Lancement de la campagne pour le OUI
Une campagne pour un Oui franc, clair et socialiste

François Hollande
Conférence de presse de François Hollande, Premier secrétaire du Parti socialiste (lundi 14 février 2005)
 
Nous lançons aujourd’hui notre campagne pour la ratification du Traité constitutionnel pour le Oui. Nous le faisons en présence de Martin Schultz, le président du groupe su PSE, c’est à dire en présence de tous les socialistes car tous les partis socialistes européens ont décidé d’approuver le Traité constitutionnel européen. Aucun d’entre eux n’a pris une position différente.

A partir de là, la campagne des socialistes français doit être une campagne pour un oui franc, clair et socialiste. Un oui franc, parce que c’est par rapport au traité, à ce qu’il contient, aux avancées, aux progrès dans la construction européenne qu’il permet, que les Français et les Françaises auront à se prononcer.

C’est d’abord sur les éléments d’un texte qui doit être connu de tous et qui donne à l’Europe des moyens supplémentaires pour agir, des moyens pour le progrès social, des moyens pour l’affirmation d’un politique européenne à l’échelle du monde.

Notre Oui est franc et il se situe par rapport au seul enjeu, est-ce qu’il y aura demain pour l’Europe un traité constitutionnel, ou il n’y en aura pas. S’il n’y en a pas parce que les français ne l’aurait pas voulu, ou bien d’autre pays ne l’auraient pas consenti, alors nous aurons une Europe réduite au Traité de Nice, une Europe en panne, une Europe en crise à partir de laquelle rien ne sera possible pour l’avenir.

Notre Oui doit être clair et nous ne faisons aucune confusion, confusion dans les enjeux, ou confusion dans les moments. Pour nous le seul sujet de la consultation référendaire, c’est le Traité constitutionnel, et en aucune manière la Turquie ou tel ou tel pays candidat à l’Union européenne.
Nous ne faisons pas non plus une confusion de moment. Il y a un grand mécontentement dans le pays. Nous sommes nous–même, chaque fois, porteur d’une exigence de changement.

Aujourd’hui encore par rapport à la question de l’école. Il y a de grandes frustrations dans la société française après près de 3 ans de politique gouvernementale. Il y a de la colère dans les catégories sociales, fonctionnaires, professionnels de santé, cheminots, postiers, salariés du privé qui voit les 35 heures remises en cause. Tout cela est incontestable, tout cela doit se faire entendre et c’est le rôle du Parti socialiste de mener une opposition forte, ferme et en même temps crédible. Mais le referendum qui vient ne porte pas sur la politique gouvernementale. Le referendum ne porte que sur le traité constitutionnel et l’heure de l’alternance ne vient pas en 2005 hélas. L’heure de l’alternance viendra en 2007. Et c’est notre responsabilisation de préparer le changement espéré.

Il n’y a pas de confusion non plus par rapport à la politique européenne ou à la politique de la Commission européenne car cette politique est le fruit des choix qui ont été fait par les peuples européens à travers leur gouvernement et même à travers les élections au Parlement européen. C’est un fait la gauche n’est pas majoritaire en Europe. Mais faudrait-il pour cela sanctionner l’Europe. Non. Il faut préparer là ou nous le pouvons les alternances souhaitables. Une vient au Portugal. Une autre se prépare en Italie et nous devons espérer une Europe orientée différemment mais ce n’est pas, là encore, la consultation sur le Traité qui en décidera.

On peut se plaindre de tel ou tel projet de directive, on peut même souhaiter le retrait d’une directive, je pense à celle dite Bolkestein ou celle sur le temps de travail. Mais le sort de ces directives ne dépend pas de la consultation sur le Traité. On peut même dire que son adoption permettrait d’écarter ces directives, notamment celle élaborée par Monsieur Bolkestein, car la directive sur les services publics pourrait voir le jour si le traité était adopté. Il y a donc un paradoxe à vouloir faire peur à travers telle ou telle politique européenne car c’est la Commission européenne qui nous offre les garanties pour demain.

Un Oui franc, clair, socialiste, parce que les socialistes français en ont décidé ainsi.

Nous avons fait une consultation dans la liberté, la transparence et la responsabilité. Le vote a été massif, 83 % de participation, jamais dans l’histoire d’un vote au Parti socialiste nous n’avions atteint ce niveau d’engagement de la part des militants. Le vote a été significatif à travers un choix adopté par 59 % pour le Oui. Dans une organisation démocratique comme le Parti socialiste, il ne peut y avoir qu’une réponse car si il y en avait deux cela serait étrange. Il faut faire campagne pour l’idée qui nous rassemble. C’est le traité qui nous rassemble aujourd’hui.

Ce sera donc un Oui, socialiste, européen et nous ferons campagne avec nos amis européens en nous rendant dans les pays où il y a une consultation référendaire. Je me rendrai en Espagne vendredi 18 février au côté de Monsieur Zapatero, à mon tour. D’autres socialistes iront dans d’autres pays pour défendre le Oui socialiste partout où il y a interpellation du peuple.

Nous devons faire une campagne fondée sur le respect. Respect des textes, respect des positions de chacun, respect de l’enjeu, respect aussi des conséquences du vote. Un vote « Oui » créera une dynamique européenne, un vote « Non », créera une crise dont personne ne connaît le dénouement. Ce débat nous l’avons tellement eu en interne nous n’aurons donc pas de mal a le porter devant les français. Nous mènerons une campagne d’information, d’explication et de conviction.

La responsabilité des socialistes est grande. Elle l’a été au moment de faire le choix du Oui au sein de notre parti, mais notre responsabilité est encore plus grande car il appartient aux socialistes français de faire en sorte que nos concitoyens puissent se convaincre eux–mêmes de la nécessité d’adopter ce traité.

Quand je vois la situation à droite, quand je vois les hésitations, les confusions et les jeux personnels, je me dis avec les socialistes que c’est nous qui devrons être à l‘initiative. C’est nous qui devrons être convaincants. C’est nous qui devrons expliquer que pour préparer un avenir meilleur il faut sans doute sanctionner ce gouvernement, mais ce moment viendra en 2007.

D’ici là il faut avoir une Europe en marche pour le progrès, car il ne peut pas y avoir une France qui aspire à des changements profonds dans une Europe qui ne serait pas prête à accepter ces changements.


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]