Un Congrès de clarté et d'action, pas un Congrès de confusion ou de division

François Hollande
Intervention de François Hollande, premier secrétaire, lors du Conseil national de synthèse du 15 mars 2003.


 
Chers camarades,

chacun en a bien conscience, le Congrès de Dijon est un rendez-vous majeur non seulement pour les socialistes, mais pour l'ensemble de la gauche. Nous en connaissons tous les enjeux.

D'abord, tirer toutes les leçons du 21 avril, répondre à la crise de la politique, retrouver les liens avec les catégories populaires, mobiliser la jeunesse sur un projet, donner une perspective à l’unité de la gauche.

Nous avons aussi un enjeu supérieur qui est d'engager un nouveau départ pour les socialistes, permettant le rassemblement de la gauche, intégrant la dimension essentielle de l'Europe et du monde dans notre action et permettant aux socialistes de représenter dès à présent une alternative à la droite.

Et puis il y a l'enjeu essentiel peut-être, c'est de donner du sens à la politique, de faire apparaître le clivage essentiel entre la gauche et la droite et de lutter contre les tentations extrémistes.

Par rapport à ces enjeux, j'ai voulu, au lendemain de notre défaite, qu'un débat approfondi, large, militant, soit organisé.

Nos adhérents en ont été ces derniers mois les acteurs principaux.

Il y a, en effet, une responsabilité collective et individuelle des socialistes.

Certes, nous en avons parlé, le Congrès va sans doute se tenir dans un contexte particulier, exceptionnel. Mais loin de réduire la portée de nos débats, ce contexte en rehausse les enjeux.

Je pense que les questions qui sont posées par la situation internationale, par la gravité des questions économiques et sociales et par la dispersion de la gauche, aujourd'hui, obligent les socialistes a être à la hauteur des circonstances.

Le premier défi à relever, celui né de la crise irakienne, révèle la nécessité de l'organisation du monde fondée sur le droit, les institutions internationales et aussi sur une régulation économique.

Il pose, c'est vrai, à l'Union européenne les questions essentielles sur sa construction politique, sur son modèle social, sur son système de défense, sur le rapport avec les États-Unis.

Je le pense depuis longtemps, les questions internationales et européennes sont devenus le cœur de notre projet politique et il y a plus de différence entre la politique extérieure et la politique intérieure, c'est la politique.

Le deuxième défi, c'est la dégradation de la situation économique et sociale et notamment le retour du chômage, le retour du social dont la droite porte, par sa politique, pour l’essentiel la responsabilité.

Cette aggravation des difficultés économiques crée une situation d'urgence pour le Parti socialiste et pour la gauche. Un plan de rigueur est en place depuis déjà plusieurs semaines (des annulations de crédits), un plan d'austérité se prépare sur la sécurité sociale, des acquis sociaux fondamentaux vont être sans doute remis en cause les fonctionnaires sont devenus la cible de toutes les politiques du Gouvernement.
Nous devons donc être utiles en ce moment dans la préparation du Congrès à ceux qui ont besoin de la gauche pour contester une politique de désordre économique et d'insécurité sociale. Je pourrais même ajouter une politique de désordre tout court.

Qu'aurait-on dit par rapport à ce qui s'est passé à la prison de Borgo et à ce qui s’est passé quelques jours après à Fresnes ? Qu’aurait-on dit si la gauche était aux responsabilités ? Qu'auraient dit aujourd'hui ceux qui gouvernent la France et qui sont aussi responsables de cette situation ? Qu'auraient-ils demandé ? La démission des ministres. Qu’auraient-ils exigé, si ce n'est là encore le rappel à l'ordre ? Qu’auraient-ils contesté ? Les manquements à la République et à l'autorité de l'État.

Oui, chers amis, chers camarades, dans ce moment il faut une gauche offensive.

L'état de cette gauche - et chacun ici a à l'esprit la situation des Verts ou du Parti communiste - conjugué à la volonté de la droite, y compris par une réforme du mode de scrutin, d'assurer son hégémonie politique, nous crée, là aussi, une responsabilité majeure.
Il faut un PS fort, capable de mettre la gauche sur le chemin de l'unité et d'être une alternative à la droite.

Voilà les enjeux du Congrès. Voilà pourquoi il doit être réussi.

J'ai proposé trois grandes orientations, trois grands objectifs :
ClarifierRenouvelerRassembler.

