Notre bilan
nous permet d'être jugés sur pièces !



 

La gauche est au pouvoir depuis près de cinq ans, quelles sont les réformes dont vous êtes le plus fier ?

Je pourrais égrener toutes les lois votées depuis 1997 : les 35 heures, les emplois jeunes, la Couverture maladie universelle, l’allocation pour les personnes dépendantes, le congé de paternité, le PACS, la parité… Mais un bilan législatif, c’est d’abord un ensemble cohérent qui doit être jugé globalement. Que disions-nous aux Français en 1997 ? Priorité à l’emploi et solidarité pour tous. Qu’avons-nous fait d’autre depuis près de 5 ans dans un contexte qui n’a jamais été facile ni sur le plan institutionnel ni sur le plan international ? Le chômage a diminué sensiblement et la justice sociale a progressé. Certes, des inquiétudes demeurent sur la précarité de l’emploi comme sur l’insécurité ou les retraites. Mais, nous n’avons jamais abdiqué ni renoncé. Et notre volonté d’agir et de réformer reste intacte.

Justement, comment est-ce que vous situez la législature qui s’achève par rapport à la précédente ?

Les gouvernements Balladur et Juppé avaient gravement échoué sur la question du chômage. Ils avaient - par des choix malheureux - pénalisé le pouvoir d’achat des ménages (hausse de 2 points de la CSG, de la TVA, création du RDS…), freiné la consommation et affaibli la croissance. Des transferts financiers significatifs avaient été accordés aux entreprises sans aucune contrepartie et les déficits publics et sociaux avaient dérivé, au point de convaincre Jacques Chirac de dissoudre l’Assemblée nationale en 1997 de peur de ne pas parvenir à qualifier la France pour l’Euro. Le gouvernement de Lionel Jospin a relevé un défi, nullement gagné d’avance : redonner confiance, restaurer la croissance, rétablir les comptes, redistribuer les revenus et respecter la parole donnée. Des critiques peuvent forcément être adressées. Toutes les difficultés n’ont pas été réglées - comme par enchantement - des retards ou des insuffisances peuvent toujours apparaître ici ou là. Mais, nous pouvons au moins dire que ce que nous avions dit, nous l’avons fait. Nous n’avons pas changé de politique au lendemain des élections. Nous n’avons pas renoncé au premier coup de vent. Nous n’avons pas usé du pouvoir comme d’une chasse gardée.

Quelle est la vision de la société qui sous-tend votre action ?

Donner à chacun une place dans la société, c’est le sens de notre lutte contre le chômage et contre les exclusions. C’est le choix de la priorité budgétaire accordée à la formation des jeunes. C’est l’esprit de notre politique familiale qui permet de concilier vie professionnelle et éducation des enfants. C’est le pari de l’allocation personnes agées pour donner à nos anciens les moyens de leur autonomie. C’est aussi l’argument qui a fondé notre décision, à travers les 35 heures, de donner à chaque salarié plus de temps pour vivre. Le plus grand danger pour notre société, c’est la désintégration civique, c’est l’abandon des cohésions sociales et des repères citoyens, c’est l’éclatement des solidarités. C’est pourquoi, nous voulons une France vivante, mais aussi rassurante. Nous y avons contribué, mais il reste beaucoup à faire.

Qu’est-ce qui vous oppose à la droite ?

La droite veut refaire demain ce qui n’a pas marché hier : privatisation des services publics, flexibilité du travail, baisse des impôts des plus favorisés, réduction du rôle de l’État, transfert aux assurances privées d’une part de la protection sociale. Bien sûr, elle ne revendiquera pas franchement un tel programme. Elle préfèrera avancer masquée. Elle fera des promesses. Mais son projet est bien celui-là ! Ce sont les mêmes hommes qui se présentent à nos suffrages avec les mêmes trucs, les mêmes facilités et… les mêmes intentions.

Vous considérez que le gouvernement de Lionel Jospin a énormément fait depuis près de cinq ans. Est-ce que l’œuvre n’est pas justement achevée ?

Rien n’est jamais achevé. Il faut consolider et amplifier notre action dans de nombreux domaines. Je pense à la sécurité qui constitue le souci majeur pour beaucoup de nos concitoyens, et parmi eux d’abord les plus modestes. Sur ce terrain, nous devons travailler à mieux prévenir, mieux surveiller et mieux punir. Mais, je pense aussi à l’éducation. Chacun sait que la qualification est la meilleure assurance contre le chômage. Il faut en finir avec la fatalité qui voudrait que tout se joue au moment de la formation initiale.

Comment accepter qu’à 16 ans tout soit définitivement scellé ? Comment admettre ensuite que la formation continue profite prioritairement aux diplômés ? Il faut donc introduire un droit à l’éducation tout au long de la vie et qui permettra de disposer de nouveaux temps de formation au cours d’une existence professionnelle. C’est la démarche qui nous animera pour la préparation de la prochaine législature.

Mais un bilan fait-il gagner les élections ?

Notre bilan nous permet d’être jugés sur pièces. Et, d’ores et déjà, nous soumettons - à travers ce magazine - notre travail depuis 1997 au verdict des Français. C’est la démocratie. Mais, il faut aller plus loin, tracer de nouvelles pistes, ouvrir de nouveaux horizons, fixer des objectifs à la hauteur des enjeux du monde que nous voulons changer. Les Français, parce qu’ils sont un grand peuple, ont à cet égard une responsabilité majeure, notamment à l’occasion du rendez-vous de 2002. Leur parole et leur choix seront entendu bien au-delà de nos frontières.


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