Une nouvelle majorité est possible au PS, mais au terme d'un rapport de forces où chacun se compte

Benoît Hamon


Entretien avec Benoît Hamon, député européen, paru dans le quotidien Le Monde daté du 25 août 2005
propos recueillis par Isabelle Mandraud

 

Le Nouveau Parti socialiste (NPS), courant que vous coanimez, est divisé. Arnaud Montebourg plaide en faveur d'une alliance immédiate avec Laurent Fabius avant le congrès de novembre, pas vous. Pourquoi ?
Construire une majorité alternative à celle qui dirige le PS - ce que je souhaite, comme Arnaud - nécessite d'être clair sur le périmètre idéologique et politique de cette majorité, notamment sur quatre sujets : la VIe République de type parlementaire, la question des salaires, l'Europe et l'agenda de la reconquête des droits sociaux. Cela me paraît plus urgent que de fixer le casting d'un accord. Laurent Fabius voulait une motion commune. Mais afficher une coalition exclusive des partisans du non à la Constitution européenne, c'est faire le choix de ne pas gagner le congrès et prendre le risque d'une réplique du référendum interne au PS. Cette stratégie nous empêche d'élargir le bloc de la gauche du parti.

Vous ne partagez pas le même objectif avec Laurent Fabius ?
La priorité numéro un de Laurent Fabius n'est pas de changer de majorité au PS mais de rester compétitif pour l'étape suivante, la présidentielle. Nous, nous considérons qu'une majorité alternative est possible, avec Henri Emmanuelli, Laurent Fabius et tous ceux de l'actuelle majorité qui désireraient nous rejoindre, mais au terme d'un rapport de forces où chacun se compte, avec le vote des militants.

Ces divergences avec Arnaud Montebourg d'une part, vous et Vincent Peillon de l'autre, menacent-elles NPS ?
Je n'ai pas d'inquiétude sur l'unité du courant. Notre divergence ne porte pas sur l'objectif, mais sur la méthode. NPS doit présenter sa propre motion. Une alliance à froid ne serait qu'un accord d'appareil, contraire à l'identité de notre courant. On ne peut pas revendiquer des pratiques nouvelles et singer des comportements que l'on dénonce depuis le congrès de Dijon.

Les critiques d'Arnaud Montebourg contre François Hollande vous embarrassent-elles ?
François Hollande et sa majorité doivent constater leur échec depuis le congrès de Dijon de mai 2003. Le réformisme de gauche n'est même pas cité dans la contribution de l'actuelle direction, ce qui souligne le vide abyssal qu'était cette ligne.

Depuis, il y a eu le 29 mai 2005, c'est-à-dire un décrochage absolu des classes populaires par rapport à la ligne du parti. On ne pouvait pas imaginer pire échec. Ce sont ces erreurs qui sont nuisibles au PS, et non pas, comme le dit François Rebsamen, l'attitude d'Arnaud Montebourg, qui a mené des combats courageux, notamment contre Jacques Chirac.

Mais, aujourd'hui, la direction persiste. Elle continue à faire comme si elle détenait la " vérité ", à invoquer la morale... Il doit y avoir sanction de l'équipe, le premier secrétaire en tête, mais aussi de l'orientation.

NPS présentera un candidat au poste de premier secrétaire ?
Oui, je le souhaite. Peut-être même le ferons-nous également en vue de l'investiture pour l'élection présidentielle de 2007, puisque nous sommes les plus déterminés à changer les règles du jeu présidentiel.

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