Politique municipale en faveur des femmes

Anne Hidalgo

Entretien avec Anne Hidalgo, première adjointe à la mairie de Paris, paru dans le quotidien Métro daté du 7 mars 2005.
Propos recueillis par Aurélie Sarrot

 

La séance du Conseil de Paris de ce jour est un peu spéciale...
En effet puisque, pour la première fois, nous aurons un débat au sein de l’assemblée sur la politique municipale en faveur de l’égalité. Bertrand Delanoë présentera le bilan des actions de la Ville en faveur des femmes et les perspectives pour les années à venir.

Seules les femmes seront présentes ?
(Rires). Non, tous les élus seront présents. Quand on est à parité dans une assemblée et quand les femmes sont majoritaires dans l’exécutif, les hommes se sentent le devoir de participer au débat. Tant mieux.

Dans le cadre de cette politique menée en faveur des femmes, vous avez fait beaucoup de choses dans le domaine de la santé…
Dès notre arrivée, nous avons signé une convention avec le planning familial et mis en place un numéro vert qui permet à toutes celles et à tous ceux qui veulent s’informer sur la contraception de pouvoir le faire gratuitement. Aujourd’hui, 40 % des appelants sont des hommes. Ensuite, nous avons mis en place un dispositif d’appui à l’IVG. Nous avons également soutenu la campagne de dépistage du cancer du sein qui propose aux femmes de 50 ans un examen mammographique de qualité, gratuit et régulier.

La lutte contre les violences est également une de vos préoccupations…
Nous avons fait beaucoup en matière de prévention en finançant notamment aux côtés de l’Etat des campagnes. En 2006, nous allons ouvrir dans le XVe arrondissement un centre d’accueil des femmes victimes de violence. Par ailleurs, sur la question cruciale du logement pour les femmes victimes de violence, nous sommes en train de mettre en place une convention avec les bailleurs sociaux pour que ces femmes puissent bénéficier d’un système dans lequel elles seront prioritaires pour un échange d’appartements.

Vous avez fait beaucoup de choses en faveur des prostituées. Où en est-on ?
La situation reste très difficile. Contrairement à ce que dit le ministère de l’Intérieur, la prostitution n’a pas diminué. Elle reste au niveau extrêmement important auquel elle était il y a trois ans mais du fait de la loi Sarkozy – loi que je conteste totalement – sur, notamment, la pénalisation des prostituées, ces femmes sont obligées de se cacher et donc d’exercer dans des conditions encore plus précaires et dangereuses pour elles. Aujourd’hui, la Ville verse chaque année près de 600 000 euros aux associations qui viennent en aide aux personnes prostituées en leur proposant, entre autres, des logements sécurisants, en les informant sur les maladies sexuellement transmissibles et en leur offrant la possibilité de se réinsérer professionnellement.

En matière d’emploi, avez-vous mené des actions ?
Les discriminations à l’embauche et dans les aides à la création d’entreprise restent très importantes. Nous travaillons activement pour que l’accès à l’emploi soit le même pour les hommes et les femmes. La Ville emploie 45 000 agents, dont la moitié sont des femmes. Toutefois, comme l’a montré l’audit que nous avons récemment mené, certains métiers restent très masculinisés. Nous allons mener un plan d’action pour que des directions comme les parcs et jardins ou la propreté se féminisent et que des secteurs comme le social se masculinisent. L’objectif est de rééquilibrer l’emploi et de traiter toutes les questions liées à l’évolution des carrières.

Une femme pourrait-elle être maire de Paris ?
J’espère bien. Je ne fais pas du tout de différence dans la capacité des femmes à gérer une ville et à l’animer politiquement même si, en France, nous sommes très en retard sur la représentation et sur la place des femmes dans l’exécutif, en tous les cas dans les fonctions de maire. Il faut que les mentalités changent.

Vous voyez-vous à cette place ?
Oui bien sûr, je ne vois pas pourquoi je ne me verrais pas, un jour, à la tête d’un exécutif municipal. Je ne me suis jamais fixé de barrière sous prétexte que j’étais une femme. Pour moi, il n’y a pas de citadelle interdite.

© Copyright Métro


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]