Clarifier la ligne, une ligne de gauche, donnant priorité, au plein emploi, au bon emploi, donnant priorité à la lutte contre les inégalités, notamment à travers un projet éducatif, notamment par rapport à un projet de solidarité et de service public. Une ligne de gauche donnant priorité à la citoyenneté et portant la lutte contre toutes les discriminations comme une grande cause citoyenne.

J'ai dit que cette ligne de gauche devait être aussi crédible, respectueuse des faits, refusant l'incantation et inscrite dans une démarche de réforme.

Cette ligne est européenne, avec à la fois la volonté d'aller plus loin, oui, par une Europe fédérale, mais une Europe également sociale et défendant un système de valeurs.

Cette ligne, elle est internationaliste, parce qu’on le sait bien aujourd'hui comme on le savait hier, l'identité des socialistes, c'est d'être internationalistes par rapport à la mondialisation.

J'ai aussi proposé une profonde rénovation de notre partie, avec la démocratie des militants, avec l’introduction d'un référendum militant à travers une conférence nationale militante qui se réunirait chaque année et pourrait à la fois vérifier le respect de nos engagements mais aussi définir les positions des socialistes à chaque grande étape de notre développement.
J'ai souhaité que les Premiers secrétaires fédéraux soient davantage associés à nos propres décisions et à leur organe de responsabilité.
J'ai demandé qu'il y ait sur nos listes, à la fois dans ce renouvellement de nos instances, mais aussi dans la préparation des régionales et des européennes, une meilleure représentation de toute la société. Cela ne doit pas être une incantation de Congrès, cela doit se traduire par des engagements précis. Il y va là de l'honneur des socialistes.

Pour peut-être faciliter ce processus, j'ai proposé qu'on renouvelle par tiers à la fois nos instances et également nos listes.

Rénovation doit aller également de pair avec un lien nouveau avec les acteurs sociaux et il faut sans doute proposer une charte de la transformation sociale de façon que syndicats, partenaires, associations, soient liés à nous dans le respect, bien sûr, de leur indépendance.

J'ai enfin souhaité le rassemblement des socialistes pour rassembler toute la gauche.

Le rassemblement des socialistes, il a commencé dans le débat militant, car il y a eu de grandes convergences qui ont été exprimées à travers l'ensemble des forums que nous avons tenus.

Le rassemblement des socialistes, il est possible à travers le débat des contributions et j'ai montré que nous pouvions reprendre un certain nombre d'amendements, de propositions qui avaient été avancés par beaucoup, notamment sur le meilleur financement de la protection sociale, les 35 heures, les services publics et l'Europe sociale.

Je me suis aussi inspiré de la qualité des contributions des thématiques, de toutes les contributions thématiques.

Je n’en ferai pas ici le détail. Il y a des contributions thématiques qui nous ont rappelé un certain nombre d’urgences sur l’écologie, sur le développement durable, sur la relation avec les pays du Sud, et aussi des contributions thématiques qui sont venues précisément des jeunes de l’immigration et qui nous ont demandé de faire en sorte qu’ils soient correctement représentés dans nos instances. Il faut y donner droit.

De la même manière, j’ai entendu aussi les camarades de l’Outre-Mer souhaiter une relation différente avec le Parti, c’est également une exigence.

Le rassemblement peut se poursuivre, doit se poursuivre et je le souhaite aussi large que possible, parce que mon seul projet c’est de réussir le Congrès. Je propose donc un programme d’action pour le parti, une ligne de gauche crédible fondée sur la notion d’engagement pour les trois ans qui viennent.

Les engagements que nous prenons devront être respectés, la ligne que nous avançons devra être tenue, nous en ferons régulièrement la vérification, réussir le congrès pour moi c’est aussi doter le Parti socialiste d’une majorité solide, d’une direction solidaire, le Congrès doit être celui de la clarté et celui de l’action, je ne souhaite pas un congrès de la confusion et encore moins de la division.

Réussir notre Congrès c’est dire aux militants, dès à présent, ce que nous voulons comme stratégie, comme ligne, comme direction du Parti. Réussir notre Congrès enfin, et j’en termine, c’est s’adresser aux Français et à la gauche. Bien sûr c’est le congrès des Socialistes, bien sûr nous avons d’abord un débat entre nous mais nous nous adressons au-delà des socialistes, beaucoup à gauche attendent un signal de nous, ce signal doit venir de Dijon. Nous devons envoyer à ceux qui ont eu la douleur comme nous de l’échec, qui attendent l’offensive contre la Droite, et qui veulent également préparer l’alternative, oui, nous devons leur donner à Dijon l’image de la réussite et surtout l’espoir.

Merci.


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