Ça commence aujourd'hui...

Le 18 octobre 2002.
Contribution au débat de Nouvelle Gauche.
Hicham Affane, Corinne Bord, Claude Bosom, Noria Chaib, Rémi Féraud, Jean Patrick Gille, Benoît Hamon, Cécile Jonathan, Régis Juanico, Delphine Mayrargue, Hugues Nancy, Jean-François Noël, Emmanuelle Prouet, Pernelle Richardot, Barbara Romagnan, Jérôme Saddier, André Viola.

Corinne
Bord


Claude
Bosom


Rémi
Féraud


Jean Patrick
Gille


Benoît
Hamon


Cécile
Jonathan


Régis
Juanico


Delphine
Mayrargue


Hugues
Nancy


Emmanuelle
Prouet


Barbara
Romagnan


Jérôme
Saddier


André
Viola


Le PS est actuellement en période de préparation de son congrès. C’est un temps de confrontation d’idées, d’analyses et de projets. C’est un temps heureux.
Le traumatisme sans précédent vécu le 21 avril dernier par les militants socialistes exige une clarification politique et idéologique. Les sentiments d’inutilité et d’impuissance ressentis pendant la campagne présidentielle imposent une remise en cause profonde de notre rapport à la société, de notre organisation et de notre fonctionnement.

C’est d’un nouvel état d’esprit, d’une vraie envie de se battre dont le PS a besoin. Pour retrouver cette flamme politique et militante, il faut un vrai congrès, où chacun se sente écouté, un congrès où nous allons au fond des choses, un congrès de la franchise et de l’engagement. L’initiative prise par Arnaud Montebourg, Julien Dray et Vincent Peillon y participe. Elle va dans le sens que nous souhaitons, et leur démarche est parallèle à celle que nous avons engagée. Une fois n’est pas coutume, des parallèles peuvent se rencontrer.

Il nous faut tout d’abord des paroles de combats qui nous ont manqué pendant la campagne présidentielle. En ne revendiquant pas les 35h pour ce qu’elles sont d’abord, c’est à dire une formidable conquête sociale, nous avons contribué à légitimer le discours réactionnaire de la droite. En courant derrière la droite au jeu du plus sécuritaire, nous avons perdu notre âme et toute pertinence sur le sujet. En faisant de la baisse des impôts un objectif politique, nous avons sacrifié sur l’autel de l’air du temps nos repères en matière de redistribution et de justice sociale. En acceptant une approche consensuelle de la décentralisation, nous sommes complices de la libre concurrence inter-régionale.

Pourtant, parce que ces 5 dernières années nous ont aussi enseigné qu’en affirmant le primat du politique sur l’économique et la légitimité du suffrage universel face aux ultimatum du MEDEF, nous pouvions faire la CMU et l’APA, les emplois-jeunes et les 35 h, nous croyons au volontarisme politique ; nous savons ce que nous devons à Lionel Jospin. Son bilan est un point d’appui pour notre action à venir.

Nous avons aujourd’hui besoin de définir une ligne politique claire, de redonner aux militants et aux citoyens des repères collectifs et un projet mobilisateur. Nous devons mener une véritable bataille culturelle contre la marchandisation de la société, contre l’idéologie libérale-sécuritaire et contre l’individualisme consumériste. Il ne s’agit pas seulement de s’enfermer dans une posture défensive, mais bien de reconquérir du terrain autour des valeurs collectives que nous défendons. Nous ne sommes pas là pour résister, mais pour contre-attaquer. Nous ne sommes pas là pour attendre l’alternance, mais pour construire l’alternative.

Il nous faut aussi renouveler le PS. Le renouvellement au PS ne se réduit pas une question d’âge, ni de génération. Il ne s’agit pas de savoir si l’on remplace un vieux calife par un jeune vizir, même s’il conviendra d’appliquer des règles strictes sur le cumul des mandats et sur la parité. Le renouvellement du PS, c’est un état d’esprit, de disponibilité aux autres d’ouverture aux idées, aux cultures, au mouvement, à l’extérieur, à ce qui bouge et agit autour de nous. Le vrai défi auquel est confronté le PS est celui de la diversité sociale pour qu’il devienne enfin un parti à l’image de la société, et qu’il puisse être le relais des souffrances et des espoirs des plus modestes.

