement économique, la cohésion sociale et la protection de l'environnement doit être au coeur du projet socialiste. Le développement durable (« Le développement durable est le développement qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans priver les générations futures de la possibilité de satisfaire leurs propres besoins » - Rapport Brundtland - 1988) constitue un enjeu essentiel de solidarité - en France, dans le monde, et avec les générations futures - et de responsabilité citoyenne des acteurs économiques et des pouvoirs publics. Le Parti socialiste doit être pleinement écologiste, avec le souci prioritaire de protéger le patrimoine commun de l'humanité.

C'est une nécessité pour mieux appliquer les valeurs de progrès qui ont toujours été portées par les socialistes : primauté de l’homme et du vivant, lutte contre les inégalités, solidarité, justice et démocratie.

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1) Pour concrétiser notre engagement et parvenir à une plus grande efficacité politique, certains combats sont prioritaires

 

La lutte contre l’effet de serre et en faveur de la diversité énergétique

    Les changements climatiques sont déjà très préoccupants aujourd’hui. A moyen terme, ils hypothèquent la survie de millions d’êtres humains. L’impasse de l’actuel mode de développement apparaît clairement quand on projette à l’ensemble du monde la consommation actuelle d'énergie par habitant des pays développés et en particulier des Etats-Unis. L’égoïsme de ceux-ci, grands gaspilleurs d’énergies polluantes ne peut qu’inciter les pays en développement à s’exonérer de considérations environnementales pour conduire leur légitime développement.

    L’insuffisance des aides qui leur sont accordées, l’absence de réelle politique de co-développement, les réticences voire les refus de s’engager résolument dans le respect du protocole de Kyoto doivent être dénoncés. L’Europe et la France doivent conserver une position privilégiée pour conduire ce combat. Notre pays sera d’autant mieux entendu que sa politique énergétique sera exemplaire.

    Le parti doit préciser ses positions en faveur d’une politique énergétique véritablement diversifiée et équilibrée, fondée sur la recherche de l’efficacité énergétique. Cette politique demande des investissements importants pour le développement des énergies renouvelables. Une politique vigoureuse d’économies d’énergie est nécessaire, notamment par une restructuration profonde des systèmes de transport : voitures propres, développement des transports en commun,... Nous devons en outre clarifier notre réflexion sur le nucléaire. Le parti doit offrir une alternative dans les faits aux positions de l’anti-nucléaire ou du tout nucléaire, conformément à la logique du développement durable.

La réaffirmation de la primauté de l’humain et du vivant en protégeant la biodiversité

    La France ne s’illustre pas positivement en ces domaines. Il faut sortir de la frilosité et cesser de tergiverser avec l’application des Directives européennes qui constituent un levier puissant pour faire avancer notre pays en ce qui concerne la préservation et la restauration des milieux naturels, la faune, la flore, les paysages, et la préservation des ressources halieutiques. La politique agricole doit être réformée dans le sens de la qualité et d'une meilleure protection de l'environnement et le moratoire sur les OGM maintenu. La protection des espèces menacées (loup, ours), et la pratique d’une chasse raisonnée pour laquelle nous avons combattu doivent êtres garanties.

La réduction des pollutions et nuisances, enjeu de cohésion sociale et d’équilibre écologique

    Les pollutions de l’air, de l’eau, du bruit, des sols… affectent une grande partie de la population et en priorité les plus défavorisés. La limitation de la production de déchets est impérative pour lutter contre le gaspillage, et réduire le coût du traitement qui pèse sur les contribuables. Les menaces que les pollutions font peser sur la santé doivent être réduites.

    L’amélioration du cadre de vie et l’égalité d’accès à un environnement de qualité pour tous sont des grands enjeux de la cohésion sociale. Le mouvement d’urbanisation et de concentration des populations dans les villes ne se démentant pas, il est urgent de définir une politique globale d’écologie urbaine, en prenant appui sur des réalisations locales.

    Sur ces questions, on peut regretter que nos propositions n’aient pas été portées plus collectivement en ce qui concerne l’application du principe pollueur-payeur, notamment pour un certain mode d’agriculture. Notre opposition à la remise en cause par la Droite des réformes que nous avions initiées dans le domaine de l’agriculture, de l’aménagement équilibré du territoire et de l’accès à une eau de qualité et à un prix accessible pour tous doit être constante et vigoureuse.

