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Laurent Fabius a-t-il ouvert une crise au PS ?Pas vraiment. Il ne dit ni oui ni non. Mais il est, pour le moins, paradoxal. Les exigences qu'il pose sont celles de tous les socialistes, elles n'ont rien de nouveau. Et pas grand-chose à voir avec le traité qu'il conteste. Ce n'est pas dans le traité que l'on fixe le montant du budget ou que l'on va dire comment lutter contre les délocalisations. Quant à la protection des missions de service public qu'il réclame, pour qu'elle soit effective, il faut justement que le nouveau traité constitutionnel puisse être adopté !
Selon vous, est-ce seulement un positionnement tactique à usage interne au PS ?Je crois à la sincérité de Laurent Fabius. Comme lui, je suis inquiète de la dérive libérale de l'Union et j'adhère à ses exigences. Il a eu raison d'interpeller le président de la République. Et nous devons tous le faire car Jacques Chirac ne se bat pas pour l'Europe. Cela dit, ça ne suffit pas. Laurent se trompe vraiment en pensant qu'un non au traité faciliterait la réorientation et la transformation des politiques européennes. Ce sera même le contraire.
Pourquoi ?Parce que nous ne pourrons transformer dans le bon sens les politiques européennes qu'avec l'aide de nos partenaires, en particulier ceux de gauche. Or ces derniers veulent adopter cette nouvelle règle du jeu, qui est meilleure, je le réaffirme, que l'actuel traité de Nice. Le non au traité serait absolument contre-productif : il isolerait les socialistes français et les couperait de toute leur histoire.
Laurent Fabius porte donc un mauvais coup au PS...Il faut, en tout cas, et c'est ma conviction, en finir avec ce petit psychodrame. Arrêtons ces débats et ces querelles byzantines que personne ne comprend. Ils n'ont qu'un résultat : nous desservir alors qu'échéance après échéance nous gagnons les élections. Il faut dire oui à ce traité comme vont le faire tous nos amis de la gauche européenne et les syndicats. Ensuite, il faudra travailler à l'améliorer.
Vous croyez encore à un compromis Hollande-Fabius, notamment sur le référendum interne au PS ?Oui. Ce référendum, il faut le faire sur un texte qui engagerait tous les socialistes sur les actions que nous entendons mener pour faire l'Europe que, et Fabius et nous tous, nous voulons. C'est-à-dire une Europe plus sociale.
Les socialistes ne se sont-ils pas fourvoyés en s'engageant si tôt dans le débat européen ?Non. L'Europe doit être le cadre du projet politique d'un parti d'alternance digne de ce nom. Elle n'a pas à être reléguée en fin de programme, c'est trop important. François Hollande a eu raison de fixer ce calendrier-là.
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