Il nous faut donc revenir à ce qui est pour nous l’essentiel : le combat culturel. Le débat qui s’engage aujourd’hui dans notre parti doit nous permettre de renouer avec les aspirations fondamentales du socialisme, quitte à opérer quelques déménagements. Pour nous, l'important est de rester fidèles aux aspirations révolutionnaires, liberté, égalité, fraternité, qui demeurent toujours aussi légitimes dans le monde d'aujourd'hui. C'est d'avoir l'ambition d'améliorer concrètement les conditions de vie de nos concitoyens. C'est de dépasser une conception de l'action politique qui ne serait que le prolongement incestueux de la technocratie. C'est de concevoir une riposte globale à la mondialisation libérale. Le combat historique des socialistes, c'est de changer les règles du jeu politique, économique et social ; c'est en ce sens que nous proposons " trois déménagements " :

1) Notre premier objectif est donc bien de déménager le pouvoir des sphères financières, économiques, libérales et technocratiques qui l’ont peu à peu confisqué vers la sphère démocratique.
Retrouver les voies de la démocratie réelle et de la maîtrise collective des routes et chemins qui balisent l’avenir des peuples, par la réforme de nos institutions mais surtout par la rupture avec le sens donné à la construction européenne aujourd’hui, et le renouveau d’un engagement internationaliste militant au service de la démocratie mondiale. Dans cet esprit, notre route doit impérativement croiser celle des militants qui luttent pour une autre mondialisation.

2) Retrouvons le sens de la recherche absolue de l’égalité.
Ce doit être le " fil rouge " de notre réponse à l'individualisation de la société : une justice sociale qui n'hésite pas à soutenir les uns au détriment des autres, une redistribution des richesses plus équitable, une consolidation de la puissance publique qui traite chacun de façon égale, l’amélioration continue des conditions de vie et de travail des salariés, la consolidation de la réduction du temps de travail, la lutte contre les discriminations... A nous de combattre ce mirage de la liberté sans l’égalité, subterfuge mortel pour une société dans laquelle l’argent et l’accumulation des profits restent le but ultime, le ressort de l’épanouissement individuel, la stratégie pour dominer et éliminer l’autre. Changeons l'ordre des priorités dans notre société.

3) Déplaçons enfin le débat politique des élites vers le mouvement social, de la justification de l’existence du système à la contestation de ses injustices et de ses buts.
Les socialistes n'ont pas vocation à défendre ou à rendre présentable l'ordre établi, qu’il soit moral, religieux, politique, médiatique, culturel ou technocratique. Ils ont vocation à se soulever contre l’acculturation de notre société et contre l’excuse de l’irrémédiable impuissance collective à changer le destin du monde. Ils ont l'obligation de se révolter contre le retour de la logique des blocs fondée sur le fantasme du Bien contre le Mal : “ l’occident ” contre la “ barbarie ”, ou pire encore : les “ peuples de dieux ” contre “ les mécréants ”. Les fantasmes américains ne sont pas les nôtres.
Cette démarche, nous voulons la proposer à tous ceux qui partagent notre conception du socialisme et de la gauche. Le choc du 21 avril a bouleversé nos cartes. Le temps de la clarification est venu. Nous n’agirons pas seuls. Comme d’autres, nous les avons entendu, nous voulons faire du prochain congrès, un congrès majeur, de ceux qui infléchissent durablement l’orientation, la stratégie et l’organisation du Parti. Nous rêvons d’un grand congrès pour donner à la gauche française un grand Parti socialiste Nous y défendrons l’idée d’un socialisme de reconquête. Pour nous, et pour reprendre le titre d’un beau film engagé : " ça commence aujourd’hui… ".



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