Que faire de ce vote négatif ? Comment en tirer du positif ?

Elisabeth Guigou
Intervention d'Elisabeth Guigou, députée de Seine-Saint-Denis, lors du Conseil national du Parti socialiste du 4 juin 2005.


 
Chers camarades,

dimanche dernier, les Français ont décidé, je respecte ce vote, même s’il m’attriste terriblement.

Depuis quelques jours, cela n’a pas tardé, nous avons vérifié bien sûr que Chirac n’a pas démissionné, mais qu’en plus, il a reconduit les mêmes pour faire la même politique en beaucoup plus violent, voyez Sarkozy à Perpignan.

Nous avons vu que, partout en Europe, les partis d’extrême-droite appellent au repli national, que les adversaires de l'Europe politique célèbrent leur victoire. Et nous voyons que l’euro lui-même est menacé.

Alors, maintenant, c’est notre devoir, à nous socialistes, que d’entendre en effet nos concitoyens, leurs souffrances, leur révolte, leur besoin profond de changement, leurs aspirations positives, de créer aussi les rapports de force en France et en Europe qui rendent les changements possibles au lieu d’en rester aux incantations.

Et notre responsabilité, c’est de proposer des solutions avec nos amis de la gauche européenne et avec les responsables des syndicats français et européens.

En Europe, la seule question qui vaille aujourd’hui, c’est : que faire de ce vote négatif ? Comment en tirer du positif ?
L’Europe politique a fait naufrage dimanche dernier, pour longtemps, peut-être pour toujours.

Reste l'Europe marchande et reste l’euro.

La première, l’Europe marchande, va continuer inchangée avec une recrudescence d’égoïsmes nationaux. Résistons aux offensives libérales, même si nous n’avons pas davantage de moyens qu’auparavant pour le faire.

Et surtout, défendons l’euro. Parce que je me souviens de ce qu’il a fallu de volonté, de ténacité, de sens de la stratégie et de la tactique à François Mitterrand pendant dix ans, pour faire aboutir à Maastricht la décision de l’euro. Parce que je me souviens que, pendant les dix années qui ont suivi, ce sont tous nos gouvernements et aussi notre parti qui s’est mobilisé pour que l’euro passe concrètement dans la réalité. C’est ce combat de 20 ans, ce combat mené par les socialistes qui est aujourd’hui menacé.

Si l’euro est menacé, ne nous trompons pas, c’est la régression de l’Europe vers une simple zone de libre échange qui deviendra irrésistible et irréversible.

Notre devoir, c’est avec nos amis de la gauche, et les syndicats de reprendre l’initiative en Europe.
Notre devoir, c’est aussi de recréer notre capacité à gagner les prochaines élections nationales et municipales. Ne comptons pas, chers camarades, sur le rejet de la droite. Elle jouera avec les peurs, elle jouera avec le refus des immigrés, elle jouera sur l’ordre public pour faire oublier le désordre social.

Ne comptons que sur nous-mêmes pour proposer des solutions aux problèmes de nos concitoyens : au pouvoir d’achat des Français, au chômage, à la précarité, à la cristallisation des inégalités, entre catégories sociales et entre territoires.

Et pour cela, il faudra que nous arrivions à créer le désir de voir la gauche revenue aux responsabilités. Et ce n’est pas avec une extrême-gauche qui n’a jamais voulu, et qui ne voudra jamais accéder au pouvoir, ce n’est pas avec une extrême-gauche qui est mieux quand la droite est là, que nous arriverons à faire cela, c’est en comptant simplement sur nous-mêmes, sur notre capacité à proposer de vrais changements, à montrer des perspectives d’avenir et à redonner confiance.

Chers camarades, notre parti vient de fêter son centenaire. Son avenir est entre nos mains. Il me semble qu’aujourd’hui, nous devons être clairs sur trois principes.

D’abord, le respect de notre propres règles et d’abord le vote des militants car, sans cela, il n’y a plus de décisions respectées, ni sur la ligne politique, ni sur les investitures, et sans le respect de nos règles, il n’y a plus de Parti socialiste.

Le deuxième principe, c’est le choix de notre ligne politique, c’est celle d’une gauche résolument réformatrice, celle qui a fait les congés payés, la Sécurité sociale, l'Europe, la retraite à 60 ans, le RMI, les 35 heures, les emplois jeunes, le PACS, les lois contre les discriminations et la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité. Voilà cette ligne réformatrice que je veux voir continuer.

Et puis le troisième principe, c’est le respect de nos valeurs. Il ne peut pas y avoir, chers camarades, de compromis ou de complaisance avec la xénophobie.

Quand j’ai lu l’article de Nikonoff dans Attac, je n’ai éprouvé que du dégoût car il monte les pauvres contre les pauvres, et il faut le dire aux 10 000 adhérents d’Attac qui viennent de notre propre rang.

Alors, chers camarades, pour moi, c’est clair, aujourd’hui, nous devons décider trois choses : de nous regrouper autour de notre premier secrétaire, François Hollande, qui tient à sa légitimité des militants et du congres de Dijon ; d’approuver la convocation d’un congrès à l’époque pour trancher notre ligne politique ; et d’ici là, d’appuyer autour de François Hollande une direction homogène et cohérente avec le vote de nos militants le 1er décembre dernier.

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