Créer un droit universel
à la formation
tout au long de la vie



 Anne Hidalgo, porte-parole thématique de Lionel Jospin pour les questions d'éducation et de formation revient sur la promesse de Jacques Chirac de créer un " compte personnel de formation " et lui oppose un système de solidarité nationale qui ouvre à chacun, salariés et chômeurs, un " droit universel à la formation tout au long de la vie ".


 

Jacques Chirac veut créer un « compte personnel de formation » alimenté par les salariés et par l'entreprise, sur la base d'un accord de branche ou d'entreprise. Que pensez-vous de cette proposition ?
Tout d'abord la proposition de Jacques Chirac accroît les inégalités puisqu'elle ne concerne que les salariés. Pourtant la question de la formation se pose aussi pour les demandeurs d'emplois. Ensuite, nous ne devons pas négliger le fait qu'il existe des entreprises où le dialogue social est absent. Ce « compte personnel » augmenterait immanquablement les inégalités sociales alors même que le système est déjà inégalitaire. Il faut, au contraire, inverser la tendance pour offrir la possibilité à ceux qui ont bénéficié de la formation initiale la plus courte de profiter du temps de formation le plus long. C'est pourquoi nous pensons que la mise en place d'un système de droit universel à la formation tout au long de la vie constitue une proposition tout à la fois innovante et pertinente.

La deuxième critique que j'adresserais aux inventeurs de cette disposition est que derrière cette idée de responsabilité individuelle, d'épargne pour sa propre formation et pour sa retraite, il n'y a encore et toujours qu'individualisation et capitalisation. L'important, c'est au contraire de garantir un système de solidarité qui offre à chacun la possibilité de reprendre ses études et de se former quand il le souhaite, quand le besoin s'en fait sentir dans son évolution personnelle.

Première adjointe au maire de Paris, Bertrand Delanoë, vous êtes également porte-parole de Lionel Jospin pour la formation et l'éducation. Quelles sont ses propositions ?
Nos propositions sont claires : créer un droit universel à la formation pour les salariés, les demandeurs d'emplois, les jeunes et les adultes. Ce compte doit être inversement proportionnel à la durée des études. Ainsi, une personne qui serait sortie à 16 ans du système éducatif aurait un " droit de retour " à la formation plus important qu'un étudiant disposant d'un diplôme BAC+5. Pourquoi ? Pour rétablir une égalité. Il n'est pas normal de dire que nous sommes quittes avec ceux qui sont sortis plus tôt de l'école. C'est pour cela qu'il faut financer, par un système de solidarité nationale, cette dynamique de formation. À l'image de ce que le gouvernement a entrepris dans le domaine des retraites ou de la CMU, nous devons garantir un minimum, un socle financé par la solidarité nationale. Il en va de cela comme du premier étage d'une fusée. Rien n'empêche l'existence d'un deuxième étage qui se ferait après négociation avec les entreprises à l'image du régime complémentaire de santé dans un autre domaine. Le troisième étage de la fusée pourrait passer une défiscalisation de l'épargne, à l'inverse du système de la droite qui ne verrait que capitalisation au bon vouloir des entreprises.

Concernant les jeunes, que pensez-vous du contrat d'insertion dans la vie sociale, proposé par Jacques Chirac ?
Pour moi, ce qui est important, c'est une action forte pour l'autonomie des jeunes qui élargisse l'action menée par Jack Lang et Jean-Luc Mélenchon en matière d'éducation en offrant aux jeunes des solutions adaptées, ambitieuses et pertinentes en matière de logement et de santé en particulier. Nous devons travailler en profondeur sur la question des logements, de l'accès à la culture et de la vie en société. Les conditions de vie des jeunes ont changé, à nous de changer de discours et d'adapter nos propositions à leurs besoins.

La promesse de Jacques Chirac est une mesure " gadget " qui reprend les bonnes vieilles recettes de 1993, 1995, et 1997. Ces recettes ont fait leur temps et montré leur inefficacité. Les allègements de charges sans contrepartie des entreprises sont inefficaces sur le plan de l’emploi et ne constituent qu'un effet d'aubaine pour celles qui de toutes façons embauchent.

propos recueillis le 1er mars 2002



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