Face aux catastrophes d’origine industrielle ou naturelle, une protection et une prévention plus efficace

    Celles-ci, comme l’usine AZF à Toulouse ou la marée noire du Prestige, sont des drames humains et économiques. Faute d’affirmer des objectifs clairs pour y répondre, nous courons le risque de voir nos concitoyens sanctionner l’impuissance du politique et nourrir une défiance dangereuse à l’égard du progrès.

    L’Etat est le premier responsable de la sécurité de la population. Il est le garant de la solidarité nationale. La politique qui consiste à promouvoir, même activement, des dispositions internationales ou à se reposer sur les collectivités locales pour conduire une politique de prévention des risques n’est pas suffisante. La France doit conduire sa propre politique de prévention et être à la pointe du combat pour mettre en place une véritable politique européenne et internationale de sécurité maritime. En ce domaine, nous sommes partisans du vote d’une loi pour lutter contre les actes délictueux et comportements irresponsables qui polluent notre littoral.

    Une meilleure prévention des inondations doit en outre être assurée. Les inondations sont devenues trop fréquentes pour être qualifiées d’événements exceptionnels. Il n’est pas acceptable que les travaux nécessaires pour éviter ces drames soient retardés faute d’avoir clairement désigné les acteurs en charge de les réaliser et d’avoir dégagé les financements correspondants alors que des fonds importants sont disponibles dans les agences de l'eau.

    Dans tous ces domaines de choix énergétiques et environnementaux ou d'application du principe de précaution, il y a dans notre pays une exigence forte de démocratie et de débat public. C'est à nous de proposer les formes et les moyens qui permettront à ses aspirations de se concrétiser pleinement.

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2) Réformer le parti dans le sens du développement durable

 
Cette priorité suppose plusieurs orientations pour l'activité du Parti dans la prochaine période :

Développer le travail de formation des militants et des élus, d'analyse et de propositions

    sur l’importance et l’urgence de la mise en oeuvre du développement durable et de la préservation de l’environnement.

Amplifier le travail en commun avec les associations

    qui sont nos partenaires, même si parfois nos analyses sont différentes. Les initiatives organisées par le secrétariat à l’environnement ont rencontré un écho favorable auprès des associations et de nos partenaires politiques qui accordent une grande attention, parfois critique, aux analyses de notre Parti sur ces questions. La tenue d’une Conférence annuelle sur l’environnement et le développement durable contribuerait en partie à une meilleure écoute et prise en compte des attentes militantes et associatives.

Mieux faire connaître l’action de nos militants et élus en faveur du développement durable.

    Beaucoup de municipalités socialistes mènent des politiques environnementales très actives, certaines d’entre elles sont déjà engagées dans des démarches d’Agendas 21. Nous avons considérablement renforcé par la loi et nos pratiques la participation des citoyens à la vie locale. Le Parti doit relayer leur travail et inciter toutes les collectivités à direction socialiste à s’engager dans une démarche Agendas 21 qui offre les outils pratiques, pédagogiques et d’évaluation indissociables du développement durable.

Transformer le secrétariat à l’environnement en un secrétariat national à l'environnement et au développement durable,

    permettant un travail transversal sur ce dernier sujet avec les autres commissions du Parti. Ceci serait accompagné des dispositions suivantes :
       Nomination dans toutes les fédérations d’un délégué ou responsable fédéral à l'environnement et au développement durable, opérationnel et actif.
       Poursuite d’une large ouverture de la commission nationale Environnement à toutes celles et ceux qui sont plus particulièrement impliqués sur ces questions, militants, élus, experts.
       Constitution, par le travail de la commission et du secrétariat, d’un véritable outil fournissant des données environnementales et des services aux élus et militants du Parti.
       Multiplication des réunions régionales de la Commission nationale et développement de Commissions régionales et départementales en concertation avec les fédérations concernées.

    L’écologie et le développement durable ne doivent plus donner le sentiment, encore trop fréquent, d’être sous-traités par notre Parti. C’est une des conditions pour réussir sa rénovation.

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